Une fête estudiantine du samedi soir dans une discothèque du sud du Brésil a tourné à la tragédie après un incendie qui a piégé une foule de jeunes et fait 232 morts et 131 blessés selon le dernier bilan de la police.
Panique, bousculade dans une fumée noire toxique, jeunes gens se piétinant pour sortir de la discothèque dont les portes de secours étaient verrouillés : les survivants ont décrit un « film de terreur ».
L’incendie, provoqué par un feu de Bengale allumé par le chanteur d’un groupe qui se produisait dans la discothèque Kiss, s’est rapidement propagé, transformant l’établissement en piège mortel, jonché de personnes asphyxiées, jusque dans les toilettes où certains avaient tenté de se réfugier.
« Une fille est morte dans mes bras. J’ai senti son c?ur arrêter de battre. Je n’avais vu cela qu’au cinéma », a témoigné un jeune dentiste, Matheus Bortolotto.
« Nous n’avons pas réussi à utiliser la sortie de secours. Ceux qui étaient au fond de la discothèque sont restés piégés », a déclaré le jeune homme qui a perdu un ami proche dans la tragédie.
« Les barrières métalliques utilisées pour organiser les files d’attentes (à l’unique entrée et sortie de la discothèque, ndlr) ont bloqué l’évacuation. Les gens s’entrechoquaient, tombaient. J’ai aidé à enlever les barrières. Les pompiers aussi s’intoxiquaient avec la fumée », a témoigné Matheus Bortolotto.
« On a demandé aux gens de sortir mais il y avait beaucoup de monde. Au milieu de la confusion, ils ont commencé à se piétiner. Il y en a qui n’ont pas eu le temps de sortir », a raconté au site d’informations G1 un agent de sécurité du Kiss, identifié comme Rodrigo
« On a réussi à sortir quelques personnes mais beaucoup n’ont pas résisté. Certains avaient 80% du corps brûlé. Un de nos collègues y est resté. Un vrai film de terreur », a-t-il ajouté.
Mais selon le chef des pompiers, Guido de Melo, la sécurité de l’établissement, inconsciente de la gravité de la situation, a dans un premier temps « bloqué la sortie des clients » pour s’assurer qu’ils payaient leurs consommations. « C’est cela qui a causé un grand mouvement de panique », a-t-il souligné.
L’incendie a commencé vers 02h30 du matin (04H30 GMT) et n’a été contrôlé que vers 07H00. Avant même l’arrivée des pompiers, des habitants armés de gros marteaux ont tenté de casser les murs de la discothèque pour essayer d’aider les jeunes à sortir et à respirer.
Le bilan de la catastrophe n’a cessé d’augmenter au fil de heures.
« Le nombre de personnes tuées est de 232, parmi lesquelles 120 hommes et 112 femmes », pour « la plupart asphyxiées », a déclaré dans l’après-midi à l’AFP le commandant adjoint du Bataillon des opérations spéciales de la police militaire, Rois Tavares. La police avait auparavant fait état de 245 morts et 48 blessés.
« Tous les corps ont été retirés de l’intérieur de la discothèque » qui est actuellement mise sous scellés pour les besoins de l’enquête, a ajouté ce responsable policier.
Les corps des victimes ont été conduits au Centre sportif municipal de Santa Maria où les familles entraient par groupes de 20 pour identifier leurs proches.
Des parents en pleurs, des survivants aux yeux hagards, le visage encore noir de fumée, se sont massés toute la journée en attendant des nouvelles de leurs proches et amis.
« C’est le moment le plus difficile », a déclaré à l’AFP le secrétaire adjoint à la Santé de la ville, Julio Nunes.
La licence autorisant le fonctionnement de la discothèque était périmée depuis le mois d’août, selon les pompiers.
La mairie de Santa Maria, une ville universitaire de 262.000 habitants à 300 km de Porto Alegre, la capitale de l?État de Rio Grande do Sul, a décrété un deuil officiel de trente jours et a monté une cellule d’aide psychologique aux proches des victimes dans le centre sportif.
Les autorités ont lancé un appel au calme et demandé aux familles d’apporter des photos des jeunes pour faciliter l’identification. Elles ont appelé la population a donner son sang.
Cet incendie est « le second le plus meurtrier jamais survenu au Brésil », selon les autorités.
En 1961, un chapiteau de cirque avait pris feu à Niteroi, de l’autre côté de la baie de Rio de Janeiro, faisant 533 morts.
La présidente Dilma Rousseff a interrompu un voyage au Chili où elle devait participer à un sommet Amérique latine/Union européenne, pour se rendre sur les lieux de la catastrophe.
« Je voudrais dire à la population de Santa Maria que dans ce moment de tristesse, nous sommes avec vous », a-t-elle déclaré, réprimant des larmes, devant les médias.
Les six hôpitaux de la ville et d’autres de la région, à Canoas et Santa Cruz ont reçu les blessés.
AFP