vendredi, avril 19, 2024
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Cameroun: condamnations à des peines de prison pour homosexualité

Cameroun: condamnations à des peines de prison pour homosexualité
Un tribunal de Yaoundé a condamné mardi un homme accusé d’homosexualité à deux ans de prison ferme et un mineur poursuivi dans la même affaire à un an avec sursis, nouvel exemple de la répression visant les homosexuels au Cameroun où ces pratiques sont interdites.
Joseph Omgba, détenu depuis bientôt deux ans, a été déclaré « coupable d’outrage sur mineur suivi de rapports sexuels et d’homosexualité » et condamné à deux ans de prison ferme, selon le verdict lu à l’audience.
Le mineur, détenu un moment puis remis en liberté, a été déclaré « coupable d’homosexualité » et condamné à un an avec sursis.
Un troisième accusé, Séraphin Ntsama, majeur et également détenu depuis bientôt deux ans, a été déclaré « non-coupable au bénéfice du doute » et acquitté.
Interdite au Cameroun, l’homosexualité y est passible de cinq ans de prison.
Le tribunal de grande instance du Mfoundi, qui n’a pas motivé son jugement, a également condamné Joseph Omgba à 50.000 FCFA (76 euros) d’amende et à des frais de justice du même ordre. En cas de paiement de l’amende et des frais de justice, il sera libéré rapidement car il a effectué près de deux ans de détention préventive à la prison centrale de Yaoundé.
Il avait été arrêté le 10 août 2011 à son domicile de la capitale alors qu’il était en compagnie d’une autre personne à qui il devait vendre une vidéo à caractère pornographique, selon ses avocats. Séraphin Ntsama et le mineur avaient été interpellés peu après dans les locaux de la police, lors d’une visite à Joseph.
Lors d’une audience la semaine dernière, le procureur de la République Maurice Soh avait requis la condamnation de Joseph Omgba et du mineur. Concernant Séraphin Ntsama, il avait estimé que les débats n’avaient pas permis de « dire avec conviction qu’il avait une activité homosexuelle ». Les avocats de la défense avaient plaidé la relaxe.
Réagissant au verdict, l’un d’eux, Michel Ntogué, l’a qualifié de « tout simplement absurde. Il s’agit d’un cas imaginaire d’homosexualité », a-t-il déclaré à l’AFP, annonçant son intention d’interjeter appel d’un jugement qui va apporter « de l’eau au moulin (…) de l’homophobie rampante » au Cameroun.
Meurtre d’un militant homosexuel De nombreuses ONG dénoncent régulièrement les arrestations et emprisonnements de personnes homosexuelles au Cameroun, de même que les nombreuses pressions et menaces à l’égard des défenseurs de leurs droits.
« Compte tenu du contexte, on n’avait pas besoin d’une décision de condamnation », a relevé Me Ntogué, en référence au climat délétère dans lequel s’est tenu le procès, quelques jours après le meurtre d’un militant camerounais des droits des gays, Eric Lembembe.
Eric Lembembe a été retrouvé mort à son domicile de Yaoundé après avoir subi de nombreuses tortures, avait annoncé le 16 juillet l’organisation Human Rights Watch (HRW), dont il était « un proche collaborateur ».
Le ou les meurtriers n’ont pas été arrêtés. Mais les avocates du militant ont accusé la police d’avoir bâclé l’enquête et de n’avoir « rien fait » pour collecter d’éventuels indices.
« Personne (les policiers) n’a relevé le moindre indice. Personne n’a fait la moindre photo. Personne n’a relevé tout ce qui devait rester pour permettre une investigation sérieuse et crédible », s’est indignée Me Alice Nkom.
Le gouvernement camerounais a rejeté en bloc ces accusations et assuré que « toute la lumière sera faite » sur le meurtre.
« Il n’y a aucun complot d’Etat, ni même aucun complot social au Cameroun, qui serait dirigé vers les homosexuels », a affirmé vendredi le porte-parole du gouvernement et ministre de la Communication, Issa Tchiroma Bakary, dans une déclaration à la télévision d’Etat.
afp

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