jeudi, octobre 10, 2024
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Mali: à Gao, des cars bondés ramènent les déplacés ayant fui les jihadistes

Mali: à Gao, des cars bondés ramènent les déplacés ayant fui les jihadistes
Le car bondé de voyageurs s’est garé devant l’ancienne « place de la charia ». Sur le toit, les valises et les sacs remplis de marmites de la famille Maïga: neuf mois après avoir fui les jihadistes, Bibata et ses enfants rentrent à Gao, la plus grande ville du nord du Mali.
Comme les Maïga, des centaines de Maliens sont revenus ces derniers jours vivre à Gao, selon Almahadi Ag Akeratane, responsable de l’ONG malienne Tassaght, qui tente de recenser ces déplacés pour les aider. Un retour « massif » qui « pose de gros problèmes d’accès à la nourriture », dit-il à l’AFP.
Bibata Maïga, une grande femme fine de 47 ans, reprend son souffle après deux jours de car depuis Sévaré (centre). Elle regarde son fils Aziz, 19 ans, décharger valises, caisses et sacs d’oignons, au total « dix bagages ». Ses deux autres fils, Alassane, 12 ans, et Abdulaï, 8 ans, se tiennent près d’elle.
Elle porte les couvertures usées dans lesquelles ses trois fils ont dormi la nuit dernière à un check-point. Kalachnikov en bandoulière, son mari, un soldat malien, est là: il a fait le voyage quelques jours plus tôt.
Le périple de la famille, par 40 degrés, a commencé par trois jours d’attente à la gare routière de Sévaré: il n’y avait plus de place dans les cars de Bamako qui remontaient vers le nord.

Mali: à Gao, des cars bondés ramènent les déplacés ayant fui les jihadistes
Quelque 170.000 Maliens ont fui la région pour des pays voisins et 260.000 autres ont été déplacés dans le pays, depuis début 2012, selon l’agence onusienne de coordination des affaires humanitaires. A Gao où vivaient environ 90.000 habitants, le responsable de l’ONG Tassaght assure que 80% des habitants ont fui. « Il n’y a pas une famille où il ne manque pas quelqu’un », relève Yacouba Maïga, conseiller municipal.
C’est la première chose que remarque Aziz en rentrant à pied avec sa mère, ses frères et leurs bagages, sous un soleil de plomb: « les rues sont calmes ». Elles devraient s’animer à nouveau, car la sécurité revenue à Gao depuis plus de deux semaines convainc des déplacés de rentrer.
Des bus gratuits pour le retour des déplacés
Comme beaucoup de familles de fonctionnaires, les Maïga ont fui très rapidement en juin 2012 quand les islamistes du Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest) ont pris Gao après des combats avec les rebelles touareg du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad): « on a eu peur qu’ils nous tuent », confie Bibata.
Des femmes du voisinage la saluent: « bonjour, bonne arrivée », répètent-elles en lui prenant la main.
Bibata retrouve enfin les murs bleus et le sol en terre battue de sa petite maison. Un sourire éclaire son visage: elle retrouve ses amies, ses belles-soeurs, sa nièce.

Mali: à Gao, des cars bondés ramènent les déplacés ayant fui les jihadistes
Reprendre la vie comme avant? La question étonne Bibata: « il faut faire les choses petit à petit. Pour l’instant, on n’a plus d’argent ». Dans les fiches que l’ONG Tassaght fait remplir aux déplacés qui rentrent, il est demandé de quoi ils manquent le plus. Presque tous répondent: « de nourriture ».
« Les biens de première nécessité manquent. Farine, lait, huile, sucre viennent normalement d’Algérie mais la frontière a été fermée et tout ça s’est arrêté. Le marché de Gao n’existe plus et le riz a du mal à venir du Sud car la route a été fermée plusieurs semaines », résume Almahadi Ag Akeratane.
Résultat: le prix du carton de lait a doublé, de 17.000 à 34.000 francs CFA (de 26 à 52 euros).
Les habitants sont néanmoins incités à rentrer. Depuis trois jours, sur la radio Aadar-Koïma, une réclame propose des cars gratuits pour les habitants de Gao qui veulent rentrer de Bamako. A écouter Boubacar Touré, le directeur de la radio, le retour peut être difficile pour les gens de Gao: « la plupart ont été pillés ».
Bibata Maïga savoure en tout cas l’instant. « On est né à Gao, on a grandi à Gao. Ici c’est chez nous, je ne repars plus ». 

AFP 

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