Florence Cassez, libre après sept ans de prison au Mexique, a retrouvé la France jeudi, souriante, décidée à « être heureuse » et « profiter » de la vie, mais aussi à défendre son « innocence ».
Sourire aux lèvres, ses longs cheveux blond vénitien retenus en queue de cheval, l’ex-détenue de 38 ans a fait part de son « bonheur immense » à la presse, massée dans le pavillon de réception de l’aéroport de Roissy pour recueillir ses premiers mots.
« L’avion a atterri, moi je n’ai toujours pas atterri », a-t-elle déclaré. « Sereine », elle n’a d’autre ambition que « de vivre, être heureuse, profiter ».
Libre depuis mercredi soir, elle a assuré l’avoir « toujours été dans (sa) tête », estimant sur France2 « avoir été innocentée » par la Cour Suprême du Mexique, qui l’a libérée en raison de violation de ses droits fondamentaux, sans se prononcer explicitement sur son innocence.
Se qualifiant de « victime », elle dit que sa « rage de prouver (son) innocence » l’a aidée durant sa détention, entamée en 2005.
« Il faut se rendre compte ce que cela demande de ténacité et de courage, pour tenir contre l’injustice pendant sept ans », a abondé à ses côtés Laurent Fabius. Le chef de la diplomatie française a salué le Mexique, « une grande démocratie » et « les juges qui ont rendu ce jugement ».
Trois juges sur cinq de la première chambre de la Cour suprême avaient voté mercredi en faveur de la libération immédiate de la Française, alors qu’elle avait été condamnée en 2009 à 60 ans de prison pour enlèvements.
Florence Cassez avait aussitôt quitté, sous escorte policière, la prison pour femmes de Tepepan, au sud de Mexico, accompagnée de son père Bernard.
Le reste de sa famille l’attendait à Roissy où elle a atterri peu après 13H30, un tapis rouge l’attendant au pied de l’avion.
« Tellement de choses à faire »
Dans une voiture prise en chasse par la presse, Florence Cassez a pris la direction de Paris. Une interview au 20H00 de TF1 l’attend dans la soirée puis elle sera reçue vendredi à 19H00 par le président François Hollande, qui a « salué » sa libération, évoquant la fin d’une « période particulièrement douloureuse ».
L’ancien président Nicolas Sarkozy, « très ému et très heureux », la verra également « très, très vite, de façon privée », a affirmé son entourage.
L’ex-détenue n’a pas manqué de lui rendre hommage, estimant qu’il lui avait « sauvé la vie » lorsqu’il avait « pris position » pour son « dossier ». Elle a relevé, dans la foulée, le soutien déterminant de François Hollande. Loin du début de polémique lançée par certains responsables politiques qui ont comparé les actions de l’un et l’autre.
Alors que le président PS du Sénat, Jean-Pierre Bel, vantait « la méthode » en « discrétion » de François Hollande, l’ex-ministre UMP Brice Hortefeux a loué le « volontarisme » de Nicolas Sarkozy qui fut « le premier à croire à l’innocence de Florence Cassez ».
L’affaire Cassez avait provoqué en 2011 une crise diplomatique entre Paris et Mexico, ayant entraîné l’annulation par le gouvernement mexicain de l’Année du Mexique en France.
Durant toute sa détention, Florence Cassez a été soutenue par des personnalités diverses, comme les acteurs Alain Delon et Marion Cotillard. Valérie Trierweiler, compagne du président de la République, était aux côtés de la mère de Florence Cassez à l’annonce de la décision des juges mexicains.
La Française avait été arrêtée le 8 décembre 2005, en compagnie de son fiancé Israel Vallarta, soupçonné d’enlèvements. Le lendemain, un montage télévisé organisé par la police avait fait d’elle, aux yeux des téléspectateurs mexicains, « Florence la diabolique ».
Décrite comme une femme de « caractère », l’ex-détenue, dont les parents résident à Dunkerque (Nord), va commencer une nouvelle vie. Avant son arrivée au Mexique à l’âge de 29 ans, elle avait été responsable d’un magasin à Calais (Pas-de-Calais).
En prison, elle a beaucoup peint, confiant à la presse qu’elle entendait continuer. Elle n’a pas exclu la possibilité d’écrire un livre, ajoutant: « j’ai tellement de choses à faire, mais je ne sais pas par quoi commencer ».
AFP