mardi, novembre 12, 2024
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Violences inter-ethniques en Guinée: 54 morts identifiés

Violences inter-ethniques en Guinée: 54 morts identifiés
Le bilan provisoire de plus de deux jours de violences inter-ethniques dans le sud-est de la Guinée s’est brusquement alourdi mercredi avec 54 corps identifiés et des dizaines d’autres encore non comptabilisés.
A l’hôpital central de N’Zérékoré, plus grande ville de la région à environ 1.000 km de Conakry, « nous avons comptabilisé 54 corps identifiés, qu’on est en train de restituer aux deux communautés » guerzé et konianké qui se sont affrontées de dimanche soir à mardi, a déclaré un médecin de cet établissement joint sur place par l’AFP.
Mais il est d’ores et déjà plus lourd « parce qu’il y a des corps non identifiés à la morgue » de l’hôpital. Certains corps « n’ont pas de tête, d’autres n’ont pas de papiers d’identité. Pour les 54 corps identifiés, nous nous sommes basés sur les papiers d’identité, ça nous a beaucoup aidés », a-t-il ajouté.
Mardi, le porte-parole du gouvernement avait fait état d’au moins 16 tués et 80 blessés. Le médecin de N’Zérékoré a indiqué à l’AFP ne pas être en mesure de préciser de bilan global.
Il y a eu « des dizaines » de morts, a-t-il dit. « Avec la Croix-Rouge, nous avons parcouru beaucoup de quartiers, des corps sont encore dans des caniveaux, d’autres avec leurs familles », a-t-il précisé.
« En ce moment, nous sommes débordés à l’hôpital. (…) A chaque fois, il y a la gendarmerie, la Croix-Rouge ou des volontaires qui déposent des corps de victimes, parfois sans membres ou sans tête, ou encore éventrés », a-t-il ajouté.
Jean-Marie Doré, ex-Premier ministre et chef d’un parti se présentant comme centriste, a de son côté parlé de « 44 morts » d’après ses informations à N’Zérékoré et Koulé, ville à 40 km plus au nord où les violences ont débuté dans la nuit du 14 au 15 juillet. « Les personnes découpées à la machette ou celles brûlés vives ne sont pas comptabilisées parmi les corps qui sont à la morgue », a dit M. Doré.
Le porte-parole de l’opposition, Aboubacar Sylla, a appelé à « une véritable politique de réconciliation entre les communautés » dans ces régions, frontalières du Liberia et de la Côte d’Ivoire. « L’Etat doit assumer ses responsabilités et ramener le calme. Il doit restaurer son autorité », a-t-il dit à l’AFP. 
« Petite détente »
A N’Zérékoré, « un calme précaire règne, on sent une petite détente » et contrairement aux dernières 48 heures durant lesquelles la plupart des habitants s’étaient calfeutrés chez eux, les rues étaient animées mercredi, a affirmé un résident contacté par téléphone depuis Conakry.
Un autre habitant et une source sanitaire ont également évoqué une accalmie fragile dans la zone.
Les violences avaient éclaté à Koulé après que trois jeunes Konianké ont été battus et torturés par des gardiens d’une station-service qui les avaient pris pour des voleurs. Deux d’entre eux sont morts quelques heures plus tard des suites de leurs blessures, donnant lieu à une spirale de représailles entre Konianké et Guerzé, selon une source policière.
Les violences se sont ensuite étendues à N’Zérékoré et à Beyla, à une centaine de kilomètres au nord de N’Zérékoré, selon des témoins et le porte-parole du gouvernement guinéen, le ministre Albert Damantang Camara.
D’après différentes sources, les membres des communautés konianké et guerzé se sont affrontés à l’aide de coupe-coupe, haches, pierres et bâtons, mais aussi d’armes à feu. Le feu a également été utilisé pour brûler des victimes, ainsi que leurs domiciles et/ou leurs véhicules.
Des églises et mosquées ont été incendiées.
Dans une déclaration à la Nation mardi, le président guinéen Alpha Condé avait exhorté les populations au calme et affirmé que « toutes les dispositions » avaient été prises « pour assurer la sécurité des personnes et de leurs biens ».
Les Guerzé, des autochtones, sont essentiellement chrétiens ou animistes. Les Konianké, essentiellement musulmans, sont des allogènes, venus d’autres régions que la Guinée forestière.
En dépit de l’explosion de violences, M. Condé a quitté Conakry mercredi matin pour Abuja où se tient le 43e sommet ordinaire des dirigeants ouest-africains prévu jusqu’à jeudi, a annoncé la présidence.
Pour tenter de ramener le calme en Guinée forestière, le gouvernement y avait dépêché deux hauts responsables militaires originaires de la région et appartenant aux deux ethnies rivales.
afp

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