Barack Obama, retrouvant une attitude combative après un premier débat raté, a marqué des points contre Mitt Romney mardi lors d’un deuxième rendez-vous rythmé par de vifs échanges à trois semaines de la présidentielle américaine.
Que ce soit sur le budget et les impôts, l’énergie, l’immigration, la Libye ou la politique vis-à-vis de la Chine, les deux candidats ont fait valoir leurs arguments avec force, quitte à parfois s’interrompre l’un l’autre.
Les sondages instantanés publiés dans l’heure qui a suivi la fin de l’affrontement ont donné un léger avantage à M. Obama. Pour 46% des personnes interrogées par CNN, le président est sorti vainqueur du débat, tandis que 39% penchaient pour M. Romney. Dans une enquête distincte, CBS créditait M. Obama de 37% et le républicain de 30%.
M. Obama, de toute évidence décidé à reprendre l’avantage après sa mauvaise prestation au débat de Denver le 3 octobre, a réussi à prendre le dessus en faisant notamment cette fois référence aux « 47% » d’Américains censés être dotés d’une mentalité de « victimes », expression utilisée par son adversaire dans une vidéo volée publiée à la mi-septembre.
Dès le début, M. Obama a accusé l’ancien gouverneur du Massachusetts de ne vouloir favoriser que les riches. Ce dernier « dit qu’il a un programme en cinq points, il n’a pas de programme en cinq points, son programme tient en un point: s’assurer que les plus aisés puissent jouer avec des règles différentes », s’est-il exclamé.
La tension, déjà vive, est encore montée lorsque les deux candidats ont tenté de faire valoir leurs arguments sur l’énergie. M. Obama a accusé son adversaire de vouloir laisser les compagnies pétrolières « écrire la politique énergétique » des Etats-Unis. Tous deux se sont alors mutuellement interrompus une demi-douzaine de fois.
« Il a remis Mitt Romney à sa place »
L’un des moments décisifs pourrait avoir été la mention du dossier libyen, après la mort de l’ambassadeur américain dans une attaque à Benghazi le 11 septembre. M. Romney a tenté de présenter le président comme faible en politique étrangère, en assurant que la stratégie de M. Obama au Moyen-Orient « tombe en pièces sous nos yeux ».
« Vous ne pouvez pas transformer la sécurité nationale en des questions politiques », a rétorqué M. Obama, le regard intense, en dénonçant des accusations « insultantes » sur sa gestion de l’affaire.
Le débat « a remonté le moral aux démocrates, et les républicains trouveront aussi matière à se réjouir, mais Obama avait bien plus besoin de se regonfler », a expliqué à l’AFP John Pitney, professeur de sciences politiques à l’université Claremont McKenna.
Le camp démocrate semblait en effet rassuré. Pour le sénateur Chuck Schumer, « quel que soit le terrain que le président a perdu au premier débat, il l’a plus que regagné ici ».
Harold Bonilla, 73 ans, partisan de M. Obama ayant assisté au débat sur écran géant au théâtre Apollo à New York, a dit avoir apprécié la prestation de son champion. « Il était plus agressif qu’au premier débat, mais de façon présidentielle, pas arrogante. Il a remis Mitt Romney à sa place », a-t-il affirmé à l’AFP.
Mais tout n’a pas souri à M. Obama mardi. M. Romney lui a notamment rappelé son mauvais bilan économique.
« Nous avons eu quatre années consécutives au cours desquelles il a dit (…) qu’il réduirait de moitié le déficit, au lieu de cela il l’a doublé. Nous sommes passés d’une dette nationale de 10.000 milliards de dollars à une dette nationale de 16.000 milliards de dollars », a lancé M. Romney.
Pour son proche conseiller Eric Fehrnstrom, les électeurs ont vu mardi, comme au premier débat, le « vrai leader » que le républicain pouvait être. « Quelque chose de fondamental a modifié la trajectoire de cette course après le premier débat », a-t-il affirmé.
Les deux candidats se sont af
frontés pendant un peu plus de 90 minutes à l’université Hofstra à Hempstead (Etat de New York, est) en répondant aux questions venues d’un groupe de 82 électeurs indécis.
Depuis le débat de Denver le 3 octobre, M. Obama, qui avait caracolé en tête des intentions de vote pendant un mois, a perdu son avance. Mardi, la moyenne des sondages nationaux réalisée par le site RealClearPolitics penchait légèrement en faveur du républicain.
M. Obama domine encore dans certains Etats-clés indispensables à M. Romney, mais un nouveau revers mardi soir aurait pu être difficile à surmonter. Un dernier débat est prévu en Floride (sud-est) lundi et les deux camps auront d’ici là les yeux sur l’effet du débat d’Hempstead dans l’opinion.
Dès mercredi, MM. Obama et Romney repartiront dans des Etats potentiellement décisifs, le premier dans l’Iowa (centre) et l’Ohio (nord), le deuxième en Virginie (est).
AFP