Au moins 33 personnes, dont huit policiers, ont été tuées lundi dans l’attaque, par 300 membres d’une communauté rivale, d’un village de Tana River, district rural du sud-est du Kenya théâtre en août d’un des pires massacres tribaux de ces dernières années dans le pays.
La porte-parole de la Croix Rouge kényane Nelly Muluka a indiqué à l’AFP que 33 personnes avaient été tuées lundi et huit blessés hospitalisés, sans pouvoir fournir d’autres détails.
« J’ai compté au moins 32 personnes tuées, dont sept policiers » et un policier est ensuite mort de ses blessures, avait déclaré peu auparavant à l’AFP Caleb Kilande, un secouriste de la Croix-Rouge dans le district de Tana River.
« Parmi les morts figurent cinq femmes, huit enfants, douze hommes », outre les huit policiers, a-t-il poursuivi; « les tensions sont toujours très fortes, mais les affrontements ont cessé ».
Le district de Tana River est le théâtre d’affrontements récurrents entre communautés rivales orma – essentiellement des éleveurs nomades – et pokomo – surtout composée d’agriculteurs sédentaires. Un cycle de violences particulièrement meurtrières oppose les deux communautés depuis un mois environ.
Selon un policier s’exprimant sous le couvert de l’anonymat, l’attaque de lundi a été menée par des pokomo contre un village orma. Selon la Croix-Rouge, le village de Kilelengwani a été attaqué par plus de 300 personnes, des maisons ont été brûlées et des affrontements se sont poursuivis durant la matinée.
Selon une source policière présente sur les lieux, un poste de police, installé récemment dans la zone, ainsi qu’un véhicule, ont été incendiés.
En août, au moins 52 villageois orma avaient été tués à coups de machettes ou brûlées vifs par des Pokomo qui avaient attaqué plusieurs hameaux dans cette même zone de Tarassa (district de Tana River).
Une personne a ensuite été tuée le 1er septembre, puis au moins douze autres une semaine plus tard, dans de nouveaux raids dans la zone, qualifiés de « représailles » par la police. Ni la police ni la Croix-Rouge n’avaient souhaité indiquer qui avait alors attaqué qui.
Selon un député local, l’attaque d’août succédait à une série de violences commencées dix jours plus tôt.
Les deux communautés, installées le long de la rivière Tana se sont déjà violemment affrontées dans le passé sur des questions d’accès à la terre et aux points d’eau. En 2001, des affrontements avaient fait plus de 130 morts.
Corps abandonnés sur place
L’attaque de lundi est « inquiétante car une réunion de paix a rassemblé les deux communautés toute la journée samedi », a déclaré à l’AFP Danson Mungatana, un député de la circonscription. « Quelque chose ne va pas, la violence a éclaté alors qu’une opération de police est en cours pour nettoyer la zone des armes illégales », a-t-il ajouté.
« Les corps n’ont même pas été évacués (…) la situation devient très dangereuse, quelque chose doit être fait de façon urgente », a estimé le secrétaire général de la Croix-Rouge kényane, Abbas Gullet.
Les forces de l’ordre ont été accusées de passivité dans le district de Tana River depuis le massacre août, tuerie la plus meurtrière au Kenya depuis les violences post-électorales de fin 2007 et début 2008, qui avaient dégénéré en affrontements ethniques.
L’ampleur de cette tuerie avait choqué au Kenya mais cache des heurts réguliers à plus petite échelle à travers le pays, souvent passés sous silence.
Plus de 200 personnes ont été tuées au Kenya depuis le début de l’année dans des affrontements à caractère ethnique, dont le schéma rappelle de précédents épisodes de violences politiques, a souligné fin août le secrétaire général de la Croix-Rouge kényane.
Le Kenya doit élire en mars 2013 son nouveau président de la République, qui succèdera à Mwai Kibaki. C’est la réélection contestée de ce dernier, fin 2007, qui avait alors déclenché des semaines de violences où plus de 1.000 personnes étaient mortes.
AFP