jeudi, mars 28, 2024
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Afrique du Sud: le meurtre d'un Mozambicain traîné à terre par des policiers fait scandale

Afrique du Sud: le meurtre d'un Mozambicain traîné à terre par des policiers fait scandale
Pour s’être mal garé, un chauffeur de taxi mozambicain est mort dans un commissariat d’Afrique du Sud, après avoir été attaché au camion de policiers qui l’ont traîné à terre, selon une vidéo amateur qui a provoqué choc et stupéfaction jeudi et scandalisé le gouvernement mozambicain.
« Les images de cet incident sont horribles, indignes et inacceptables », a réagi le président sud-africain Jacob Zuma. « Aucun être humain ne devrait être traité ainsi », a-t-il ajouté, avant de demander une enquête au ministre de la Police.
L’affaire a pris une tournure diplomatique dans la soirée quand le gouvernement mozambicain a déclaré, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Oldemiro Baloi: . « Évidemment, nous sommes scandalisés par ce qui est arrivé. Il est très triste qu’une vie ait été perdue aussi stupidement. »
« Quelle que ce soit la dimension que l’on peut donner (à cette affaire) – humaine ou celle des relations entre les deux pays – c’est absolument inacceptable », a ajouté le chef de la diplomatie à Maputo, évoquant « la violence extrême » avec laquelle les Mozambicains sont traités en Afrique du Sud « quand ils commettent des crimes ».
Les faits remontent à mardi soir quand Mido Macia, 27 ans, a arrêté son minibus-taxi à la tombée de la nuit dans une rue de Daveyton, township à 25 kilomètres de l’aéroport international de Johannesburg, selon la police des polices qui a ouvert une enquête pour meurtre.
Interpellé vers 18H50 (16H50 GMT), il s’est retrouvé encerclé par une demi-douzaine d’agents en tenue, l’un d’eux au moins brandissant son arme, selon les images vidéo divulguées par le quotidien Daily Sun.
La suite est particulièrement choquante: on y voit le jeune homme menotté dans le dos puis attaché à un camion de police, d’abord tenu par les pieds par un policier puis traîné à terre par le véhicule en marche jusqu’au commissariat, sous l’oeil médusé de nombreux passants. « Eh! Pourquoi vous le frappez? », interpelle en zoulou quelqu’un dans la foule.
Placé en détention préventive, Mido Macia est mort moins de deux heures et demie plus tard, selon le communiqué de la police des polices (IPID).
« Nous enquêtons sur un incident impliquant le décès d’un homme, apparemment entre les mains de la police. Nous sommes choqués par la vidéo diffusée », a dit à l’AFP le porte-parole de l’IPID, Moses Dlamini.
« Les circonstances entourant sa mort restent pour l’heure des allégations… attendons de savoir ce qui s’est réellement passé », a-t-il ajouté, assurant que l’homme aurait tenté de désarmer un officier de police, une version cependant démentie par des témoins interrogés par l’AFP sur place jeudi.
Le jeune homme tentait de récupérer son permis de conduire quand l’altercation a éclaté. « Il les a seulement poussés, sans essayer de prendre le pistolet », a déclaré George Nxumalo, un habitant de 57 ans.
Mort « pour s’être garé du mauvais côté de la route »
Le chauffeur de taxi a été retrouvé mort dans sa cellule vers 21H15 (19H15 GMT) et l’incident a suscité l’indignation dans tout le pays, et une manifestation à Daveyton dès mercredi. Selon l’enquête, il est mort des suites d’une hémorragie interne et d’un traumatisme crânien.
« Ce sont des criminels en uniforme, on n’en veut plus », critiquait jeudi Bongani Hlela, un vendeur ambulant, dans un commentaire qui rappelait les réactions au drame de Marikana, en août 2012, lorsque la police avait tué 34 mineurs en grève, et au moins une manifestante dans les troubles qui avaient suivi.
« On veut que la loi s’applique, ou bien nous l’appliquerons nous-mêmes. Ce n’est pas parce qu’il était Mozambicain qu’il devait être mal traité. On est tous des Africains, on a tous des droits », a-t-il ajouté.
La patronne de la police nationale sud-africaine Riah Phiyega, qui n’avait pas brillé par sa compassion pour les victimes au moment de la tragédie de Marikana, a réagi rapidement, indiquant que « l’affaire était prise très au sérieux et fortement condamnée ».
La police sud-africaine est connue pour son manque de formation et ses méthodes parfois brutales: la police des polices a été saisie de 712 bavures sur la période de avril 2011 à mars 2012 selon Amnesty International.
La police nationale est réputée corrompue, défaillante en matière de maintien de l’ordre, prompte à faire usage de ses armes, et approximative dans la conduite d’enquêtes criminelles, comme elle l’a récemment montré dans l’affaire du champion handisport Pistorius, accusé du meurtre de sa petite amie.
« Macia a payé de sa vie pour s’être garé du mauvais côté de la route », a déploré le principal parti d’opposition, Alliance Démocratique. « Combien de temps encore les Sud-Africains vont-ils devoir vivre dans la peur de ceux qui sont censés les protéger ? ». 

AFP 

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