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Et si on accordait un peu plus de crédit aux entraîneurs africains ?

Et si on accordait un peu plus de crédit aux entraîneurs africains ?
LES SUCCES DES ENTRAINEURS AFRICAINS 

Il apparaît  aujourd’hui ‘hui  que  les entraîneurs africains  sont aussi compétents que les expatriés. Leurs prouesses sont devenues nombreuses et diverses. Dernière en date , le succès de Stephen Keshi à la dernière coupe d’Afrique des nations , Celui de l’égyptien   Mahmoud al gohary qui avait qualifié son équipe pour la coupe du monde de  1990 et  le camerounais Jean Paul Akono qui a remporte  la médaille olympique en 2000  .Bref les exemples sont légions .Tenez depuis le lancement de la Can quatorze  locaux l’ont remporté contre   onze expatriés .Pas étonnant dans ces conditions que la proportion d’entraîneurs africains à la tête de sélections du continent soit en nette progression depuis le début des années 2000.Une autre raison de cette progression est la formation. Depuis quelques années, les entraîneurs africains vont dans les mêmes écoles que leurs homologues des autres continents. Ils bénéficient des mêmes cours et peuvent donc avoir les mêmes résultats. La bonne connaissance du contexte  social et de ses dérivés roulent aussi en faveur des locaux. 
 
LA MEFIANCE DES DECIDEURS LOCAUX  
Des atouts qui en ce moment restent  mal exploités par les décideurs africains qui continuent à  accorder en priorité les postes de sélectionneurs nationaux aux expatriés. Les vieux démons persistent .Dans la riche histoire entre le ballon rond et l’Afrique, les entraîneurs européens ont longtemps été préférés. Selon Slateafrique.com en quarante ans par exemple, le Maroc a fait appel à dix-neuf experts étrangers pour  quinze nationaux, le Cameroun à dix-neuf Européens pour  sept locaux, le Ghana à vingt pour quatorze, la Côte d’Ivoire à seize pour  quatre. En  Coupe du monde de 1970  à 2010, les sélections africaines  ont été encadrées par dix-huit entraîneurs non-africains et seulement huit nationaux. Paradoxal diraient certains. Mais il faut bien comprendre que l’Afrique a ses réalités. D’abord historiques, bien sûr. Ce sont par exemple les colons français qui ont importé le football en Afrique de l’Ouest. Lors des indépendances, les liens sont restés et comme l’Afrique manquait alors de cadres techniques, ce sont les Français qui ont été appelés à la tête des sélections. Le même phénomène s’est reproduit à l’échelle du continent. Les pays anglophones, comme le Ghana ou le Nigeria, ont un temps voué un culte aux Brésiliens, avant de s’en remettre aux Yougoslaves. Quant aux pays d’Afrique centrale, ils s’appuyaient plutôt sur les Allemands. Et ce n’est pas tout. Les dirigeants des fédérations  exigent souvent un droit de regard sur l’aspect sportif et ne veulent pas voir leur influence réduite par le succès d’un coach local, dont la voix se ferait plus puissante en cas de succès. Dans cette optique, engager un Européen qui pliera ses valises une fois sa mission terminée est une solution préférée par ceux qui, dans l’ombre, tirent les ficelles. Stephen Keshi, l’entraîneur aujourd’hui encensé du Nigeria, a ainsi failli passer à la trappe quelques jours avant la CAN 2013. Des rumeurs couraient que le ministre des Sports nigérian souhaitait le démettre de ses fonctions après un désaccord à propos de la composition du groupe de joueurs retenu pour le tournoi. Le pire c’est que les entraîneurs participent eux mêmes  à enfler ce désamour. Ils se livrent  souvent à des actes de tribalisme et de corruption. Généralement sous payés, ils sont tentés de monnayer les sélections. 
 
LE CHOIX DE LA COMPETENCE 
Certes, en2002, Bruno Metsu a amené le Sénégal en quart de finale de la Coupe du monde. En qualifiant le Cameroun pour l’Afrique du Sud, Paul Le Guen, lui, a redressé une situation bigrement  compromise. Et le Ghana a obtenu une inattendue deuxième place lors de la dernière CAN avec Goran Stevanovic. Pourtant, la Côte d’Ivoire fut grande et victorieuse en 1992, à Dakar, lorsque son équipe était dirigée par un Ivoirien Yéo  Martial.  L’Égypte est l’incontestable championne toutes catégories en Afrique, Hassan Shehata, Égyptien pure souche, auteur du doublé 2008 – 2010 en est un des artisans. Preuves que les entraîneurs africains pourraient faire aussi bien que leurs pairs européens recrutés, eux, à prix d’or et placés dans des conditions d’absolu confort matériel. 

 

MOT DE STEPHEN KESHI APRES LE SACRE              
J’espère que plus d’entraîneurs africains auront des postes et rendront leur pays fier. C’est un peu difficile quand on est un coach africain, certaines fédérations pensent vous donner le boulot comme si c’était une faveur. Elles veulent demain une équipe merveilleuse, et le lendemain gagner la Coupe du monde. Il faut un peu plus de patience en Afrique. Je suis vraiment fier de ce qu’a fait l’Afrique du Sud : elle ne s’est pas qualifiée pour les demi-finales, mais son entraîneur (le Sud-Africain Gordon Igesund,) est encore en poste. La plupart des entraîneurs n’ont pas la liberté de s’exprimer par eux-mêmes, il faudrait un peu plus de patience. Moi, quand j’ai fait mon premier match, on m’a dit que ce n’était pas bien, qu’on allait me virer, mais ce n’est pas comme ça qu’il faut faire dans le foot. C’est Dieu qui a fait que je suis encore là. 
 
NGOSSO  MIREILLE 

Paru dans le Diasporas-News Magazine N° 39 de Mars 2013 

 

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