De nouveaux heurts se sont produits mardi dans plusieurs mines d’Afrique du Sud où la police est intervenue alors que des dizaines de milliers de grévistes continuent leur mouvement illégal, s’exposant à des licenciements.
Seule bonne nouvelle du jour, le groupe sud-africain Gold Fields, numéro quatre mondial de l’or, a annoncé le retour à leurs postes d’une majorité des grévistes de sa mine de Beatrix (centre).
« C’est trop tôt pour dire si la grève est terminée », a cependant commenté le directeur général Nick Holland lors d’un point presse téléphonique.
La journée a commencé avant l’aube à la mine de fer exploitée par une filiale du géant Anglo American à Sishen (nord-ouest), où la police est venue déloger la centaine de grévistes qui empêchaient les 12.000 employés du site d’aller travailler depuis le 3 octobre et menaçaient de détruire du matériel.
Sept personnes ont été blessées, selon les médias sud-africains.
La police a arrêté 40 grévistes. La direction avait annoncé la veille le licenciement de quelque 300 personnes, rappelant qu’un accord salarial avait été conclu en juillet sur ce site.
Quelques heures plus tard aux abords d’une mine de chrome près de Marikana (nord), un policier a reçu un coup de machette qui aurait pu être mortel s’il ne s’était protégé le visage avec sa main.
Un témoin a indiqué à la radio SAfm qu’il avait vu les doigts voler en l’air.
La police était venue disperser un rassemblement non autorisé de mineurs et procédé à au moins 26 arrestations, sur ce site exploité par Samancor, et proche de la mine de platine où avait éclaté début août la sanglante crise sociale qui secoue l’Afrique du Sud.
Plus de 50 personnes ont été tuées dans des violences lors de ces mouvements qui ont affecté ou affectent encore de façon sporadique la production de platine, d’or, de chrome, de fer ou de diamants.
De son côté, le groupe Gold Fields a menacé de licencier quelque 15.000 personnes, près de la moitié de son personnel, s’ils ne mettaient pas fin à leur grève sauvage d’ici jeudi.
Il a sous-entendu qu’il pourrait en faire autant avec 8.500 autres, qui ont rejoint le mouvement lundi.
L’ultimatum concerne surtout le complexe de KDC exploité à Carletonville, au sud-ouest de Johannesburg.
Des manifestants y ont mis à sac un poste de police pendant le week-end, tandis qu’un non-gréviste a été tabassé lundi soir et le véhicule de l’entreprise qu’il conduisait a été incendié.
Des vigiles venus à son secours se sont faits tirer dessus, à balles réelles, selon la direction de Gold Fields.
Non loin de là, le groupe Gold One a suspendu ses opérations pour au moins un mois sur son site d’Ezulwini, où il s’est débarrassé de 1.400 grévistes (sur 1.900 employés).
Quelque 2.500 grévistes d’une mine d’or voisine exploitée par le groupe sud-africain Harmony ont tenu un meeting dans un stade de Carletonville, jurant de poursuivre le mouvement malgré les menaces de licenciement.
« Nous voulons de l’argent! La grève continue! Personne ne va nous licencier », a lancé à la foule Moses Ngwekazi, l’un des meneurs. « Si une solution n’est pas trouvée, la grève peut continuer pendant trois mois, on s’en fout », a indiqué à l’AFP Makhalemele Motaung, un gréviste.
Des primes et promotions proposées par la Chambre des mines dans le secteur de l’or ayant été rejetées par la base, l’organisation patronale a laissé les entreprises résoudre la crise à leur guise. Concrètement, les employeurs ont la possibilité de licencier si une grève sauvage est déclarée interdite par la justice.
Le numéro un mondial du platine, Anglo American Platinum (Amplats), avait montré l’exemple en licenciant 12.000 grévistes il y a dix jours.
AFP