mercredi, avril 24, 2024
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RDC: la forêt pillée par des sociétés internationales

RDC: la forêt pillée par des sociétés internationales
Coupes illégales, grumes maquillées, permis artisanaux détournés, l’exploitation de la forêt en République démocratique du Congo (RDC) relève d’un chaos organisé qui profite d’abord à des sociétés multinationales en association avec des autorités, affirment plusieurs ONG.
L’ensemble des forêts du bassin du Congo, qui s’étend sur une centaine de millions d’hectares, est considéré comme le deuxième poumon vert du monde après l’Amazonie. Malgré les règles récemment adoptées en Europe sur l’importation de bois africain, le trafic ne connaît aucune limite, explique un rapport de l’ONG britannique Ressource extraction monitoring (REM).
Le Wengé notamment, un bois noir, veiné et lourd, qui sert à la décoration, est l’objet de toutes les convoitises. « Un mètre cube de Wengé vaut 5 dollars américains dans la forêt lors de son achat légal à des communautés locales, arrivé au port et chargé sur un bateau, il coûte 450 dollars, les taxes sont définies sur ces montants alors qu’en Europe il est vendu entre 5 et 8.000 dollars », explique à l’AFP un expert qui souhaite rester anonyme. « Le manque à gagner est énorme pour l’Etat congolais et les populations! ».
Greenpeace Afrique a récemment dénoncé le débarquement légal à Anvers d’une cargaison d’Afromosia, un autre bois rare utilisé en décoration dont l’origine était illégale, selon l’ONG. « La Belgique a placé les intérêts des entreprises de bois au-dessus de la protection des forêts du Congo et des populations qui en dépendent pour leur subsistance », estime Raoul Monsembula, coordonnateur national RDC pour Greenpeace Afrique.
Ces 40 mètres cubes avaient été attentivement suivis par plusieurs défenseurs de l’environnement. Ces témoins, qui préfèrent tous rester anonymes pour ne pas risquer une expulsion ou la fin de leur contrat, les ont vus passer au port fluvial de Kinkole, au nord de Kinshasa, descendre sur des camions vers Matadi, l’unique port maritime, puis être chargés sur un cargo vers la Belgique.
Greenpeace accuse
Dans un rapport datant de mars 2013, Greenpeace met en cause plusieurs sociétés européennes et publie des photographies : des camions transportent de lourdes grumes de Wengé sans aucune inscription, des souches qui ne sont pas identifiées alors que les règlements imposent qu’elles doivent porter le même numéro que la grume appartenant au même arbre, des bois saisis par la police qui sont remis dans le circuit commercial.
Alors que des restrictions sociales et environnementales ont été imposées aux exploitants industriels, le ministère congolais de l’Environnement a attribué des permis artisanaux bien au-delà du nombre autorisé à des sociétés servant de prête-nom à des intérêts étrangers et nationaux, explique l’expert qui dénonce, comme l’a fait également l’ONG Global Witness, ce « laxisme ».
En forêt, le bois se monnaye et s’échange contre des paquets de cigarettes, un sac de farine ou un fusil de chasse, raconte-t-il à l’AFP, après avoir travaillé longtemps à Kinshasa.
« Qu’en sera-t-il lorsque des coopératives ou associations sans but lucratif pourront totaliser des permis pour 50.000 hectares, tel que le prévoit un projet de décret sur les « forêts des communautés locales », qu’elles ne pourront d’évidence exploiter seules? », s’inquiète-t-il, évoquant une porte ouverte à de nouveaux trafics.

afp

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