L’Union africaine, réunie dimanche en sommet à Addis Abeba, a déploré, par la voix de son président sortant, la lenteur du continent à agir pour défendre le Mali et « salué » l’intervention militaire française.
« Je tiens à saluer la France qui, face aux délais de réaction extrêmement longs des leaders africains et même de la communauté internationale, a pris les devants pour faire ce que nous aurions dû faire », a déclaré le Béninois Thomas Boni Yayi, avant de passer la présidence tournante de l’UA au Premier ministre éthiopien, Hailemariam Desalegn.
Il a regretté, concernant la gestion de problèmes sécuritaires dans une région, une tendance à « mettre à l’écart les autres régions qui auraient pu au nom de la solidarité interrégionale apporter leur soutien combien salutaire », dans une critique à peine voilée à la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), qui déploie au compte-gouttes des troupes au Mali.
La France est intervenue militairement dans le pays en toute hâte mi-janvier, à la demande des autorités maliennes, face à l’avancée vers Bamako des insurgés islamistes qui occupent le nord du pays depuis mi-2012.
Thomas Boni Yayi s’exprimait dimanche dans la capitale éthiopienne, où siège l’UA, lors de l’ouverture du 20e sommet de l’organisation pan-africaine.
La situation au Mali, qui fera encore l’objet d’une conférence de donateurs internationaux mardi dans la capitale éthiopienne, domine cette réunion de deux jours, même si peu de décisions concrètes nouvelles sont attendues: vendredi, le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’UA a déjà décidé d’augmenter à près de 6.000 hommes les effectifs de la force africaine au Mali et a pressé l’ONU de fournir une aide logistique « temporaire » pour accélérer son déploiement.
En décembre, le Conseil de sécurité de l’ONU avait autorisé le déploiement d’une Force internationale de soutien au Mali (Misma), pour aider la faible armée malienne à reconquérir le nord du pays.
Alors que « s’accélèrent les préparatifs en vue du déploiement de la Misma », le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, présent à Addis, a également appelé dimanche Bamako à « dresser une feuille de route devant mener au rétablissement complet de l’ordre constitutionnel ».
Le Mali est dirigé par des autorités de transition mises en place après le coup d’Etat militaire du 22 mars 2012 qui avait renversé le régime du président Amadou Toumani Touré et précipité la chute du vaste nord du pays aux mains de groupes armés — des jihadistes mais aussi des rebelles touareg.
Mini-sommet sur la RDC
Au-delà du Mali, le sommet de l’UA devrait également se pencher sur plusieurs autres conflits ou zones de tensions en Afrique, notamment en République démocratique du Congo (RDC), en Guinée-Bissau ou en République centrafricaine.
« Nous ne pouvons jamais trop souligner l’importance du besoin de paix et de sécurité, sans paix et sécurité, aucun pays ou aucune région ne peut espérer la prospérité pour tous ses citoyens », a déclaré Nkosazana Dlamini Zuma, nouvelle présidente de la Commission de l’UA, l’organe exécutif de l’organisation.
Evoquant les tensions dans l’est de la RDC, où l’armée régulière affronte depuis avril les mutins du mouvement M23, Ban Ki-moon a évoqué la possibilité d’adosser une mission « d’imposition de la paix » à la mission de l’ONU déjà présente dans le pays (Monusco).
Samedi, des responsables onusiens avaient déjà indiqué que l’organisation internationale souhaitait renforcer sa mission dans le pays, avec une « unité d’intervention » forte de 2.500 hommes pour s’attaquer au M23 et aux autres groupes rebelles présents dans la région.
Une source au sein de l’UA a par ailleurs confirmé la tenue lundi à Addis d’un mini-sommet sur la RDC réunissant notamment les présidents de RDC, du Rwanda, de l’Ouganda autour de Ban Ki-moon. « Il reste quelques détails à régler, » mais le principe de la rencontre est acquis, a-t-elle indiqué.
Le sommet de l’UA devrait encore aborder les laborieuses négociations soudanaises.
AFP
Les présidents du Soudan, Omar el-Béchir, et du Soudan du Sud, Salva Kiir, se sont rencontrés vendredi et encore une fois dimanche en présence d’autres chefs d’Etat africains pour tenter d’avancer dans la résolution des différends qui empoisonnent toujours leurs relations, un an et demi après l’accès à l’indépendance du Sud, et fragilisent la déjà difficile situation humanitaire de plus de 100.000 personnes vivant près de leur frontière commune.
« Aucun progrès n’a été enregistré », a déclaré à l’AFP le négociateur en chef sud-soudanais Pagan Amum à l’issue de la rencontre.
Un peu plus tôt, Ban Ki-moon avait appelé les deux dirigeants à entamer « des discussions directes pour permettre l’aide humanitaire d’urgence nécessaire aux civils affectés » dans la région.
AFP