La Syrie était happée dimanche par une nouvelle spirale de violences avec des raids de l’armée de l’air et des attaques rebelles, enterrant définitivement la trêve espérée par le médiateur Lakhdar Brahimi qui se prépare à présenter de nouvelles « idées ».
Depuis l’annonce vendredi de la trêve, plus de 250 personnes sont mortes dans des bombardements et des combats en Syrie, selon une ONG syrienne, éloignant encore plus toute chance de parvenir à un arrêt des hostilités après plus de 19 mois d’une révolte devenue conflit armé.
M. Brahimi, qui avait espéré mettre en oeuvre un cessez-le-feu pendant les quatre jours de la fête musulmane de l’Aïd Al-Adha entamée vendredi, doit revenir en novembre devant le Conseil de sécurité de l’ONU avec « quelques idées d’action » pour amener le président Bachar al-Assad et l’opposition à la table des négociations, ont affirmé à l’AFP des diplomates onusiens.
Mais ni le régime ni les rebelles ne semblent prêts à faire taire leurs armes, s’accusant mutuellement d’avoir violé la trêve en premier dans le pays où plus de 35.000 personnes ont péri, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) et des centaines de milliers se sont exilées.
L’armée, qui tente de reprendre des bastions rebelles à coups de raids aériens notamment dans les provinces de Damas et d’Idleb (nord-ouest), a assuré qu’elle ne faisait que « riposter » aux attaques insurgées, l’opposition armée qualifiant l’initiative de M. Brahimi de « mort-née » et d' »échec » en raison des bombardements incessants de l’artillerie du régime.
Pour un diplomate à l’ONU, « le processus politique ne débutera pas avant qu’Assad et l’opposition se soient tellement battus qu’ils n’aient plus d’autre choix. Ils n’en sont pas encore là, mais Brahimi a quelques idées ».
La trêve initiée par l’émissaire de l’ONU et de la Ligue arabe aura subi le même sort que celle du prédécesseur de M. Brahimi, Kofi Annan, qui avait aussi volé en éclats au bout de quelques heures en avril.
Depuis l’annonce du cessez-le-feu théorique, les violences ont fait au moins 146 morts vendredi et 114 samedi, selon un bilan de l’OSDH, basé au Royaume-Uni et s’appuyant sur un réseau de militants et de sources médicales dans les hôpitaux civils et militaires de Syrie.
Raids de l’armée, attaques des rebelles
Dans la province de Damas où le régime tente depuis une semaine de reprendre des localités rebelles, l’aviation a lancé trois raids sur Erbine, Zamalka et Harasta, au nord-est de la capitale, où sont retranchés de nombreux rebelles, selon l’OSDH.
De leur côté, les insurgés ont pris le contrôle de trois postes de l’armée à Douma, près de Damas, et tué quatre soldats à un barrage dans cette région, d’après la même source. Les rebelles affirment avoir pris les armes face à la brutale répression du soulèvement populaire hostile au régime lancé le 15 mars 2011 et qui s’est transformé en insurrection armée.
L’armée a averti samedi qu’elle « continuera de traquer ces groupes terroristes » et fera « face avec fermeté à leurs actes criminels ».
Depuis le début de la révolte, Damas assimile l’opposition à du « terrorisme » soutenu et financé par des puissances étrangères, notamment l’Arabie saoudite et le Qatar, pour semer le chaos en Syrie. « Ces groupes terroristes ne sont pas maîtres de leurs décisions et se réfèrent généralement à des parties étrangères qui n’ont aucun intérêt à mettre fin au bain de sang en Syrie », lisait-on dimanche dans l’éditorial du quotidien gouvernemental As-Saoura.
Des groupes islamistes contre l’armée
A Alep, métropole du nord et l’un des principaux fronts du conflit, l’OSDH fait état de combats entre les troupes gouvernementales et des factions islamistes de la rébellion, comme le « Bataillon des soldats de Mahomet », les « Bataillons de l’islam » ou encore l’influent Front al-Nosra, qui a revendiqué de multiples attentats suicide contre des symboles du pouvoir depuis le début de la révolte.
A Alep et ailleurs dans le pays, ces groupes, qui ne relèvent pas directement de l’Armée syrienne libre (ASL), formée de déserteurs et de civils ayant pris les armes, sont les mieux organisés et les mieux armés.
Par ailleurs, une militante de 22 ans, Fatima Saad, est morte sous la torture, selon la Ligue syrienne de défense des droits de l’Homme, qui fait état de 1.125 personnes ayant subi le même sort.
Elle a été torturée par les redoutables services de renseignements qui avaient saisi chez elle une caméra et le téléphone portable avec lesquels elle filmait des manifestations hostiles au régime, selon la Ligue qui dénonce un « crime sauvage ».
AFP