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Kenya: la crainte de nouvelles violences domine la campagne électorale

Kenya: la crainte de nouvelles violences domine la campagne électorale
Cinq ans après les violences sans précédent ayant marqué le dernier scrutin, la crainte de nouveaux affrontements domine les élections prévues début mars au Kenya, où un des principaux candidats est sous le coup de poursuites internationales pour crimes contre l’Humanité.
Réputé un des pays les moins instables d’Afrique de l’Est, le Kenya avait connu début 2008 les pires violences intercommunautaires depuis son indépendance en 1963, avec plus d’un millier de morts et 600.000 personnes déplacées à la suite de la réélection contestée du président sortant Mwai Kibaki.
La situation s’est relativement apaisée depuis, mais l’approche de nouvelles élections générales le 4 mars prochain ravive les craintes dans ce pays de près de 42 millions d’habitants.
« Le tribalisme peut être l’ornière qui nous empêche d’aller de l’avant », a prévenu un des six candidats en lice au scrutin présidentiel, Peter Kenneth, dans une interview à l’AFP.
« J’ai parfois l’impression que nous n’apprenons jamais rien (de nos erreurs passées) », ajoute ce candidat de 47 ans qui tente de se démarquer d’une classe politique largement accusée d’attiser les jalousies entre communautés à des fins électorales.
C’est en jouant ainsi avec le feu que ces responsables ont mis leur pays au bord du précipice il y a cinq ans, la contestation de la réélection de M. Kibaki recouvrant les rancoeurs des communautés luo et kalenjin contre celle des kikuyu, principale ethnie du pays dont le président sortant est originaire.
Tous les candidats jurent avoir des intentions pacifiques, y compris un des principaux d’entre eux Uhuru Kenyatta, pourtant accusé par la Cour pénale internationale (CPI) d’être un des principaux instigateurs des violences de 2007-2008.
Alliance inattendue
« Nous savons que les Kényans sont pacifiques (…) et que le résultat des élections sera décidé par le bulletin de vote et non par la violence », a assuré le fils de Jomo Kenyatta, premier président du Kenya indépendant (1964-1978), en lançant sa campagne samedi à Nairobi devant des dizaines de milliers de partisans.
M. Kenyatta, 51 ans, est le plus en vue des quatre Kényans qui doivent comparaître à partir du 10 avril à La Haye devant la CPI pour leur rôle présumé dans les affrontements d’il y a cinq ans.
Cet ancien partisan de M. Kibaki a conclu une alliance inattendue avec celui qui est accusé par la CPI d’avoir alors orchestré les violences depuis le camp opposé, le député William Ruto, d’origine kalenjin.
Les deux hommes voient dans leur coalition la meilleure assurance que les prochaines élections seront pacifiques, mais leur alliance est aussi et surtout tournée contre leur adversaire commun, le Premier ministre sortant Raila Odinga, 67 ans, actuellement favori des sondages.
M. Odinga, issu de la communauté luo, a été fin 2007 l’adversaire malheureux de M. Kibaki — qui ne se représente pas cette année –, et il dirige depuis un gouvernement d’union nationale imposé par la communauté internationale pour ramener le calme au Kenya.
Le risque de violences au niveau régional est encore plus élevé. Les 14,3 millions d’électeurs kényans sont en effet appelés à élire un président, des députés, mais aussi, pour la première fois, des sénateurs, des gouverneurs et des conseillers locaux, aux termes d’une Constitution adoptée en 2010.
La décentralisation voulue par la nouvelle Loi fondamentale, avec des budgets accrus aux régions, décuple les appétits.
Ben Rawlence, qui travaillait pour Human Rights Watch au Kenya jusque l’an dernier, relève « un effrayant recours à la violence » dans beaucoup de régions pour s’assurer la prééminence politique et donc financière.
« Dans chaque région où une communauté ne bénéficie pas d’une majorité claire, ou alors quand des minorités craignant d’être marginalisées peuvent faire cause commune contre une majorité, on peut s’attendre à des violences », prévient-il.
Dans le delta du fleuve Tana (sud-est), un cycle d’attaques et de représailles entre communautés orma et pokomo a fait 150 morts depuis août.
Le chef de la police kényane, David Kimaiyo, juge probable que « le motif (de ces violences) réside dans le désir de déplacer totalement une des communautés pour des raisons politiques ».
A ces tensions s’ajoutent les attentats — de relative faible ampleur à ce jour — qui se sont multipliés dans le pays depuis l’intervention de l’armée kényane en octobre 2011 en Somalie contre les insurgés islamistes shebab. 

AFP 

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