Au moins 310 personnes ont perdu la vie dans deux incendies qui ont ravagé à quelques heures d’intervalle des usines de textile et de chaussures dans les deux plus grandes villes du Pakistan, signes de la fragilité du secteur industriel local.
Le premier incendie, qui s’est déclaré mardi en début de soirée dans une usine de sandales et de semelles en plastique de Lahore (est), a fait 21 morts selon un dernier bilan fourni mercredi par les autorités locales.
Le second, plus meurtrier, a frappé une usine de textile à Karachi (sud), mégalopole de 17 millions d’habitants et coeur du secteur industriel pakistanais. Les autorités avaient fait état d’une dizaine de morts mardi soir, mais le bilan a vingtuplé mercredi.
« Le bilan des victimes est maintenant de 289 morts », a déclaré à l’AFP un haut fonctionnaire de la ville de Karachi, Roshan Shaikh, portant ainsi à au moins 310 le nombre total de victimes dans ces deux incidents.
Les causes exactes de la catastrophe de Karachi n’étaient toutefois pas encore connues mercredi en fin de journée. Mais comme régulièrement au Pakistan dans de pareils cas, l’inadaptation et le manque de sécurité des lieux étaient pointés du doigt.
« L’usine n’avait pas été construite très solidement. Elle fourmillait de gens. Il y avait peu d’espace pour la ventilation et pas de sortie de secours », a ajouté M. Salim. « Malheureusement le propriétaire de l’usine avait condamné toutes les portes sauf celle d’entrée à l’avant de l’édifice », a-t-il détaillé.
« Il y avait entre 600 et 700 personnes dans l’usine lorsqu’elle a pris feu… nous estimons que plusieurs personnes ont réussi à s’échapper mais nous craignons que le bilan ne s’alourdisse encore », a dit à l’AFP Irfan Moton, président de l’Association des industriels de la province du Sindh.
Le ministre de l’Industrie a annoncé l’ouverture d’une enquête pour négligence criminelle visant les propriétaires du site qui ont été placés sur une liste spéciale leur interdisant de quitter le pays. Les autorités ont aussi ordonné aux propriétaires de verser une compensation financière aux familles des victimes.
Une soixantaine d’ouvriers ont échappé aux flammes en se jetant par les fenêtres.
« C’était terrible. Soudain, tout l’étage a été envahi par les flammes et la fumée et la chaleur était tellement intense que nous nous sommes rués vers les fenêtres, avons brisé la grille en métal et la vitre, et nous avons sauté », a raconté à l’AFP Mohammed Saleem, 32 ans, qui s’est brisé la jambe en sautant du 2e étage.
Mohammed Yaqoob, 40 ans, ne sait pas s’il peut se compter parmi les chanceux. Mardi soir, il se sentait fiévreux et avait décidé de ne pas se rendre au travail. « Mais lorsque j’ai vu des images de notre usine à la télévision, je me suis précipité sur les lieux dans l’espoir de retrouver mon frère », a-t-il dit.
Sans nouvelle de son frère à l’usine, Mohammed s’est rendu à l’hôpital. « J’ai vu de nombreux cadavres, mais je n’ai pas réussi à en identifier un seul tellement ils étaient carbonisés », a-t-il confié, en essuyant ses larmes.
Le premier ministre Raja Pervez Ashraf a présenté ses condoléances aux familles des victimes des deux incendies qui montrent la vulnérabilité du secteur manufacturier pakistanais, un des piliers de l’économie de ce pays de plus de 180 millions d’habitants, déjà handicapé par la crise énergétique qui provoque d’incessantes pannes d’électricité.
AFP