Le vice-président et sept autres responsables du parti SPLM-IO du vice-président du Soudan du Sud, Riek Machar, ont annoncé jeudi leur démission pour rejoindre un groupe dissident, fragilisant la position de cet acteur-clé de la stabilité du pays.
Rebelle historique, Riek Machar est le principal opposant au président Salva Kiir, avec qui il s’est livré entre 2013 et 2018 à une sanglante guerre civile qui a fait près de 400.000 morts et des millions de déplacés. Selon un accord de paix, les deux hommes participent au pouvoir dans un gouvernement d’union nationale.
Mais le 4 août, plusieurs rivaux ont annoncé dans un communiqué la destitution de Machar de ses fonctions à la tête du parti SPLM-IO et de son appareil militaire (le SPLA-IO).
Ce communiqué affirmait que Machar avait « totalement échoué » à représenter leurs intérêts et proclamait Simon Gatwech, un des leaders du SPLA-IO, dirigeant par interim du mouvement.
Les partisans de M. Machar ont démenti cette annonce vendredi dernier, dénonçant un « putsch raté ». Le lendemain, des affrontements armés entre combattants des deux camps ont fait au moins 32 morts dans l’état du Haut-Nil (nord).
Jeudi, Henry Odwar, vice-président du mouvement et ministre des Mines, a annoncé sa démission du SPLM-IO, en compagnie de sept autres dirigeants, après avoir dit qu’il quittait le gouvernement mercredi soir.
« Nous (…) donnons nos bénédictions à la direction par interim du lieutenant-général Simon Gatwech Dual et de son équipe », déclarent M. Odwar et les autres démissionnaires dans un document consulté par l’AFP.
Le texte accuse Machar de gérer « tout seul » le parti, en tenant à l’écart ses instances dirigeantes. Ces démissions sont destinées à « guider le mouvement et tracer une voie plus démocratique et centrée sur le peuple », ajoute-t-il.
Après des années de collaboration, les relations entre Odwar et Machar s’étaient quelque peu distendues ces derniers temps. Ce départ affaiblira le soutien à Machar dans la région de l’Equatoria (sud), fief de son ancien adjoint.
Ces tensions au sein du principal mouvement d’opposition suscitent une vive inquiétude alors que, dix ans après son indépendance, le Soudan du Sud est dans une situation plus fragile que jamais. Le gouvernement repose sur un équilibre politique précaire, les violences intercommunautaires explosent et une large partie de la population est confrontée à la faim.
L’Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad), qui regroupe sept pays de l’Est africain, a averti cette semaine qu’un éclatement du mouvement « dépasse une crise intra-parti et a des implications immédiates et à long terme importantes » pour la plus jeune nation du monde.