Des milliers de personnes ont marché lundi en Guinée, sans incidents, à l’appel de l’opposition, pour exiger liberté et transparence dans les élections législatives fixées au 12 mai, dans un pays où des manifestations similaires ont été émaillées de violences.
« A bas la dictature », « Oui à des élections législatives libres et transparentes », « Vive la Guinée libre et démocratique », était-il écrit sur des pancartes brandies par les manifestants partis peu après 10H00 locales (et GMT) des environs de l’aéroport et qui ont conclu la marche par un rassemblement devant le siège de l’Assemblée nationale, dans le centre-ville, à une douzaine de kilomètres du point de départ, a constaté un journaliste de l’AFP.
Ils ont également dénoncé le président guinéen Alpha Condé, élu fin 2010, et l’opérateur sud-africain WayMark retenu pour la révision du fichier électoral: « Alpha est un incapable », « Non à WayMark ».
Aucun incident n’a été signalé durant tout le défilé des marcheurs, ni lors du rassemblement qui s’est dispersé dans le calme, alors que de précédentes manifestations à l’appel de l’opposition ont été régulièrement et durement réprimées par les forces de l’ordre et émaillées de violences.
Jusqu’à la dispersion de la marche à Conakry, qui avait dans un premier temps été interdite, aucun incident majeur n’a été signalé » et aucun « n’a été rapporté non plus ailleurs dans le pays, où des marches ont été » organisées, a affirmé dans un communiqué la présidence guinéenne, citant « Pita, Dalaba, Labé et Mamou ».
Selon le texte, « pour assurer la protection des populations civiles, les autorités ont anticipé en déployant un dispositif de sécurité constitué de 4.000 agents: 1500 policiers et 2.500 gendarmes ».
Manifester pacifiquement
« La Guinée vient de démontrer qu’il est possible de manifester pacifiquement. C’est un nouveau test réussi pour notre jeune démocratie », a déclaré le porte-parole du gouvernement guinéen, le ministre de l’Enseignement Damantang Albert Camara, cité dans le communiqué.
Pour le chef de file de l’opposition guinéenne, l’ex-Premier ministre Cellou Dalein Diallo de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), par ces marches, les opposants ont « envoyé un signal fort au président de la République (Alpha Condé) pour qu’il comprenne une fois pour toutes que la Guinée ne lui appartient pas à lui tout seul ».
« Notre forte mobilisation veut dire que nous n’allons plus accepter ce que nous avons accepté il y a quelques années pour la paix sociale dans notre pays », a ajouté M. Diallo lors d’un meeting sur l’esplanade du Palais du peuple (siège de l’Assemblée nationale).
Plusieurs autres responsables de l’opposition qui craint des fraudes de la part du pouvoir aux législatives, ont été vus parmi les marcheurs, dont Aboubacar Sylla (Union des forces du changement, UFC), Mamadou Mouctar Diallo (Nouvelles forces démocratiques, NFD) et Mme Traoré Zalikatou Diallo (Parti de l’espoir pour le développement national, PEDN).
En décembre, la Commission électorale nationale indépendante (Céni) a annoncé que les législatives, qui devaient être organisées en 2011 et ont été repoussées sans cesse depuis lors, auraient lieu le 12 mai.
Cette date doit être confirmée par un décret de convocation des électeurs signé par le chef de l’Etat, 70 jours avant le jour fixé.
Les dernières législatives en Guinée remontent à juin 2002, sous la présidence du général Lansana Conté, décédé en décembre 2008 après 24 ans au pouvoir. C’est actuellement un Conseil national de transition (CNT, non élu) qui fait office de Parlement.
AFP