vendredi, mars 29, 2024
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Emu aux larmes, le Parlement européen ovationne le président tunisien

Emu aux larmes, le Parlement européen ovationne le président tunisien
Le vibrant discours du président tunisien Moncef Marzouki en faveur de la démocratie, après l’assassinat d’un opposant dans son pays, a suscité mercredi une vague d’émotion rare au Parlement européen, où des députés plus connus pour leurs effets de manche ont fini en larmes.
Habituel trublion de l’hémicycle, l’eurodéputé vert Daniel Cohn-Bendit était muet de stupeur et en pleurs tandis que le chef de file des conservateurs Joseph Daul, les yeux rougis, épongeait ses larmes avec un mouchoir après l’intervention du président tunisien, qui s’est conclue par les mots d’espoir : « Que la paix soit avec vous ! ».
Le discours terminé, les députés de toutes tendances politiques confondues se sont levés et ont ovationné M. Marzouki, venu évoquer la transition démocratique en Tunisie, deux ans après le début du « Printemps arabe ».
« Cela a été un des moments les plus émouvants ici au Parlement depuis longtemps », a reconnu le président de l’institution, l’Allemand Martin Schulz.
« J’ai rarement vu des collègues si durs et si forts normalement pleurer ensemble, de gauche à droite, donc c’était un moment exceptionnel », a-t-il dit, la voix nouée.
« C’était un grand discours », s’est enthousiasmée l’élue verte française Hélène Flautre, qui elle non plus n’a pas retenu ses larmes. « Il y avait une fraternité dans cet appel à la démocratie, c’est ça qui m’a touchée profondément », a ajouté la députée, nommément citée par M. Marzouki parmi les élus européens qui l’avaient soutenu pendant ses années d’exil.

Emu aux larmes, le Parlement européen ovationne le président tunisien
Pour la socialiste Catherine Trautmann, « c’était profondément émouvant car d’une grande sincérité ». « Beaucoup de collègues ont été surpris » par la teneur de l’intervention du chef de l’Etat, qui a mêlé « histoire personnelle et histoire collective d’un pays », a-t-elle analysé.
Quelques heures avant l’intervention de M. Marzouki, Chokri Belaïd, un opposant de gauche tunisien, a été tué de plusieurs balles en sortant de chez lui.
Etouffant un sanglot, le président tunisien a dénoncé l' »odieux assassinat d’un leader politique » et d’un « ami de longue date ». « Cet assassinat politique, c’est une menace, c’est une lettre envoyée, mais qui ne sera pas reçue », a-t-il déclaré dans un français aux accents lyriques. « Nous refusons ce message et nous continuons à démasquer les ennemis de la Révolution et continuons notre politique ».
Chokri Belaïd dirigeait le parti des Patriotes démocrates et était une des figures de proue de l’alliance de mouvements de gauche appelée le Front populaire.
Ses proches ont accusé les islamistes au pouvoir du parti Ennahda d’être responsables de son assassinat, sur fond de multiplication des violences politiques et sociales en Tunisie depuis la révolution il y a deux ans.
« Nous avançons sur un chemin extrêmement étroit, balisé de plusieurs difficultés : la révolution, c’est simple, l’après-révolution, c’est compliqué », a estimé le président tunisien, un laïc allié aux islamistes d’Ennahda qui dirigent le gouvernement.
Dans son discours, il a promis de « protéger le mode de vie dLes e la Tunisie moderniste », de « défendre toutes les libertés » et de « protéger les acquis de la femme.
Moncef Marzouki en a profité pour exprimer sa gratitude au Parlement européen qui lui avait octroyé « un passeport de la liberté » symbolique quand il en était privé, sous la dictature de Zine El Abidine Ben Ali.
Il a tenu à saluer un « haut lieu de la démocratie, de la paix et de la fraternité entre les peuples », rappelant que Strasbourg est la ville où il a étudié la médecine et aussi celle où il a découvert la Déclaration universelle des droits de l’homme.
De façon plus pragmatique, le président tunisien a dit espérer recevoir de nouveaux appuis de l’Europe, sous forme économique notamment : il a appelé les pays européens à reconvertir la dette tunisienne en projets de développement sur le modèle de ce que l’Allemagne a fait. Ainsi, « une vraie rupture s’effectuerait, annonçant un printemps euro-arabe ». 

AFP 

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