Le Gabon a menacé lundi Veolia Environnement de « mesures fortes » après une coupure d’eau de plusieurs jours à Libreville, le groupe français se disant de son côté prêt à vendre sa filiale à 51% dans le pays.
« Cela fait un an qu’on discute avec le gouvernement sur l’évolution du contrat et on est complètement ouverts. Si l’Etat gabonais souhaite reprendre les investissements, on est ouvert à tout, on est ouvert au rachat de nos 51% », a expliqué un porte-parole du géant français de l’eau.
Après la rupture d’une canalisation principale d’eau à cause d’importantes chutes d’eau et de mouvements de terrain, la capitale gabonaise a connu un rationnement de l’eau pendant cinq jours jusqu’à dimanche.
« Cas de force majeure », fait valoir Veolia, mais « situation inadmissible » pour la présidence gabonaise.
« Cette situation inadmissible est le fruit du manque d’entrain du concessionnaire à maintenir les installations en bon état et assurer une fourniture régulière d’eau », a déclaré un porte-parole de la présidence d’Ali Bongo Ondimba.
« Le chef de l’Etat qui a, à plusieurs reprises, dénoncé cet état de choses, réaffirme que cette situation ne peut plus continuer. Aussi, il a annoncé que des mesures fortes seront prises très prochainement », a déclaré Alain-Claude Bilie By Nzé, à Libreville.
« La fourniture d’eau dans la capitale était déjà anormale avant cette interruption. Plusieurs quartiers de Libreville manquent d’eau régulièrement », a fait valoir le porte-parole. « Ceux qui l’ont fait (signé les concessions) à l’époque pensaient que c’était une bonne solution, il est aujourd’hui temps de se poser des questions », a estimé M. Bilie By Nzé.
Veolia a rejeté ces critiques, en soulignant qu’il s’agissait d’un « cas de force majeure, puisque c’est une route qui a été emportée par des glissements de terrains et la canalisation avec ».
« Nous avons vraiment fait diligence et nous avons essayé d’agir le plus vite possible », par exemple en acheminant des pièces vers le Gabon, a fait valoir le leader mondial de l’eau. « Depuis aujourd’hui midi à Libreville, tout le monde à l’eau potable à nouveau, cela refonctionne complètement », a souligné son porte-parole.
Veolia est présent depuis 1997 dans le pays d’Afrique centrale via sa participation dans la SEEG, les 49% restants étant détenus par des investisseurs gabonais. La concession déssert plus de 1 million de personnes en eau et près de 1,3 million en électricité. Le contrat est prévu sur une durée de 20 ans, soit jusqu’en 2017.
Ce n’est pas la première fois que les relations se tendent entre le groupe français et Libreville: en 2010, Veolia avait affirmé que l’Etat gabonais n’avait pas respecté ses engagements en « privant la SEEG des ressources nécessaires pour réaliser les investissements » qui auraient permis d’éviter les coupures.
Et toujours en 2010, la télévision gabonaise avait lors d’un poisson d’avril très remarqué à l’époque annoncé la résiliation du contrat avec la SEEG.
AFP