La télévision publique sud-africaine SABC a ordonné à ses journalistes de ne pas utiliser les mots « domaine » ou « Zumaville » pour évoquer la propriété du président Jacob Zuma, dont la rénovation aux frais des contribuables fait scandale.
Dans un courrier au personnel obtenu par des médias locaux mercredi, le nouveau patron de la SABC, Jimi Matthews, a écrit que la vaste propriété du KwaZulu-Natal (est), dont M. Zuma n’aurait payé que 5% des 238 millions de rands (21,4 millions d’euros) qu’ont coûté la rénovation, devrait être appelée « résidence de Nkandla ».
« Avec effet immédiat, la demeure du président Zuma à Nkandla doit être appelée la +résidence de Nkandla+ du président ou de M. Zuma, et non +complexe résidentiel+ ou +domaine+ ou un autre terme de la sorte », a-t-il écrit selon The Times.
« Merci aussi de vous abstenir d’utiliser des terminologies importées en vous référant à la controverse portant sur le développement des infrastructures autour de la résidence, tel que +Nkandlagate+, +Zumaville+, etc. », a-t-il ajouté.
Selon le médiateur de la République, qui a ouvert une enquête, un héliport, des bunkers souterrains, des clôtures et une clinique ont été construits dans la résidence de M. Zuma, un vaste complexe comportant plusieurs bâtiments.
Le ministre des Travaux publics, Thulas Nxesi, a expliqué que ces travaux avaient été planifiés de longue date, dans le souci d’améliorer la sécurité du chef de l’Etat. Et le président a affirmé que sa « très grande famille » –il a quatre femmes et de nombreux enfants– en avait financé une grande partie, sans autre précision.
Les travaux du président comprennent aussi la construction d’une sorte de cité modèle aux environs –brocardée sous le nom de « Zumaville » dans la presse– et de plusieurs kilomètres de routes.
La révélation de ces coûteux investissements survient alors que l’Afrique du Sud, confrontée à un ralentissement de sa croissance et à une hausse de sa dette, s’efforce de maîtriser ses dépenses et que des millions de personnes vivent toujours dans des bidonvilles.
Les dirigeants de l’Alliance démocratique (DA), le principal parti de l’opposition, ont été empêchés dimanche par la police et des manifestants de s’approcher de la résidence de M. Zuma, et réclament un débat parlementaire.
La SABC n’a pas répondu mercredi aux sollicitations de l’AFP.
AFP