Un Egyptien, qu’une vidéo a montré nu, traîné au sol et battu lors de la répression d’une manifestation au Caire, s’est rétracté pour dénoncer des brutalités de la police après avoir accusé des manifestants.
« C’est la police qui m’a battu », lors d’une manifestation d’opposants vendredi soir devant le palais présidentiel, affirme Hamada Saber Mohamed Ali, dont la volte-face fait la Une de la plupart des journaux locaux lundi.
Sur une vidéo qui a choqué l’opinion publique, on voit des policiers battre l’homme avec des matraques, le bousculer et le dévêtir, avant de le traîner au sol, puis de l’embarquer dans un fourgon blindé posté devant le palais.
Admis dans un hôpital relevant du ministère de l’Intérieur, ce père de famille avait affirmé dans un premier temps sur la télévision d’Etat que des manifestants l’avaient pris pour un policier et l’avaient déshabillé, ajoutant avoir été « sauvé » par les forces de sécurité.
Cette version difficilement convaincante, compte tenu des images montrant clairement qu’il est battu par des policiers, a de surcroît été mise à mal par des membres de sa famille qui ont affirmé que la victime faisait « l’objet de beaucoup de pressions » et avait peur.
« J’étais sous la pression et la terreur des policiers à l’hôpital. Mais j’ai admis la vérité après avoir regardé la vidéo où, comme un animal, des officiers et des policiers s’acharnaient sur mon corps nu », a rectifié l’homme, cité par le quotidien Al-Chorouk. Il a expliqué sur une télévision avoir fait volte-face après que sa famille l’eut « désavoué » et avoir constaté que « toute l’Egypte était en colère et qu’on me ridiculisait sur Facebook ».
Cet ouvrier de 50 ans vit avec sa femme et ses trois enfants dans une seule pièce dans un quartier pauvre du Caire, selon le journal Al-Watan.
Sa volte-face « ne change rien à la position du ministère de l’Intérieur qui refuse la violence », a commenté un responsable du ministère, cité par Al-Chorouk.
Le parquet a ouvert une enquête et l’opposition a réclamé la démission du ministre de l’Intérieur, Mohamed Ibrahim, sur l’affaire, présentée par les autorités comme « un acte isolé ».
Fin 2011, l’image d’une manifestante voilée que l’armée traînait sur la chaussée, mettant à découvert son ventre et son soutien-gorge, avait provoqué l’indignation en Egypte et dans le monde.
AFP