Chroniqueur des bouleversements africains depuis près de quarante ans, l’écrivain congolais Emmanuel Dongala observe avec prudence les révolutions arabes, qui lui rappellent « l’euphorie du printemps africain des années 1990 » et les désillusions qui lui ont succédé. « Avant le printemps arabe – on l’a un peu oublié -, il y eut le +printemps d’Afrique noire+, lorsque les partis uniques se sont effondrés au profit du multipartisme », observe l’auteur de 71 ans, invité des Assises internationales du roman à Lyon, dans un entretien à l’AFP.
Dans un discours fameux prononcé à La Baule en 1990, François Mitterrand avait conditionné l’aide française à la démocratisation des régimes africains, suscitant « beaucoup d’espoir », rappelle ce scientifique de formation, proche de l’écrivain Philip Roth, qui enseigne la chimie aux Etats-Unis.
Des « conférences nationales » avaient été tenues dans plusieurs pays « dans un climat euphorique », où prévalait le désir de chasser les autocrates au pouvoir, se souvient l’auteur de six ouvrages dont « Johnny Chien Méchant », saisissant portrait d’enfant-soldat adapté au cinéma en 2008.
« Exactement comme les Egyptiens se sont unis derrière le +Moubarak, dégage!+ », les Congolais « ont chassé Denis Sassou NGuesso », au pouvoir depuis 1979, au terme d’élections arrachées après de longues grèves générales, poursuit Emmanuel Dongala.
« En un mois, on a eu 70 partis. Mais faute de culture démocratique, c’était 70 +partis uniques+, alignés derrière leurs chefs. Profitant de la pagaille, les hommes forts sont revenus par le biais d’élections truquées », déplore l’écrivain, exilé depuis la guerre civile qui a déchiré le Congo en 1997.
Des romans « visant l’universel »
L’ancien militant tiers-mondiste, résolu à « tout donner » à son pays avant de se résigner à le fuir, a sympathisé pendant les Assises du roman avec l’Egyptien Alaa El Aswani, auteur de « L’immeuble Yacoubian » et chroniqueur de la révolution égyptienne.
« Le plus dur commence quand on sort de l’unanimité +contre+ quelqu’un et qu’il faut imaginer la suite », à l’image de la situation actuelle en Egypte, Tunisie et Libye, estime-t-il.
« Dans beaucoup de pays africains, on a les attributs extérieurs de la démocratie mais c’est une coquille vide. Les mêmes restent au pouvoir 20 ans et les médecins et intellectuels cherchent leur salut ailleurs », poursuit-il, même s’il y a « des progrès au Ghana et l’alternance au Sénégal ».
La corruption, la confiscation des ressources pétrolières et le mépris des plus pauvres forment d’ailleurs la trame de son dernier roman, « Portrait de groupe au bord du fleuve » (2010), sur le combat de femmes casseuses de pierres pour être justement rémunérées.
Dans ce roman comme dans les précédents, traduits dans une quinzaine de langues dont l’hébreu et le grec, les indications de lieux sont discrètes et Dongala « vise l’universel », cherchant à traduire « la condition féminine » comme il l’avait fait pour les enfants perdus ou les idéalistes post-coloniaux.
Maniant indignation et humour dans une langue attentive au quotidien, Emmanuel Dongala se définit comme « un écrivain africain faisant de la littérature tout court », pourvu qu’elle soit « ouverte sur le monde ».
« Mon premier roman, +Un fusil dans la main, un poème dans la poche+ (1973) était écrit avec les tripes. Les autres sont plus mûris, mais j’y crois profondément. Je reste du côté des opprimés, même si c’est grandiloquent », résume-t-il.
Dans un discours fameux prononcé à La Baule en 1990, François Mitterrand avait conditionné l’aide française à la démocratisation des régimes africains, suscitant « beaucoup d’espoir », rappelle ce scientifique de formation, proche de l’écrivain Philip Roth, qui enseigne la chimie aux Etats-Unis.
Des « conférences nationales » avaient été tenues dans plusieurs pays « dans un climat euphorique », où prévalait le désir de chasser les autocrates au pouvoir, se souvient l’auteur de six ouvrages dont « Johnny Chien Méchant », saisissant portrait d’enfant-soldat adapté au cinéma en 2008.
« Exactement comme les Egyptiens se sont unis derrière le +Moubarak, dégage!+ », les Congolais « ont chassé Denis Sassou NGuesso », au pouvoir depuis 1979, au terme d’élections arrachées après de longues grèves générales, poursuit Emmanuel Dongala.
« En un mois, on a eu 70 partis. Mais faute de culture démocratique, c’était 70 +partis uniques+, alignés derrière leurs chefs. Profitant de la pagaille, les hommes forts sont revenus par le biais d’élections truquées », déplore l’écrivain, exilé depuis la guerre civile qui a déchiré le Congo en 1997.
Des romans « visant l’universel »
L’ancien militant tiers-mondiste, résolu à « tout donner » à son pays avant de se résigner à le fuir, a sympathisé pendant les Assises du roman avec l’Egyptien Alaa El Aswani, auteur de « L’immeuble Yacoubian » et chroniqueur de la révolution égyptienne.
« Le plus dur commence quand on sort de l’unanimité +contre+ quelqu’un et qu’il faut imaginer la suite », à l’image de la situation actuelle en Egypte, Tunisie et Libye, estime-t-il.
« Dans beaucoup de pays africains, on a les attributs extérieurs de la démocratie mais c’est une coquille vide. Les mêmes restent au pouvoir 20 ans et les médecins et intellectuels cherchent leur salut ailleurs », poursuit-il, même s’il y a « des progrès au Ghana et l’alternance au Sénégal ».
La corruption, la confiscation des ressources pétrolières et le mépris des plus pauvres forment d’ailleurs la trame de son dernier roman, « Portrait de groupe au bord du fleuve » (2010), sur le combat de femmes casseuses de pierres pour être justement rémunérées.
Dans ce roman comme dans les précédents, traduits dans une quinzaine de langues dont l’hébreu et le grec, les indications de lieux sont discrètes et Dongala « vise l’universel », cherchant à traduire « la condition féminine » comme il l’avait fait pour les enfants perdus ou les idéalistes post-coloniaux.
Maniant indignation et humour dans une langue attentive au quotidien, Emmanuel Dongala se définit comme « un écrivain africain faisant de la littérature tout court », pourvu qu’elle soit « ouverte sur le monde ».
« Mon premier roman, +Un fusil dans la main, un poème dans la poche+ (1973) était écrit avec les tripes. Les autres sont plus mûris, mais j’y crois profondément. Je reste du côté des opprimés, même si c’est grandiloquent », résume-t-il.