Le fils du président équato-guinéen Obiang est visé par un mandat d’arrêt international depuis son refus mercredi de se présenter devant les juges d’instruction chargés de l’enquête dite des « biens mal acquis » qui le soupçonnent d’avoir détourné des fonds publics de son pays.
Les juges d’instruction Roger Le Loire et René Grouman ont décerné ce mandat jeudi, quatre mois après avoir lancé la procédure, et au lendemain d’une deuxième convocation en vue d’une mise en examen de Teodorin Nguema Obiang Mangue restée sans réponse.
Après une spectaculaire perquisition en février dans un somptueux hôtel particulier parisien dans lequel ont été saisis 200 m3 de biens de valeur, les juges avaient convoqué une première fois en mars M. Obiang mais le gouvernement équato-guinéen s’y était opposé en signe de protestation.
Teodorin Obiang a été nommé fin mai deuxième vice-président après avoir exercé la fonction de ministre de l’Agriculture depuis 2008.
« Il bénéficie d’une immunité de juridiction en tant que vice-président de Guinée Equatoriale et ne pouvait donc se rendre à une telle convocation », a dit à l’AFP son avocat Me Emmanuel Marsigny qui dit ne pas avoir été informé d’un mandat d’arrêt.
« Un tel mandat d’arrêt serait nul en raison du statut de M. Obiang et est un non-événement », a-t-il ajouté.
Les ONG Sherpa et Transparence International France, à l’origine de la plainte ayant déclenché l’enquête, ont salué la décision des juges mais restent prudents.
« La diffusion d’un mandat d’arrêt à l’encontre d’un responsable politique en fonction est une étape judiciaire importante. Il est cependant trop tôt pour préjuger de l’issue de la procédure tant les obstacles sont nombreux » a estimé William Bourdon, président de Sherpa et avocat de TI France dans un communiqué.
En particulier, les ONG demandent à la France de s’opposer à la reconnaissance de M. Obiang comme délégué permanent de l’Unesco.
La France « a le pouvoir et le devoir de s’opposer à la nomination de Teodorin Obiang, en lui refusant le titre de séjour spécial auquel sont attachés les privilèges et immunités, permettant ainsi à la justice française de suivre son cours », estime Me Bourdon.
L’enquête française a mis à jour un important patrimoine de la famille Obiang en France, soupçonné d’avoir été acquis avec des fonds publics équato-guinéens.
Lors de la perquisition en février, les enquêteurs avaient saisi une horloge de grande valeur, du mobilier de prestige et d’autres biens précieux, tels des vins de grand cru (Petrus, Romanée-conti…) d’une valeur de plusieurs milliers d’euros la bouteille.
En septembre 2011, la justice avait déjà saisi onze voitures de luxe (Ferrari, Bugatti, etc.) de Teodorin Obiang.
L’avocat de M. Obiang conteste que l’on puisse reprocher à son client un éventuel abus de biens sociaux – une des qualifications intégrées dans le mandat d’arrêt -car « un tel délit n’existe pas en Guinée Equatoriale ».
Parallèlement, la Guinée équatoriale, critiquée pour des violations de droits de l’homme, a gagné un bras de fer de plusieurs années avec les ONG et les pays occidentaux, en obtenant de pouvoir financer un prix de l’Unesco pour la recherche en sciences de la vie, qui sera remis mardi prochain.
Ce prix d’une valeur de trois millions de dollars, voulu par le président de Guinée équatoriale Teodoro Obiang Nguema, avait été créé en 2008.
Mais face aux polémiques et faute de consensus, sa remise était suspendue depuis 2010. Et M. Obiang Nguema a accepté que le prix ne porte plus son nom, comme prévu à l’origine, mais seulement celui de son pays.
AFP