L’un des groupes islamistes armés occupant le nord du Mali, Ansar Dine, devait discuter samedi à Ouagadougou avec la médiation burkinabè, qui comme Alger espère que ce mouvement va prendre ses distances avec Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Arrivés vendredi soir, les émissaires d’Ansar Dine (Défenseur de l’islam) emmenés par Algabass Ag Intalla, un élu du nord du Mali et haut cadre du groupe, doivent s’entretenir samedi avec le ministre burkinabè des Affaires étrangères, Djibrill Bassolé.
Ils seront reçus « probablement dimanche » par le président Blaise Compaoré, médiateur dans la crise malienne pour la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), a-t-on appris de source proche de la présidence.
Un autre rendez-vous d’importance pourrait avoir lieu rapidement. Arrivé samedi à la mi-journée à Ouagadougou pour s’entretenir dans l’après-midi avec le médiateur, le ministre malien des Affaires étrangères, Tiéman Coulibaly, rencontrera en effet « probablement » les émissaires d’Ansar Dine, a affirmé une source gouvernementale burkinabè, sans plus de précision.
Le président Compaoré pousse à une solution pacifique, au moment où se prépare une intervention militaire internationale pour chasser les islamistes armés qui contrôlent le nord du Mali depuis sept mois.
Ansar Dine, mouvement dirigé par l’ex-rebelle touareg Iyad Ag Ghaly, a aussi envoyé vendredi une délégation en Algérie, pays incontournable pour un règlement de la crise, mais Alger n’avait toujours pas confirmé samedi son arrivée.
Selon le quotidien algérien El-Watan, qui cite un « haut responsable algérien », Ansar Dine, qui avec ses alliés applique avec brutalité la charia (loi islamique) dans le nord du Mali, serait prêt à des concessions concernant ses rapports avec la mouvance jihadiste Aqmi.
Divorce avec Aqmi?
Selon ce responsable, Iyad Ag Ghaly, qui a toujours maintenu des liens avec Alger, « serait prêt à faire une déclaration » dans « les tous prochains jours » dans laquelle « il prendra officiellement ses distances d’Aqmi et acceptera de jouer le jeu de la +démocratie+ ».
Selon la source algérienne, la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton aurait accepté, lors de ses entretiens le 29 octobre à Alger, d’accorder « une sorte de sursis » à l’Algérie « pour réussir à faire entendre raison au controversé mouvement (Ansar Dine) avant de lancer l’assaut ».
L’Algérie et le Burkina Faso cherchent depuis des mois à faire participer Ansar Dine à une solution en l’éloignant d’Aqmi, jugé infréquentable pour ses activités « terroristes », de même que le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), le troisième groupe islamiste du nord du Mali.
Des émissaires d’Ansar Dine s’étaient déjà rendus en septembre à Alger où ils avaient notamment rencontré un officiel malien.
Cette accélération des discussions survient alors qu’une intervention militaire dans le nord du Mali est activement préparée.
Depuis le 29 octobre, des experts africains, y compris algériens, européens et onusiens étudient à Bamako le « concept d’opération » d’une telle intervention.
Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté le 12 octobre une résolution préparant le déploiement d’une force de quelque 3.000 hommes au Mali, soutenue sur le plan logistique par la France et les Etats-Unis, et a donné jusqu’au 26 novembre à la Cédéao pour préciser ses plans.
La résolution a aussi invité le gouvernement malien et les rebelles touareg à « s’impliquer dès que possible dans un processus de négociations crédible ».
AFP