Il a l’allure d’un basketteur, est Ivoiro-Canadien, entouré de ses proches collaborateurs dans son bureau spacieux situé dans le quartier résidentiel de Cocody, Ange Kacou Diagou parle du digital avec passion. Fils du célèbre assureur Jean Kacou Diagou, patron de NSIA, il a opté pour le digital (contrairement à ses deux sœurs qui gèrent la banque-assurance NSIA) et se définit comme un homme qui n’a peur de rien. Après des études universitaires réussies au Maroc puis au Québec (Canada), sa première expérience professionnelle remonte à 2004 au sein du groupe ETISALAT au Bénin puis chez TEYLIOM au Sénégal. Après avoir participé au lancement de MOOV Côte d’Ivoire, Ange Kacou Diagou (43 ans) s’était consacré depuis 2009 au département des projets puis à la direction des systèmes d’informations du puissant groupe NSIA. Il a décidé en 2016 de prendre son envol et dirige de main de maître New Digital Africa (NDA). Une structure opérant dans les télécoms, la gestion de datacenter, les services liés au cloud et le conseil en transformation digitale et qui est en train de conquérir l’Afrique de l’Ouest et centrale.
Diasporas-News : New Digital Africa, c’est le groupe basé à Abidjan qui s’impose en matière de digital et qui ne cesse de grandir. Qu’est-ce qui fait votre force?
Ange Kacou Diagou : New Digital Africa, c’est une quinzaine de sociétés sur quatre pays (Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Bénin…), c’est quatre opérateurs télécoms dans les quatre pays qui ont tous leurs licences, c’est trois data centers (deux en opérations, un en hébergement), c’est six intégrateurs de solutions. C’est deux fintechs. Nous comptons bientôt en avoir une vingtaine de sociétés. En 2022, c’est 8 milliards de francs CFA de chiffre d’affaires sans conquête commerciale. En 2021, nous étions autour de 6 milliards de francs CFA. (Il réfléchit) Nous comptons couvrir toute la zone de l’Union économique et monétaire Ouest-africaine (UEMOA) et la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC). Nous avons une dizaine de sociétés à créer. Nous sommes focus sur des investissements dans le domaine technologique et digital.
D-N : Pensez-vous que le digital représente l’avenir?
A.K.D : Aucun métier n’échappera au digital et aucune personne n’échappera au digital.
D-N : Que voulez-vous dire?
A.K.D : En 2016, dans le top 10 des plus grandes capitalisations dans les sociétés, il n’y avait qu’une ou deux sociétés du digital. Pas plus. Aujourd’hui, dans ce même top 10, vous avez six ou sept sociétés présentes. Le reste, on les retrouve dans le pétrole ou l’industrie pharmaceutique… C’est pour vous dire que le digital est le business dans lequel il faut investir. Comme disait le président Jean Kacou Diagou, mon père, « Moi, j’ai raté les télécoms. Il ne faudrait pas qu’on rate le digital ». L’autre élément est que l’Afrique est le marché où il y a tout à faire. Tous les groupes internationaux travaillent depuis une dizaine d’années sur leurs stratégies pour rentrer en Afrique. C’est donc pour nous une belle opportunité d’être dans le bon timing, dans la bonne zone, pour développer le digital.
D-N : New Digital Africa s’impose déjà en Afrique de l’Ouest. Comment expliquez-vous votre dynamisme et jusqu’où comptez-vous aller?
A.K.D : Etant tous jeunes dans notre groupe, nous avons un peu d’énergies pour être dynamiques (rires). Après, nous sommes sur un marché qui est dynamique où rapidement nous devenons obsolètes. Nous avons donc cette habitude d’être toujours à la pointe des dernières technologies. C’est un marché qui va très vite. Celui qui n’est pas dynamique dans notre milieu peut aller faire de l’hévéa où il faut sept années pour que la production démarre et où il n’y a pas beaucoup de changements. Jusqu’où nous voulons aller… D’ici cinq à dix ans, s’imposer dans l’UEMOA et la CEMAC, ce serait déjà pas mal.
D-N : Ange Kacou Diagou, c’est le fils de Jean Kacou Diagou (Homme d’affaires et fondateur du premier groupe ivoirien de banque-assurance NSIA). C’est donc le fils du père. Cela ne vous ouvre-t-il pas des portes?
A.K.D : Il y a avantages et inconvénients. Au niveau des avantages, nous avons quelques réseaux. Nous connaissons des personnes et nous avons l’occasion de bénéficier des conseils de monsieur Jean Kacou Diagou qui nous aiguillonne. Sans être dans notre capital, nous nous référons souvent à lui afin d’avoir un avis extérieur par rapport à certaines décisions. Ce sont les principaux avantages.
D-N : Inconvénients?
A.K.D : Forcément, beaucoup de personnes pendaient que le groupe NSIA était derrière New Digital Africa. Nous avons donc dû communiquer encore au mois de septembre 2021 afin de préciser que New Digital Africa n’est plus dans le groupe NSIA. Et puis, toujours en termes d’inconvénients, celui qui n’aime pas la famille Diagou peut refuser de s’associer à nous.
D-N : Au plan personnel, quels sont les qualités que votre père Jean Kacou Diagou vous trouve?
A.K.D : Faudra lui demander (rires). Il sait que je suis un homme de missions. Aucune mission ne m’effraie même si je n’ai pas les compétences pour les relever. Je vous laisse l’opportunité de lui poser cette question.
D-N : Concrètement, que proposez-vous à un client qui se présente aux portes de New Digital Africa?
A.K.D : J’ai envie de dire qu’il trouvera toutes les solutions à ses problèmes dans le groupe New Digital Africa.
D-N : N’est-ce pas prétentieux de votre part?
A.K.D : Pas du tout. C’est pour cela que nous avons autant de sociétés. Chaque société est dédiée à chacun des métiers. Nous avons déjà vécu sous NSIA Technologies, le fait d’avoir tous ces métiers. Ce n’est pas évident pour un commercial d’avoir tous ces métiers dans sa tête et vendre facilement. Il lui sera difficile de faire toutes les démarches commerciales liées à tous les métiers. Je le répète, chez nous, le client pourra trouver ce qu’il lui faut. Nous proposons des solutions sur mesures. C’est notre démarche. Le client trouvera de la connectivité aussi, les fournisseurs d’accès internet par exemples sont proposés. Il trouvera aussi de l’hébergement dans un lieu sécurisé. Il trouvera une entité qui lui offrira des services clos, des entités de cybersécurité, des entités qui lui installeront les logiciels dont il aura besoin, il pourra enfin trouver aussi des solutions sur internet qui téléchargent des services digitaux. Nous savons aussi travailler avec des partenaires.
D-N : Comment comptez-vous accélérer la transformation numérique en Afrique?
A.K.D : Les paiements mobiles ont commencé en Afrique. C’est maintenant que l’Europe l’adopte. Sur certains points, les Africains sont en avance sur le reste du monde. J’ai envie de dire que chacun doit jouer son rôle, surtout les gouvernements. À New Digital Africa, nous avons pour l’instant un focus B to B. Aucune entreprise ne peut se passer du digital pour au moins améliorer sa gestion. Le marché du digital est énorme, il est sans fin. Après, au niveau des populations, les gouvernements doivent fournir des solutions adaptées aux réalités du terrain.
D-N : Jusque-là, existe-t-il des difficultés auxquelles vous êtes confrontés dans votre métier?
A.K.D : Au quotidien, principalement, c’est gérer les hommes. Nous avons un métier où l’homme est au centre de tout. Gérer les hommes, les accompagner, les faire grandir, les coacher… Etre toujours à la pointe des nouvelles technologies, les adopter, les tester, les mettre en marché rapidement. Il faut donc un dynamisme. Là, nous travaillons sur les challenges de la levée de fonds pour booster et accélérer le développement du groupe. Plus que des difficultés, ce sont des challenges.
D-N : Nous sommes au premier trimestre de l’année…Que prévoyez-vous à NDA tout au log de l’année 2022?
A.K.D : Certifier nos services aux standards internationaux. C’est l’objectif principal. Certains de nos services sont déjà certifiés mais nous voulons voir l’ensemble de nos services certifiés. Ensuite, moderniser certaines infrastructures et attirer les talents, les fidéliser, les faire grandir. Enfin, donner les moyens à tout le monde d’accélérer la croissance de notre business.
Guy-Florentin Yameogo, paru dans le Diasporas-News n°135 de Mai 2022