vendredi, décembre 6, 2024
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Côte d’Ivoire : Guillaume Soro jugé par contumace pour « complot »

Le procès pour « complot » de l’ex-chef rebelle et ancien Premier ministre ivoirien Guillaume Soro et d’une vingtaine de ses partisans s’est ouvert mercredi à Abidjan, en l’absence du principal accusé qui vit en exil à l’étranger depuis deux ans.

Selon l’accusation, l’ex-président de l’Assemblée nationale (2012-19) aurait fomenté avec ses partisans une « insurrection civile et militaire » visant à renverser le pouvoir lors de son retour – finalement avorté – en Côte d’Ivoire en décembre 2019, dix mois avant l’élection présidentielle.

L’audience s’est ouverte vers 14H00 (locales et GMT), avec une heure de retard en raison d’une bousculade, des dizaines de personnes n’ayant pu pénétrer dans la salle d’audience trop petite. Le dispositif de sécurité autour du palais de justice n’a été que légèrement renforcé par rapport à d’habitude, signe que le pouvoir ne semble pas craindre de débordement.

Guillaume Soro, 49 ans, est accusé de « complot », de « tentative d’atteinte contre l’autorité de l’Etat » ainsi que de « diffusion et publication de nouvelles fausses jetant le discrédit sur les institutions et leur fonctionnement, ayant entraîné une atteinte au moral des populations », selon l’ordonnance de renvoi devant le tribunal criminel d’Abidjan (équivalent de la cour d’assises).

Dix-neuf de ses partisans sont poursuivis pour les mêmes chefs, dont deux de ses frères et l’ancien ministre et député Alain Lobognon considéré comme son bras droit, emprisonnés depuis un an et demi. Son avocate et ancienne ministre Affoussy Bamba, en exil, est également poursuivie.

Les accusés, qui ont réfuté toutes les charges, encourent la prison à vie.

Le collectif d’avocats qui défend M. Soro a dénoncé dans un communiqué mardi un « simulacre de procès » et « un règlement de compte politique visant à écarter M. Guillaume Soro et les cadres de son mouvement des affaires publiques du pays ».

– marginalisation –

Alors que la Côte d’Ivoire, qui a connu une élection présidentielle tendue l’an dernier, traverse une période de détente politique depuis plusieurs mois, avec des discussions entre le pouvoir et les deux principaux partis d’opposition et des libérations d’opposants, Guillaume Soro et les partisans qui lui restent sont toujours dans le collimateur et semblent marginalisés.

« Pour lui ce sera la prison à perpétuité », avait déclaré en octobre 2020 le président Alassane Ouattara au sujet de son ancien allié.

Chef de la rébellion qui contrôlait la moitié Nord de la Côte d’Ivoire dans les années 2000, Guillaume Soro avait aidé militairement Alassane Ouattara à accéder au pouvoir lors de la crise post-électorale de 2010-11 face au président sortant Laurent Gbagbo qui refusait d’admettre sa défaite dans les urnes.

Après la victoire, M. Soro était devenu le premier chef du gouvernement de M. Ouattara, puis avait été nommé au perchoir de l’Assemblée.

Mais les deux hommes se sont éloignés peu à peu, puis brouillés jusqu’à la rupture consommée début 2019, en raison, selon les analystes politiques, des ambitions présidentielles de M. Soro.

En avril 2020, M. Soro a été condamné à 20 ans de prison pour recel de détournement de deniers publics, pour avoir tenté selon la justice de s’approprier une résidence achetée par l’Etat pour le loger lorsqu’il était Premier ministre. Cette condamnation avait justifié l’invalidation quelques mois plus tard de sa candidature à la présidentielle, alors qu’il était vu comme un challenger sérieux.

Après la réélection d’Alassane Ouattara pour un troisième mandat, jugé inconstitutionnel par l’opposition qui avait boycotté le scrutin, et alors que les violences électorales avaient fait une centaine de morts, Guillaume Soro avait appelé l’armée ivoirienne à l’insurrection, dans une intervention sur les réseaux sociaux depuis l’étranger. Un appel qui n’avait eu aucun écho.

Son parti Générations et peuples solidaires (GPS) n’a ensuite pas participé aux élections législatives de mars dernier, contrairement aux deux grands partis d’opposition, le PDCI de l’ex-président Henri Konan Bédié et le FPI de Laurent Gbagbo, qui s’étaient alliés et engagés dans une démarche de détente avec le pouvoir, laissant de côté Guillaume Soro et ses partisans.

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