jeudi, avril 25, 2024
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A Bangui, la psychose de la guerre ressurgit à la moindre rumeur

A Bangui, la psychose de la guerre ressurgit à la moindre rumeur
« Faut pas aller plus loin! C’est trop chaud! », s’écrie Cyriaque Abandouka, agrippé au volant de sa voiture, en direction du quartier de la présidence d’où fuient déjà des centaines de personnes après que des coups de feu ont claqué en plein centre-ville de Bangui.
Une épaisse poussière rouge envahit la rue au passage de pick-up surchargés de combattants du Séléka, arme au poing, qui foncent vers le palais présidentiel de la capitale centrafricaine.
Pourtant, devant les grilles du palais, rien.
La rumeur d’échanges de tirs a enflé en quelques minutes dans la ville, provoquant une fois de plus la panique.
« C’est simplement un ex-combattant qui a refusé de rendre son arme. Il s’est énervé, il s’est accroché à son fusil. Alors on a tiré un ou deux coups de feu en l’air pour lui faire peur », explique, amusé, un officier de la police congolaise, en renfort en Centrafrique et chargée de désarmer les membres de l’ex-rébellion Séléka, au pouvoir depuis bientôt quatre mois mais dont certains combattants sont devenus de dangereux électrons libres régulièrement accusés de meurtres et de pillages.
Deux heures plus tard, l’activité revient à la normale et la longue colonne de civils marchant au bord de la route s’est évaporée. Mais dans les échoppes et les restaurants, tout le monde parle des « quatre morts » que les supposés affrontements auraient fait…
« Les gens disent n’importe quoi, les rumeurs ici c’est tous les jours. Les gens ont tellement peur, ils entendent tellement d’histoires vraies ou fausses que si un pneu explose, ils imaginent déjà le pire », explique Mahamat Saleh, dont le magasin de vêtements est situé en face du lieu de l’incident entre l’ex-rebelle et les policiers.

A Bangui, la psychose de la guerre ressurgit à la moindre rumeur
« Et puis, il y a aussi des gens qui ont tout intérêt à propager les rumeurs pour déstabiliser le nouveau pouvoir! », insiste-t-il.
« Bangui la roquette »
Bangui, longtemps surnommée « la coquette », a désormais droit au sobriquet de Bangui « la roquette ». Malgré le calme apparent qui y règne et l’amélioration de la sécurité, la ville est en effet sous tension permanente, entre les convois de la Force multinationale d’Afrique centrale (Fomac), ceux de l’armée française qui sécurisent notamment l’aéroport, et surtout ceux du Séléka qui effraient particulièrement la population.
« Le problème, c’est Séléka. Séléka ce sont des étrangers, ce sont des Tchadiens, des Soudanais, des tout ce que vous voulez mais pas des Centrafricains, c’est pour ça qu’on a peur! », affirme un chauffeur de taxi soucieux d’anonymat, terrorisé par les nombreuses histoires de règlements de comptes, pillages et assassinats qui circulent dans la ville.
Il y a quelques jours à peine, les corps de cinq jeunes, dont l’enlèvement est imputé à des combattants, ont été retrouvés flottants dans l’Oubangui.

A Bangui, la psychose de la guerre ressurgit à la moindre rumeur
Selon la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH), des hommes du Séléka ont commis « 400 meurtres » en quatre mois et « continuent de commettre les crimes les plus graves contre la population civile ».
A Bangui, on parle « d’éléments incontrôlés ». Mais, force est de constater que le nouvel homme fort de Centrafrique, Michel Djotodia, peine à désarmer et cantonner les quelque 25.000 combattants du mouvement, dont 20.000 ralliés au moment de la chute de Bangui, selon un chiffre des nouvelles autorités.
Assis devant les grilles du palais, une vingtaine de ces combattant discutent à l’ombre d’un arbre: « Un chef? On ne sait pas, il n’y a pas de chef ici… ».
« Séléka c’est le bordel! », s’énerve un officier étranger sous couvert d’anonymat. « Par décret, le président nomme des seconde classe au grade de général dans l’armée régulière! Ils viennent d’où ces petits soldats? Comment voulez vous gérer des hommes avec ça? », martèle-t-il en brandissant le journal officiel.
Plus optimiste, le général Jean-Félix Akaga, commandant de la Fomac, juge que « même si la situation n’est pas parfaite et qu’il y a encore des crimes inadmissibles, la situation sécuritaire s’est largement améliorée à Bangui. Il y a un mois à peine, c’était bien plus difficile », assure-t-il.
afp

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