mardi, octobre 15, 2024
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Crise tunisienne: les islamistes et l'opposition campent sur leurs positions

Crise tunisienne: les islamistes et l'opposition campent sur leurs positions
Les islamistes au pouvoir en Tunisie et leurs détracteurs ont rejeté jeudi de but en blanc leurs revendications respectives ne laissant présager aucune issue à la crise politique déclenchée trois semaines plus tôt par l’assassinat d’un opposant.
Le chef d’Ennahda, Rached Ghannouchi a une nouvelle fois balayé les appels du Front de salut national –hétéroclite coalition d’opposition– qui manifeste et milite pour la mise en place d’un gouvernement de technocrates depuis la mort, attribuée à la mouvance jihadiste, du député Mohamed Brahmi.
« Ennahda refuse le gouvernement proposé par le Front de salut national, ce serait un danger pour le pays, le pousserait vers le vide, l’anarchie et achèverait l’expérience démocratique en Tunisie », a-t-il dit.
« Il y a un quasi-consensus pour le maintien de l’Assemblée (nationale constituante), les appels anarchistes à sa dissolution sont devenus minoritaires », a-t-il ajouté.
M. Ghannouchi a de nouveau proposé des négociations pour élargir le gouvernement actuel à d’autres partis et former un cabinet « d’union nationale ».
Il a aussi insisté sur le calendrier défendu par son parti, prévoyant la fin des travaux de la Constituante le 23 octobre 2013, deux ans après son élection et avec un an de retard, ainsi que des élections avant la fin de l’année.
« Dans les démocraties, les gouvernements ne tombent pas à cause de sit-in ou de manifestations mais à l’issue d’élections ou d’un retrait de confiance par le parlement », a également déclaré le chef d’Ennahda.
En réponse, la coalition d’opposition a une nouvelle fois rejeté l’ensemble des propositions des islamistes.
« Nous n’appelons pas à l’anarchie, nous prenons en compte le fait que notre pays est face au danger du terrorisme et de l’effondrement économique », a jugé Mongi Rahoui, un député et figure en vue de la contestation.
Estimant que « l’isolement (d’Ennahda) grandissait », il a assuré que « les protestations et les sit-in ne vont s’arrêter qu’en cas de (…) formation d’un gouvernement de salut national d’indépendant et formé sur des critères de compétences », a-t-il ajouté.
L’opposition a annoncé mardi le début d’une campagne « dégage » –mot d’ordre de la révolution de 2011– visant les autorités locales, et qui doit culminer avec la chute du gouvernement la semaine du 24 août.
Cette coalition est parvenue à mobiliser des dizaines de milliers de personnes à Tunis les 6 et 13 août, mais la participation aux manifestations quotidiennes devant l’ANC s’est largement réduite depuis la fin du ramadan le 7 août.
M. Ghannouchi a néanmoins indiqué que des pourparlers avec le puissant syndicat UGTT doivent reprendre lundi, après une première réunion en début de semaine qui n’a permis aucune avancée.
L’UGTT s’est retrouvée à contrec?ur dans le rôle de médiateur entre Ennahda et l’opposition après que le président de la Constituante a gelé le 6 août les travaux de l’Assemblée, et demandé à la centrale syndicale d’assumer son « rôle historique » en parrainant des pourparlers.
Le syndicat, fort de 500.000 membres et capable de paralyser le pays, milite jusqu’à présent pour un gouvernement de technocrates et le maintien de l’ANC.  
Le gouvernement actuel est accusé d’avoir failli sur le plan sécuritaire, l’essor de la mouvance salafiste déstabilisant régulièrement le pays depuis la révolution de janvier 2011. 
Un premier cabinet dirigé par Ennahda avait déjà dû démissionner après l’assassinat d’un opposant en février.
afp

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