Ali Zeidan, un ex-opposant au régime de Mouammar Kadhafi, a été élu dimanche soir Premier ministre par l’Assemblée nationale libyenne et a un délai de deux semaines pour former son gouvernement, a indiqué le président de l’Assemblée.
Bénéficiant de l’appui des libéraux, M. Zeidan, 62 ans, l’a emporté avec 93 voix contre 85 pour l’actuel ministre de la Gouvernance locale, Mohamed al-Hrari, appuyé par les islamistes, selon les résultats annoncés par le président de l’assemblée, Mohamed al-Megaryef, à la télévision libyenne.
179 membres du Congrès général national (CGN) étaient présents sur 200.
« Ali Zeidan est le Premier ministre et il lui est demandé de former son gouvernement dans un délai de deux semaines à partir de la date de son élection », a déclaré M. Megaryef.
L’opération de vote a été diffusée en direct par la télévision libyenne.
Selon le règlement intérieur de l’Assemblée, le gouvernement, qui doit être proposé par le nouveau Premier ministre dans les deux semaines, doit obtenir la confiance du CGN.
Si son cabinet est accepté, M. Zeidan prendra officiellement ses fonctions et remplacera le Premier ministre sortant Abdelrahim al-Kib en poste depuis novembre 2011.
En présentant son programme dimanche devant l’assemblée, M. Zeidan, a précisé que la construction d’une armée et d’une police sera « la priorité de ses priorités ».
Il prévoit ainsi « une campagne intensive de formation et de recrutement dans les rangs de la police et de l’armée » en vue d’intégrer de nouveaux éléments et de remplacer les officiers ayant travaillé sous le régime de Mouammar Kadhafi.
Parmi ses priorités, il a cité aussi l’activation de la justice transitionnelle et la réconciliation nationale, au moment où le pays risque de plonger dans la guerre civile, avec la tension qui monte de plus en plus entre tribus rivales, notamment entre Bani Walid, un des derniers bastions de Kadhafi, et la ville voisine de Misrata.
Ex-opposant radical au dictateur défunt Mouammar Kadhafi, Ali Zeidan a reçu le soutien de l’Alliance des forces nationales (AFN, libérale).
Ce diplomate de carrière a passé plus de 30 ans en exil après avoir fait défection en 1980 alors qu’il était en poste à l’ambassade libyenne en Inde, tout comme le président du CGN, Mohamed al-Megaryef, qui était ambassadeur de la Libye à New Delhi.
Il avait rejoint le Front national du salut libyen, une formation qui regroupait les opposants de l’ancien régime en exil, avant de la quitter et de se consacrer depuis Genève à la défense des droits de l’Homme en Libye.
M. al-Hrari, un universitaire de 56 ans, a bénéficié pour sa part des votes des islamistes du Parti de la justice et de la construction (PJC) issu des Frères musulmans ainsi que des indépendants appartenant ou influencés par différents courants islamistes.
L’AFN de Mahmoud Jibril, une coalition de petits partis libéraux menée par des architectes de la révolte de 2011 contre le colonel Kadhafi, détient 39 sièges sur les 80 réservés à des partis politiques.
Le PJC est la deuxième formation politique du Congrès avec 17 sièges.
Les 120 sièges restants sont détenus par des candidats indépendants aux allégeances et convictions diverses.
Le vote est intervenu une semaine après l’éviction du Premier ministre élu Moustapha Abou Chagour par l’Assemblée nationale, qui a rejeté à deux reprises la composition du gouvernement qu’il avait proposée.
Selon M. Abou Chagour, son renvoi, le 7 octobre, a été motivé par son refus d’accepter les exigences de l’AFN et du PJC pour former son cabinet.
M. Abou Chagour, un technocrate de 61 ans, avait été élu Premier ministre par le CGN le 12 septembre avec seulement deux voix d’avance sur le chef de l’alliance des libéraux, Mahmoud Jibril.
AFP