dimanche, décembre 22, 2024
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La Grèce aura du mal à former un gouvernement après le séisme des législatives

La Grèce aura du mal à former un gouvernement après le séisme des législatives
 La Grèce aura sans doute bien du mal à constituer un gouvernement cette semaine, après le séisme des élections législatives dimanche qui ont laminé les deux partis historiques pro-austérité et pro-Europe et envoyé pour la première fois des néonazis au parlement grec. Sur les cendres du bipartisme à la grecque, les partis opposés à un accroissement de l’austérité ont raflé, en incluant les néonazis, près de 60% des voix, selon un sondage sortie des urnes.
Les deux grands gagnants du scrutin sont la formation de gauche radicale, Syriza, opposée au memorandum d’accord de la Grèce avec les bailleurs de fonds du pays, qui devient la deuxième force politique du pays, et le parti néonazi Chryssi Avghi (Aube dorée) qui fait une entrée en force au parlement, pour la première fois.
Le deux grands partis historiques, le Pasok socialiste et la Nouvelle Démocratie (droite,) en revanche, parviennent à eux deux péniblement aux 151 sièges de majorité au parlement, un score jugé très fragile pour former un gouvernement de coalition stable et garantir la poursuite du programme de rigoureuse austérité dicté par l’UE et le FMI, selon les résultats basés sur 60% des dépouillements.

Flanqué d’une quinzaine de jeunes hommes à la tête rasée, le dirigeant néonazi, Nikos Mihaloliakos, a affirmé dès dimanche soir que son groupe allait lutter contre les « usuriers mondiaux » et « l’esclavage » imposé selon lui au pays par l’UE et le FMI en échange de leur aide financière.
« L’heure de la peur a sonné pour les traîtres à la patrie », a menacé ce quinquagénaire, affublé du sobriquet de « Fuhrer » par la presse grecque.
Ex-groupuscule semi-clandestin aux méthodes notoirement violentes et aux thèses racistes et antiparlementaires, Chryssi Avghi a obtenu 21 deputés sur 300 au parlement grec, avec 6,9% des voix, selon les résultats basés sur 60% des dépouillements.
Le parlement grec, dont la composition est encore loin d’être bouclée, offrira ainsi la particularité d’accueillir sur les mêmes bancs ces nouveaux députés et le vieux héros de la résistance Manolis Glézos, 89 ans, qui avait décroché le drapeau hitlérien du sommet de l’Acropole à 18 ans, et se retrouve élu sous l’étiquette du Syriza.
Dimanche soir, le dirigeant de ce parti et benjamin de la vie politique grecque, Alexis Tsipras, 37 ans, a pris un bain de foule au milieu de ses partisans dans le centre d’Athènes.
Selon lui, le résultat du scrutin de dimanche « a privé de toute légitimité le mémorandum » d’accord prévoyant une cure d’austérité en Grèce en échange de prêts internationaux d’un total prévu de 240 milliards d’euros destinés à sauver le pays de la faillite.

La Grèce aura du mal à former un gouvernement après le séisme des législatives
« Notre programme est un gouvernement de gauche qui annule le mémorandum (…) nous ferons tout pour que le pays ait un gouvernement qui dénonce l’accord de prêt » avec l’Union européenne et le FMI, a-t-il insisté.
Son parti, crédité de 50 sièges au parlement (16,24% des voix), demande la suspension du service de la dette, l’effacement d’une partie de la dette publique et des mesures de relance. Il ne réclame pas la sortie de la Grèce de l’euro, mais le Pasok socialiste l’a durant la campagne souvent accusé d’y conduire le pays.
« Même si les grands partis font une coalition, ça ne durera pas et nous serons là », professait Elizabeth Mellis, une militante quinquagénaire dans la foule.
La percée du Syriza pourrait priver de tout espoir de majorité une coalition d’unité nationale visant à garantir le maintien du pays dans l’euro, à laquelle ont appelé dans la soirée les dirigeants des deux partis gouvernementaux sortants, le conservateur Antonis Samaras et le socialiste Evangélos Vénizélos, laminés dans les urnes pour leur ralliement à l’austérité.
La Nouvelle Démocratie de M. Samaras, seul parti avec le Pasok à avoir signé avec l’Union européenne un engagement à poursuivre la politique de rigueur et de réformes, est bien devenu, comme prévu, premier parti de Grèce.
 Mais son score historiquement bas, à 19,82% et 111 sièges de députés, devrait rendre la constitution d’un gouvernement stable presque impossible, selon les premiers commentaires.
M. Samaras a proposé dimanche soir la formation « d’un gouvernement de salut national » pour maintenir la Grèce dans l’euro, en s’engageant à « changer la politique du mémorandum » d’austérité.
Selon Panayotis Petrakis, professeur d’économie financière à l’université d’Athènes, « le pays a encore une petite marge de manoeuvre grâce à la victoire de François Hollande en France, qui devrait empêcher que l’Europe nous lâche brutalement ». Mais il faudrait « vite un gouvernement de technocrates », au risque sinon d’un retour rapide aux urnes.
Le Pasok, dont l’ancien patron Georges Papandréou avait sollicité le secours de l’UE et du Fonds Monétaire International en mai 2010, sort du scrutin écrasé et recueille 13,64% des voix, contre 43,9% en 2009 (42 députés), puni pour avoir accepté les conditions d’austérité drastique attachées à l’aide.
 « C’est un séisme politique » a estimé sur la chaîne Mega, Panos Panagiotopoulos, un ténor de la Nouvelle Démocratie.
La campagne a été dominée par la contestation de la politique d’austérité qui a brutalement réduit le niveau de vie des Grecs à coups de baisses de salaires et pensions et de rafales de taxes.

AFP

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