Le gynécologue Denis Mukwege, réputé pour son aide aux femmes violées et qui a dû s’exiler après une tentative d’assassinat, a déclaré mardi son intention de retourner en République démocratique du Congo (RDC) « le plus tôt possible », dès que sa sécurité pourrait être assurée.
« Dès que j’aurai une sécurité suffisante, mon projet est de retourner le plus tôt possible », a indiqué M. Mukwege à des journalistes après avoir été reçu au siège de la Commission européenne à Bruxelles.
Le médecin séjourne en Belgique après avoir été obligé de fuir la RDC à la suite d’une tentative d’assassinat à son domicile de Bukavu, capitale de la province orientale du Sud-Kivu, le 25 octobre. Plusieurs assaillants ont tué un gardien qui s’était interposé, ce qui avait permis au médecin et à ses deux filles de se cacher puis de s’enfuir.
« L’attaque s’est passée très rapidement. J’ai du mal à dire, aujourd’hui, qui ils étaient et pourquoi ils ont fait ça (…) Ils n’étaient pas venus pour voler. Ils n’ont rien pris », a témoigné M. Mukwege.
Le médecin a indiqué avoir rencontré le gouverneur de la province. Mais « la sécurité qui m’a été offerte est de deux policiers. Ce n’est pas suffisant. Je ne pense pas que poster deux policiers devant ma porte puisse changer quelque chose », a-t-il dit. D’autant que le médecin « habite déjà dans le quartier le plus sécurisé » de Bukavu.
Pour lui, la seule solution réside dans « une réforme complète du système de sécurité » en RDC. Depuis la tentative d’assassinat, « je comprends mieux la détresse des femmes dans les régions perdues » où « elles ne sont pas protégées », a-t-il ajouté.
Le gouverneur du Sud-Kivu, Marcellin Cishambo, a tenu à rassurer le gynécologue qu’il a qualifié de « grand homme ». « Je suis protégé à Bukavu. Lui aussi, s’il rentre, il sera protégé. (…) Au cas où il y a des problèmes, on peut évaluer s’il faut augmenter le nombre de policiers ou pas », a déclaré à l’AFP le gouverneur.
Interrogé sur l’évolution de l’enquête, Marcellin Cishambo a assuré: « la police est sur une bonne piste, et pendant qu’on est en train de faire cette enquête, on ne peut pas se permettre de tout dire (…) on se doit d’avoir une réserve ».
En recevant M. Mukwege à Bruxelles, le commissaire européen chargé du développement, Andris Piebalgs, a voulu envoyer « un signal fort de soutien à son action formidable ».
Sa consoeur chargée de l’aide humanitaire, Kristalina Georgieva, a assuré que l’Union européenne (UE) avait décidé d’accroître son aide à la RDC, où « la situation s’est dégradée avec 650.000 réfugiés en plus cette année ».
L’UE finance l’hôpital Panzi de M. Mukwege, qui soigne chaque année 3.000 femmes violemment agressées par les membres de groupes armés et par les soldats de l’armée régulière congolaise.
AFP