Le procès en appel de huit policiers congolais accusés de l’assassinat en 2010 du militant des droits de l’Homme Floribert Chebeya, dont cinq ont été condamnés en 2011, s’est ouvert mardi devant la Haute cour militaire à Kinshasa, où le chef de la police a été au coeur des débats.
Cinq accusés ont comparu, trois autres étant jugés par contumace car en fuite, comme lors du premier procès, a constaté l’AFP.
Le 23 juin 2011, la cour militaire de Kinshasa a condamné à la peine de mort les trois fuyards et le principal accusé, le colonel Daniel Mukalay, N.2 des services spéciaux de la police, et un cinquième à la prison à perpétuité. Trois policiers ont été acquittés.
Les huit sont notamment rejugés pour association de malfaiteurs, enlèvement et assassinat.
Militant respecté et connu, Floribert Chebeya, 47 ans, directeur de l’ONG Voix des sans-voix (VSV), s’était rendu le 1er juin 2010, avec son chauffeur Fidèle Bazana, à l’Inspection générale de la police à Kinshasa pour un rendez-vous avec le général Numbi, chef de la police.
M. Chebeya a été retrouvé mort le lendemain dans sa voiture sur une route en périphérie de la capitale, les poignets portant des marques de menottes.
La disparition de son chauffeur n’a jamais été élucidée et la cour au premier procès avait refusé de la requalifier en assassinat, comme le réclament les parties civiles, constituées des familles Chebeya et Bazana et de deux ONG dont la VSV.
Le général Numbi, suspendu depuis les faits, a témoigné en 2011 et affirmé n’avoir « jamais » donné rendez-vous au militant.
Les parties civiles le considèrent comme le « suspect numéro un » et ont à nouveau réclamé mardi qu’il soit traduit devant la Haute cour, seule habilitée à le juger, à condition qu’à l’audience cette instance soit présidée par un juge ayant aussi le grade de général.
M. Numbi « a comme juge naturel la Haute cour militaire. Il l’a échappé devant la cour militaire mais (…) je crois que cette Haute cour assumera ses responsabilités », a déclaré hors audience Me Charles Bondo, pour les parties civiles.
Toutefois, la juridiction a été présidée mardi par un colonel, une « faille » dénoncée par l’avocat.
Le procès reprendra le 17 juillet à la prison de Makala à Kinshasa, comme en première instance, en raison de l’étroitesse de la salle d’audience de la Haute cour militaire.
AFP