Des affrontements entre les forces de l’ordre et des manifestants protestant contre la réouverture d’une décharge sur l’île de Djerba, haut lieu du tourisme en Tunisie, ont fait 49 blessés parmi les policiers samedi, a indiqué à l’AFP le ministère de l’Intérieur.
« Un grand nombre de manifestants au centre de Guellala ont attaqué un poste de police avec des pierres et des cocktails molotov. Il y a 49 blessés parmi les policiers, des fractures et d’autres blessures à cause des pierres et des cocktails molotov », a relaté Khaled Tarrouche, porte-parole du ministère.
Il a ajouté que seuls deux manifestants avaient été blessés, « cela montre de quel côté la violence venait, du côté des manifestants pas de la police ». Le porte-parole a précisé qu’aucune arrestation n’avait eu lieu.
Selon la même source, six véhicules des forces de l’ordre ont été incendiés.
« Des renforts ont été envoyés », a ajouté le porte-parole, sans en préciser le nombre, assurant qu’en début de soirée « le calme était revenu » dans les rues de cette de ville de 13.000 habitants située au sud de l’île de Djerba.
La manifestation a été déclenchée, selon M. Tarrouche, par la décision des autorités locales de réouvrir jusqu’en 2013 une décharge publique.
Dans la matinée, une quarantaine de manifestants ont bloqué l’accès ce cette décharge, et après l’échec de négociations avec un représentant du parquet et de la police, les forces de l’ordre ont dispersé les manifestants en usant de gaz lacrymogènes.
Dans l’après-midi, une foule beaucoup plus importante a envahi les rues du centre de Guellala et ont attaqué la police, a expliqué M. Tarrouche.
« La loi va être appliquée à tous ceux qui ont participé à ces violences », a-t-il prévenu.
L’île de Djerba, dont les plages sont notamment très prisées des touristes étrangers, avait été jusqu’à présent largement épargnée par ce type de violences, alors qu’ailleurs dans le pays des manifestations dégénèrent régulièrement en affrontements avec la police.
Ainsi vendredi, à Sidi Bouzid, berceau de la révolution de 2011, la police a tiré des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants qui tentaient d’envahir le siège du gouvernorat (préfecture).
Ces actions de protestation qui se multiplient concernent aussi bien la misère, le chômage, les coupures d’eau ou d’électricité et la défaillance du ramassage des ordures depuis la révolution.
La misère et les mauvaises conditions de vie étaient au coeur de la révolution qui a contraint à la fuite le président Zine El Abidine Ben Ali en janvier 2011, marquant le début du Printemps arabe.
Or, le gouvernement, dominé par les islamistes d’Ennahda, est accusé de ne pas avoir répondu aux attentes des Tunisiens en matière économique et sociale.
Si le secteur du tourisme s’est relevé en 2012, avec une croissance de plus de 30% au premier semestre par rapport à la même période de l’année précédente, il n’est pas revenu à son niveau pré-révolutionnaire.
Les autorités ont à ce titre reconnu qu’une amélioration des conditions de sécurité était clé pour ce secteur qui représente 7% du PIB tunisien et emploie quelque 400.000 personnes directement ou indirectement.
AFP