vendredi, mars 29, 2024
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Rwanda: Kigali triomphant, l'opposition en berne après l'expertise française

Rwanda: Kigali triomphant, l'opposition en berne après l'expertise française
Le gouvernement rwandais jubilait mercredi et l’opposition s’efforçait de cacher sa déception, au lendemain d’un rapport français favorable à l’entourage du président Kagame dans l’attentat qui a déclenché le génocide de 1994, un sujet toujours d’actualité politique au Rwanda près de dix huit ans après les faits. Kigali s’est immédiatement félicité de ce que le rapport « rendait justice à (sa) position soutenue depuis longtemps » sur la responsabilité de l’attentat contre le président de l’époque, le Hutu Juvenal Habyarimana, élément déclencheur d’un génocide qui allait faire 800.000 morts selon l’Onu, pour l’essentiel dans la minorité tutsi.
Les experts mandatés par deux juges d’instruction français ont estimé que les missiles qui avaient abattu l’avion présidentiel le 6 avril 1994 avaient été tirés depuis le camp de Kanombe tenu par les forces régulières rwandaises.
Ces conclusions prennent le contrepied de la thèse de Jean-Louis Bruguière, premier juge en charge de cette enquête ouverte à Paris du fait de la présence d’un équipage français dans l’avion.
 

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M. Bruguière avait provoqué une rupture des relations diplomatiques entre Paris et Kigali en émettant en 2006 des mandats d’arrêt contre neuf proches de Paul Kagame, anciens compagnons d’armes du chef de la rébellion du Front patriotique rwandais.
Le FPR a pris le pouvoir en juillet 1994 après avoir chassé le régime extrémiste hutu responsable du génocide, et M. Kagame dirige depuis le pays d’une main de fer, élu en 2003 puis en 2010 sans réelle opposition face à lui.
Le régime rwandais a toujours rejeté avec virulence l’idée, impliquée par M. Bruguière, que la guérilla du FPR ait pu, même indirectement, provoquer le génocide de la minorité tutsi dont elle était issue en assassinant Habyarimana, avec lequel elle tentait alors de négocier.
« Il est clair pour tous désormais que l’attentat contre l’avion était un coup d’Etat mené par des extrémistes hutu et leurs conseillers », a réagi la ministre des Affaires étrangères Louise Mushikiwabo.
La querelle historique est tout sauf académique, et elle nourrit les accusations que se jettent mutuellement le régime de Kigali et l’opposition non officiellement enregistrée ou en exil.
— Des accusations croisées —
Cette opposition est essentiellement constituée de deux formations, le Congrès national rwandais (CNR), animé par d’anciens compagnons d’armes du président Paul Kagame, et les Forces démocratiques unifiées (FDU).

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Cette dernière formation est dirigée par Victoire Ingabire, une responsable politique hutu actuellement jugée à Kigali notamment pour complicité de terrorisme et accusée de liens avec les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), impliquées dans le génocide de 1994.
Le CNR et les FDU ont assuré toujours croire en la responsabilité du FPR dans l’attentat d’avril 1994.
« Considérant le niveau d’infiltrations et de déploiements par la rébellion d’agents secrets dans la ville de Kigali et ses environs, nous ne doutons pas un instant que le FPR ait été en position de monter une telle opération dans la plupart des points de tirs suspects » mentionnés par l’expertise, affirment-ils.
Un des fondateurs du CNR, ancien bras droit du président rwandais, a ajouté maintenir ses accusations contre ce dernier, estimant que l’expertise « n’exonérait pas Paul Kagame d’avoir commis ce crime ».
Théogène Rudasingwa, qui avait accusé Kagame en octobre dernier d’avoir déclenché « un mécanisme dévastateur (…) en tuant le président Habyarimana », a souligné que les juges d’instruction français n’avaient pas encore rendu leur avis final, et que « les questions de vérité et de justice devaient être décidées en premier lieu par les Rwandais eux-mêmes ».
Le régime rwandais entend pour sa part pousser son avantage. Mme Mushikiwabo a déclaré sur France24 espérer désormais un non lieu pour les proches de M. Kagame, qui envisagent de porter plainte pour avoir été injustement mis en cause.

AFP

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