jeudi, décembre 26, 2024
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Madagascar: militaires accusés d'exactions, le gouvernement ouvre une enquête

Madagascar: militaires accusés d'exactions, le gouvernement ouvre une enquête

Le gouvernement malgache a annoncé mercredi l’ouverture d’une enquête sur les éventuelles exactions commises par des militaires contre des civils dans le sud du pays, durant une vaste opération lancée en septembre contre les voleurs de bétail.

« Des enquêtes mixtes vont être menées par le gouvernement et la communauté internationale pour qu’il n’y ait pas de doutes et d’interrogations sur ce qui s’est passé sur place », a déclaré le Premier ministre Omer Beriziky.

L’organisation de défense des droits de l’Homme Amnesty International a accusé il y a une semaine en termes très vifs les militaires impliqués dans l’opération « Tandroka » (corne) de « mauvais traitements » et d' »actes de violence aveugle » envers les populations du sud qu’ils ont pour mission de protéger contre les « dahalos » (voleurs de zébus) qui sévissent depuis des mois dans la région et terrorisent la population.

« Au moins 250 personnes sont mortes cette année aux alentours de Fort-Dauphin, dans le cadre de ce que les autorités décrivent comme des affrontements entre villages déclenchés par des vols de bétail », a affirmé mardi Amnesty, appelant le gouvernement non élu d’Andry Raejolina à ouvrir une enquête indépendante.

L’organisation a rapporté des témoignages faisant état de villageois brûlés vifs dans l’incendie de leur maison, de récoltes anéanties, d’exécutions sommaires dont celle d’une enfant de six ans, d’un handicapé ou des parents et de l’épouse d’un suspect.

Ces accusations ont été confirmées à demi-mot en début de semaine par le Premier ministre, lors d’une séance de questions-réponses au Conseil supérieur de la Transition durant laquelle il a admis des « bavures ».

Selon la gendarmerie, les accusations d’Amnesty International sont infondées.

L’auteur du rapport « Christian Mukosa ne s’est pas déplacé dans le sud, il a recueilli des témoignages tendancieux, à objectif politique. Son jugement est subjectif », a déclaré mercredi à l’AFP le Commandant de la gendarmerie nationale, Richard Ravalomanana.

Mais vendredi, la Communauté des Etats d’Afrique australe (SADC) avait renforcé les accusations d’Amnesty International, en rappelant à l’ordre les autorités malgaches: « La SADC a (…) noté avec préoccupation les événements qui se sont déroulés dans le Sud de Madagascar (…) Nous appelons les dirigeants de Madagascar et les forces de sécurité à faire preuve de retenue », indiquait son communiqué.

Quant à l’association CRISUD (cercle de réflexion et d’intervention pour le Sud) réunissant des Malgaches originaires du Sud et qui soutient l’opération militaire, elle rejette les accusations de la SADC.

« Votre communiqué (…) nous a blessés. Vous avez dit qu’il y a des tueries atroces dans le Sud. Les militaires (…) nous protègent.(…) Nous demandons à la SADC de bien se renseigner et de ne pas seulement se fier aux déclarations d’Amnesty International », a indiqué l’association dans un communiqué.

vol de zébus à grande échelle

La guerre des communiqués fait d’autant plus rage qu’il est difficile d’avoir des informations précises sur les événements dans cette région reculée montagneuse et aride de l’Anosy, coupée de tout réseaux téléphonique et de voies de communication. Aucun journaliste n’a pu se rendre sur place depuis le début de l’opération « Tandroka ».

Selon les chiffres de la gendarmerie, la lutte contre les voleurs de zébus a provoqué la mort de 129 dahalos, 23 éléments des forces de l’ordre et 20 habitants entre janvier et mi-septembre.

Les chiffres de l’opération déclenchée le 13 septembre font état de 40 dahalos morts, un habitant et aucun militaire.

Les régions d’Atsimo-Atsinanana et d’Anosy (sud-est) vivent depuis le début de l’année au rythme de la difficile traque de ces bandits spécialisés dans le vol de zébus à grande échelle, dont le transport est aidé par des fraudes diverses.

Pratique ancestrale locale, considéré comme un signe de virilité dans certaines sociétés du sud de Madagascar, le vol de zébus a changé de nature, par sa violence, son ampleur et le trafic juteux qu’il alimente. Le prix du kilo de viande de zébu ne cesse d’augmenter et atteint l’équivalent de 3 euros à Antananarivo, pour un salaire de base mensuel d’environ 30 euros. 

AFP 

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