vendredi, décembre 27, 2024
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Mozambique: l'ex-commandant de la guérilla menace de reprendre les armes

Mozambique: l'ex-commandant de la guérilla menace de reprendre les armes

L’ex-commandant de la guérilla mozambicaine Afonso Dhlakama, a menacé lundi de reprendre les armes pour se faire entendre du Frelimo au pouvoir, l’accusant d’accaparer toutes les richesses du pays, dans une interview exclusive à l’AFP.

« J’entraîne des hommes et s’il le faut, nous sortirons d’ici et nous détruirons le Mozambique », a déclaré Afonso Dhlakama, ancien chef de la Résistance nationale mozambicaine (Renamo), l’ancienne guérilla.

L’ex-commandant est retranché depuis octobre avec plusieurs centaines d’hommes près du massif de Gorongosa (centre), à plus de mille kilomètres de la capitale Maputo mais non loin d’une ancienne base utilisée par la Renamo durant les 16 années de guerre civile qui ensanglanta le Mozambique jusqu’en 1992, faisant un million de morts.

Devenue principal parti d’opposition, la Renamo siège au Parlement mais elle compte seulement 51 élus sur 250 et est en perte de vitesse.

L’ex-commandant, âgé de 62 ans, est lui-même démobilisé de longue date, et il est difficile d’évaluer quelle suite il compte donner à ses menaces.

Mais l’ancien vétéran entré en rébellion insiste sur le fait qu’après 20 ans de « patience », la Renamo en a ras-le-bol d’un gouvernement « kleptocrate ».

« S’il le faut, nous pouvons revenir en arrière. Je préfère vivre dans un pays pauvre, que d’avoir des gens qui bouffent la gamelle », dit-il.

« Nous voulons dire à Guebuza (Armando Guebuza, le président du Mozambique). Tu manges bien. Nous aussi, nous voulons bien manger », dit-il.

Le Mozambique a fêté le 4 octobre le 20ème anniversaire de l’accord de Rome qui a ramené la paix après une guerre civile qui fut parmi les plus brutales du continent, et largement alimentée par la guerre froide.

Fortement appauvri durant la guerre civile, cette ancienne colonie portugaise est actuellement l’une des économies du monde en plus forte croissance, grâce notamment à la découverte de gisements de charbon et d’hydrocarbures.

Les avions militaires qui sillonnaient le ciel jusqu’en 1992, ont fait place à des jets privés acheminant hommes d’affaires, techniciens et ingénieurs.

La seule escarmouche notable s’est produite en mars dernier quand la police a effectué une descente près du QG de l’ancien commandant à Nampula, une grande ville du nord du Mozambique, faisant deux morts.

Depuis, le vétéran est braqué. Il veut une refonte du système électoral pour prévenir les fraudes, un meilleur partage des royalties du charbon et des gisements de gaz off-shore.

Il veut aussi l’incorporation de davantage d’anciens de la Renamo dans l’armée et la fin des discriminations dont ces derniers se disent victimes.

A l’ombre du mont Gorongosa, c’est une petite troupe d’anciens compagnons d’arme d’aspect plutôt disparate qu’il a rassemblée. Equipés de fusils AK-47, ils s’exercent au maniement des armes, réalisent des manoeuvres d’entraînement, tout en assurant la garde rapprochée de leur chef.

« On doit attendre un peu, le moment où on pourra finir ce qu’on a commencé », explique Amindo Milako, qui a combattu adolescent dans la guerre civile.

« M. Dhlakama a le numéro de téléphone du président de la République, pourquoi ne l’utilise-t-il pas? », s’étonne Damiao Jose, un porte-parole du Frelimo, le parti au pouvoir. « Quand il circule ainsi avec des hommes armés, ça intimide les gens, pas seulement les fermiers mais également les investisseurs ».

Dhlakama, qui a déjà rencontré le chef de l’Etat cette année, refuse désormais tout face-à-face et demande à la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) d’intervenir.

« Je suis pas un gamin qu’on peut berner. Il (M. Guebuza) veut venir pour faire de l’affichage et que le monde puisse dire +ils se sont rencontrés, le problème est résolu+ », dit-il. « Ca ne peut pas continuer comme ça. Nous envisageons de demander la partition du pays. Le Frelimo aurait le sud, et nous le centre et le nord ».

Un coup de gueule sans lendemain, estime Joseph Ha
nlon, un analyste basé à Londres et bon connaisseur du pays. « L’échec de Dhlakama c’est qu’il n’a jamais réussi à organiser un parti politique et n’est jamais parvenu à mobiliser les électeurs. Il n’a plus de pouvoir, et il n’a plus de base ».

Dhlakama assure: « Mon ambition est de faire le ménage politiquement. Ensuite je pourrai mourir en paix ».   

AFP 

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