La croissance en Afrique repose sur de solides bases, et le secteur de la consommation et des services devrait voir son chiffre d’affaires exploser dans les années à venir, estiment plusieurs études parues récemment.
En réduisant leur dette, en améliorant la gouvernance économique, et en maintenant une stabilité politique, nombre de pays du continent ont posé les fondements d’une croissance durable, note l’Institut pour la finance internationale (IIF) dans sa dernière étude.
Depuis 2007, la croissance économique de l’Afrique sud-saharienne s’est établie à 4,7% par an.
« Après l’Asie émergente, l’Afrique est la région du monde qui a la croissance la plus rapide », constate George Abed, directeur du département Afrique et Moyen-Orient de l’IIF.
« Nombre de pays africains ont fait de gros progrès pour stabiliser leur économie et consolider leur taux de croissance. Ce qui est remarquable, c’est que ce résultat a été acquis dans une période de turbulences financières mondiales sans précédent », ajoute cet expert.
Pour six des pays de la zone –Côte d’Ivoire, Ghana, Kenya, Nigeria, Tanzanie et Zambie–, la dette extérieure totale a été réduite en moyenne de 62% du PIB en 2003 à 17% en 2011.
Selon une autre étude, du cabinet de conseil McKinsey, le chiffre d’affaires des secteurs liés à la consommation et aux services devrait croître en Afrique de 410 milliards de dollars d’ici 2020, soit environ 40%.
La classe moyenne est en expansion rapide dans nombre de grandes métropoles. « D’ici 2020, plus de la moitié des ménages africains devraient avoir des revenus à dépenser, leur nombre augmentant de 85 millions de ménages à presque 130 millions », explique Bill Russo, coauteur de l’étude.
McKinsey note cependant que 81% de la consommation privée s’est concentrée en 2011 seulement sur dix pays des 54 pays du continent: Afrique du Sud, Algérie, Angola, Egypte, Ghana, Kenya, Maroc, Nigeria, Soudan et Tunisie. L’Ethiopie, actuellement 11ème, devrait rapidement rejoindre le peloton de tête.
Dans les pays à l’économie la plus dynamique, les obligations d’Etat sont désormais recherchées par les investisseurs, qui apprécient les rendements plus élevés que dans la plupart des Etats industrialisés.
L’agence Moody’s a d’ailleurs pris en compte cette demande nouvelle, en attribuant pour la première fois cette semaine des notes au Nigeria, au Kenya et à la Zambie, d’emblée supérieures aux notes actuelles de la Grèce.
Ces trois pays se sont vu attribuer les notes « Ba3 » pour le Nigeria et « B1 » pour les deux autres, les perspectives étant stables. Ces notes visent à évaluer le risque de défaut d’un gouvernement sur sa dette, et contribuent à déterminer le coût des emprunts pour ces pays.
« Moody’s estime que la croissance du continent va être caractérisée par un recours accru aux capitaux des marchés financiers internationaux », explique Jacques Els, de la branche sud-africaine de Moody’s.
Moody’s a notamment salué la bonne résistance de l’économie nigériane, grâce à ses ressources pétrolières et son secteur hors énergie relativement développé, tout en déplorant des carences en matières d’infrastructures.
De telles évolutions auraient été impensables encore au début des années 2000, lorsque l’Afrique croulait sous la dette et dépendait pour sa survie de l’aide internationale.
George Abed, de l’IIF, rappelle toutefois les raisons de cette embellie, dans ce qui ressemble aussi à une mise en garde: « Il ne faut pas oublier que les récentes performances remarquables de l’Afrique ont été largement aidées par des annulations massives de dettes, et par un boom des matières premières. A l’avenir, l’environnement mondial ne sera peut-être pas aussi favorable. »
La stabilité politique, sur un continent aux nombreux conflits et tensions, sera également un facteur clef de la réussite africaine dans les années à venir.
AFP