Symbolique et forte que cette image d’une cinquantaine de chefs d’État et de gouvernement avançant, tous ensemble sauf les deux superpuissances du XXème siècle, vers l’Arc de Triomphe. Lieu où repose le soldat inconnu, symbole de toutes les victimes de Première Guerre Mondiale. La Grande ? Certainement pas, par le nombre de morts ! Excusez de cette statistique macabre entre les deux conflits mondiaux : entre 8,5 à 10 millions de morts pour la Première et plus de 60 millions de morts 25 ans plus tard. Grande, sans doute, par le nombre de pays impliqués.
Le théâtre des opérations fut l’Europe mais les empires coloniaux ont réquisitionné des hommes : Américains, Australiens, Néozélandais, Indiens et … L’Afrique a payé son tribut avec quelques 45.000 soldats tombés sur le front sur plus 350.000 mobilisés. La zone Pacifique n’a pas été épargnée ; le Japon a très opportunément choisi son camp – l’Entente contre les allemands -. Mais c’était pour mieux asseoir son impérialisme sur ses voisins Chinois et Coréens.
Symbolique aussi, l’arrivée en ordre dispersée des chefs d’État des deux superpuissances issues de la 2nde Guerre Mondiale : Donald Trump pour les États-Unis et Vladimir Poutine pour la Russie. Elle est la parfaite illustration du monde multipolaire de la veille du début du XXème siècle c’est-à-dire paisible en apparence mais avec des sentiments refoulés. La Société Des Nations (SDN), censée apaiser les contentieux, a été dévoyée dans cette entreprise. Tout au contraire, elle portait déjà les germes des conflits futurs et d’aujourd’hui : la 2nde Guerre Mondiale, le règlement du statut de la Palestine et de la Mésopotamie à la suite du démantèlement de l’empire Ottoman, la décolonisation tardive du continent africain.
Symbolique enfin, le télescopage de ces deux mondes consubstantiel des deux conflits mondiaux lors de la cérémonie de commémoration du centenaire : bipolaire hérité de 1939-45 et le multipolaire actuel. Une image qui foulait aux pieds le discours du président de la République française Emmanuel Macron, puissance invitante, qui appela de ses vœux « à marcher ensemble pour pacifier le monde ! ». Le Secrétaire Général de l’ONU, António Guterres le clame haut et fort : « sans mécanisme de régulation pour une gouvernance globale, aucun espoir de paix ! ». En effet, sans le système des Nations-Unies que serions-nous devenus aujourd’hui ? Les casques bleus sont encore actuellement déployés dans 14 zones de conflits. L’OMS, l’OMC, le HCR… n’ont pas failli à leur mission mais cette copropriété de 194 États a véritablement besoin d’un sérieux lifting. Pourquoi le continent africain n’a toujours pas son siège permanent au sein du Conseil de Sécurité, sans vouloir remettre en cause l’immuabilité du droit de veto des cinq grandes puissances ? Et le monde a également évolué. Outre la gouvernance globale, la paix, le développement, le Droit de l’Homme ; le changement climatique et le phénomène migratoire sont les deux nouveaux défis à l’orée du XXIème siècle. Or, force est de constater que le monde où nous vivons est maintenant fragmenté avec l’émergence de puissances régionales telles la Chine, les pétromonarchies, la Turquie, l’Inde… Et leur influence est de plus en plus croissante ; sans oublier cette révolution numérique qui est entrain d’abattre toutes les frontières physiques.
Concomitamment à la commémoration de la fin de la 1ère Guerre Mondiale, la France a tenu à organiser la première édition du Forum de Paris sur la Paix avec plus 105 invités – pays, institutions – incluant les nouveaux acteurs tels que la société civile. Créer une plateforme mondiale pour des projets de gouvernance ; tel est l’objectif de cette grande réunion. L’initiative française est somme toute louable mais le 11 novembre reste un moment symbolique, un souvenir commun en mémoire de ceux ont sacrifié leur vie pour une noble cause : la paix ! Pourquoi ouvrir encore un nouveau front. Des institutions multilatérales existent déjà et aujourd’hui nos chefs d’État ne cessent de courir de Sommet en Sommet. D’ici la fin de l’année, ils se retrouveront une fois de plus à Buenos-Aires (Argentine) pour le G20 ; ensuite à Katowice (Pologne) pour la COP 24.
Depuis quand la guerre existe-elle ? Dès lors que l’homme, dans les temps immémoriaux, s’est constitué en société et qu’il a su fabriquer des objets destinés à la chasse. Ensuite, les rivalités se sont exacerbées et il a vite compris qu’il peut exercer une pression – pour dominer l’autre – par la violence organisée en détournant les objets dédiés à la chasse pour les transformer en arme. António Guterres a publié une tribune, en 2017 sur la paix et l’aspiration de gens. Que souhaitons-nous pour l’avenir de nos enfants ? La sécurité, la paix pour élever leurs enfants et leur donner une éducation et une perspective d’avenir.
Alex ZAKA
Parus dans le Diasporas-News n°101 Novembre 2018