jeudi, novembre 21, 2024
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Editorial : Au nom du père, du fils et de l’oncle

Il y a quelques semaines, à l’occasion de la délivrance de son passeport, ouvrant ipso-facto la route d’un retour en Côte d’Ivoire, après dix années d’un exil prisonnier à la CPI de la Haye, Charles Blé Goudé avait défrayé la chronique. Lui, l’ancien compagnon de lutte et de prison de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, avait surpris en déclarant : « Si laurent Gbagbo est mon père ; et qu’il appelle Alassane Ouattara son frère, donc le président Ouattara est mon oncle. » Une déclaration de l’ex-leader des Jeunes patriotes, qui, sans sourciller, prenait un raccourci que bien des Ivoiriens ont eu du mal à comprendre, encore moins à accepter.

Blé Goudé a-t-il vendu son âme à Ouattara, se venge-t-il de Gbagbo qui, dès sa libération, n’avait fait aucun cas de lui ? Toujours est-il que le temps des salamalecs semble bien révolu entre le père et le fils, au profit de l’oncle qui, lui, détient les rênes du pouvoir. De son ancien mentor socialiste il aura retenu cette phrase : « En politique, il n’y a pas d’amis, il n’y a que des intérêts ». Même si pour bon nombre d’Ivoiriens Blé Goudé semble avoir trahi Laurent Gbagbo, il est à se demander si ce dernier n’y a pas une part de responsabilité.

Le retour en Côte d’Ivoire de l’ancien leader du Front populaire ivoirien (FPI) -qu’ il a d’ailleurs abandonné pour créer un autre parti, retour tumultueux entre tiraillement au milieu de ses deux « épouses », la lutte pour conserver son parti sur lequel avait fait main-basse son ancien Premier ministre Pascal Affi-N’Guessan, la lutte pour percevoir ses indemnités d’ancien président ainsi que son dédommagement des 10 ans de prison, lui avait fait oublier, volontairement ou pas, celui qu’on surnommait encore récemment à Abidjan « son bon petit ». On se souvient de ses premières prises de parole où Blé Goudé était ignoré. Ce que « le Général de la rue » a vécu comme une trahison.

Désormais, Charles Blé Goudé a décidé de voler de ses propres ailes. Puisque tous les politiciens ivoiriens semblent avoir fait allégeance à Ouattara, certains à leurs corps défendant, d’autres pour leur ventre, pourquoi lui devrait rester en marge de cette « mangécratie » à l’Ivoirienne ? Et c’est qui le meilleur dans cette scène digne d’un vaudeville, l’oncle, qui avait juré de vider son opposition de sa moelle. On aime ou on n’aime pas, mais on ne peut dire que « bravo tonton » !

Malick Daho, paru dans le Diasporas-News n°137 Juillet-Août 2022

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