La tension pré-électorale
Les violences pré-électorales ont fait craindre le pire pour cette journée du 26 février, jour de premier tour des élections présidentielles. Tous les observateurs, les candidats également, louent la maturité et la sagesse démocratique de ce peuple. Aucun incident majeur n’a été déploré tout au long de la journée. Cela contrastait avec les semaines précédentes. Depuis l’annonce par la Cour Constitutionnelle de la validité de la 3ème candidature d’Abdoulaye Wade pour la magistrature suprême et du recalage de celle du chanteur Youssou N’Dour, les manifestations ont débuté comme de coutume à la place de l’Obélisque avant de se propager un peu partout sur le territoire. Les affrontements avec les forces de l’ordre ont été parfois très violents. Le bilan officiel faisait état de six à quinze morts. Les sources de la Croix-Rouge, ont affirmé que ses 700 volontaires avaient porté secours à plus de 150 blessés.
Le mouvement du 23 juin dit « M23 » et le groupe de rappeur « Y en a marre » étaient à la pointe des manifestations. Au fur et à mesure que l’échéance du premier tour se rapprochait, les mots d’ordre se durcissaient malgré l’interdiction décrétée par les autorités ; ce qui faisait craindre un basculement vers une violence incontrôlée car les policiers et les gendarmes n’utilisaient plus que du gaz lacrymogène pour disperser les sympathisants du M23 et auraient fait usage d’armes à feu.
La forte mobilisation, du début du mois de février, s’est peu à peu essoufflée et n’a jamais pu atteindre la masse critique pour escompter le report des élections présidentielles. Les principaux candidats à la présidentielle qui s’étaient tous mobilisés derrière le mouvement de citoyens se sont retirés. Ils se sont rendu compte qu’il fallait se démarquer très rapidement au risque de perdre des voix au moment du vote.
Les observateurs étrangers
Les observateurs internationaux se sont surtout attachés à préparer le terrain électoral pour assurer le maximum de transparence au moment du scrutin. La récrimination de Tommaso Caprioglio, Chef adjoint de la mission d’observation de l’UE au Sénégal était-elle légitime ou pas ? Il a déploré, à la veille des élections, que « la Commission Electorale Nationale Autonome (CENA) et le ministère chargé des élections n’aient pas communiqué sur les opérations de distributions de carte d’électeurs. Dans certains départements comme celui de Mbacké, les observateurs ont constaté beaucoup de retard ».
Les derniers tours de meeting
Tous les candidats ont tant bien que mal fini par boucler leur calendrier de meetings. Ils ont pu sillonner tout le territoire avant d’assurer la der des ders à Dakar le vendredi 24 février, dernier jour légal de la propagande. C’est ce jour-là qu’a choisi Olusegun Obasanjo, l’ancien président de la République du Nigéria pour faire son apparition comme un deus ex machina sur la scène dakaroise. Il est, en fait, arrivé à Dakar en portant la casquette de Directeur de la mission des observateurs de l’UA pour les élections présidentielles sénégalaises et à proposé une « feuille de route ». Elle stipule que le président sortant ne reste que deux ans au pouvoir ; ce qui implicitement suppose la victoire d’Abdoulaye Wade ! Les réactions des leaders de M23 et des candidats à la présidentielles furent très mitigées pour ne pas dire que cette proposition a essuyé un refus poli.
Gorgui Wade (le vieux Wade en wolof) a voulu un meeting grandiose qui marquera les esprits pour qui douterait encore de sa victoire dès le premier tour. Ce fut un grand barnum avec son flot de camions sonorisés qui convergeait vers le podium et les tribunes. L’endroit choisi est très symbolique. Il s’agit du domicile du Cheikh Béthio Thioune, un grand marabout de la confrérie des Mourides, qui a apporté son soutien et donc le vote de ses affiliés au président sortant.
Les principaux adversaires du candidat Abdoulaye Wade ont organisé leurs meetings en ordre dispersé alors qu’un dernier front commun aurait eu un peu plus d’échos. Le candidat du Parti Socialiste Ousmane Tanor Dieng a rassemblé ses supporters dans un stade situé à proximité du quartier Médina. Moustapha Niasse de la coalition Benno Siggil Senegaal, endeuillé par le décès de deux de ses partisans, ne voulait pas faire trop de ramdam, se contentant d’une caravane discrète. Seul Macky2012 a rivalisé en moyens avec les Forces Alliées pour la Victoire 2012 (FAL 2012), l’écurie du président sortant. Des milliers de militants se sont réunis au stade Alassane Djigo de Pikine, une banlieue dakaroise pour scander des slogans invitants le Gorgui à rendre son tablier. Avec une finale assurée par l’artiste Doudou Ndiaye Mbengue et sa chanson intitulée « Macky amna ndam » (littéralement Macky a gagné).
Veillées d’armes avant le résultat du premier tour
Le scrutin s’est déroulé dans un pays étonnamment calme. Le seul incident majeur reste les quolibets que le candidat Abdoulaye Wade avaient reçus au moment de glisser son bulletin dans l’urne. Des centaines de personnes se sont agglutinées devant son bureau de vote pour le huer en scandant : « Wade dégage ! ». Une réponse du berger à la bergère car les sénégalais n’ont toujours pas digéré que le président sortant se représente à plus de 85 ans passés, en violant la Constitution et reniant ainsi sa parole pour réintroduire le septennat avec cette phrase : « je l’ai dit, je me dédis ».
Que ceux qui redoutaient des tripatouillages et autres bourrage d’urnes ont eu la langue fourchue. Mais lorsqu’un président sortant en était persuadé, c’est qu’il aurait mis en place un système de fraude massif. Les radios et les télévisions ont égrené les résultats de chaque bureau de vote. Les sénégalais ont retenu la leçon des élections présidentielles de l’an 2000. Ne faisant pas confiance à l’appareil administratif du gouvernement d’Abdou Diouf, la population avait mis en place un système de rapatriement de procès-verbaux en parallèle. La radio était le média le plus en pointe par la diffusion des résultats circonscription par circonscription.
Que fait la CENA ? Dès le lundi soir, les résultats de 282 collectivités locales sur 551 ont été dépouillés. Chose inhabituelle, c’est le candidat Wade qui l’annonce de son palais présidentiel. Il a ensuite rajouté que tout est encore possible, victoire ou second tour car nous sommes en tête à 32,17% contre 25,24% pour mon suivant ». Constat amer pour un candidat qui a l’habitude de fêter sa victoire dès le soir du 1er tour. Et qui doit déclarer en substance : « les PDS et ses alliés vont explorer toutes les possibilités d’entente avec d’autres forces politiques pour assurer les conditions d’une victoire finale ».
Pourtant chaque QG de campagne des différents candidats avait déjà quelques tendances et avait leurs chiffres. Le grand perdant fut sans doute le PS qui, encore une fois, ne se remettra jamais de la défaite d’Abdou Diouf en 2000. Ousmane Tanor Dieng, le candidat malheureux caressait l’espoir de figurer au second tour. Dès le soir du scrutin, il savait déjà qu
’il serait au-delà de la troisième place. Il a réussi à redresser le PS, à renouveler ses cadres. Moralité : le peuple sénégalais a définitivement tourné le dos au socialisme. Tandis qu’au QG de l’Alliance Pour la République (APR), on a du mal à cacher sa joie : Macky Sall est sûr d’affronter au second tour le président sortant.
Les jeux d’alliance
Les candidats ayant remporté plus de 10% de voix seront les arbitres du duel du second tour. Idrissa Seck fut également le grand perdant de ce premier tour. A-t-il payé pour avoir été le candidat à la présidentielle le plus en vue lors des manifestations de M23 ces dernières semaines ? Ou bien, que les électeurs se méfient-ils de cet enfant prodigue du PDS ? Dauphin désigné du président Wade avant de tomber en disgrâce en 2005, il n’a jamais démenti son retour au bercail. Mais il s’était présenté contre Abdoulaye Wade en 2007. Quel sera son mot d’ordre et sa consigne de vote, cette fois-ci ?
Le président sortant Wade a-t-il encore des cartouches pour le second tour ? « Explorer les possibilités d’entente… » tels étaient ses propos lors de sa première intervention télévisée au lendemain du 1er tour. Cela ressemble fort à un appel de pieds envers les libéraux. Mais les portes semblent fermées du côté de son ex-premier ministre Moustapha Niasse de Bennoo Siggil Senegaal (BSS) qui a définitivement déclaré « sa candidature est anticonstitutionnelle, il ne peut être question que Bennoo soutienne ou travaille directement et indirectement avec le candidat Wade… ». Côté PS, Ousmane Tanor Dieng exclut également toute discussion avec le candidat des FAL 2012.
Quant à Macky Sall, que pourrait-il offrir à celui ou ceux qui le soutiendrai(en)t : un poste de chef de gouvernement, des portefeuilles ministériels ? Il serait très difficile de remonter la pente car les instances du M23 et les autres candidats lui reprochent d’avoir fait cavalier seul alors qu’il a signé la déclaration du 2 février. Sa première visite fut au domicile d’Amadou Makhtar Mbow, l’ancien Directeur Général de l’Unesco. Ce dernier fut à l’origine du mouvement Front Siggil Senegaal (Sénégal debout en wolof) qui a organisé les Assises Nationales de 2008 et 2009. Au sortir de sa visite de courtoisie, Macky Sall s’est fendue d’une déclaration sans équivoque : « je réitère mes engagements en faveur des conclusions des Assises Nationales ».
La meilleure réserve de voix se trouve parmi les 40% d’électeurs qui ne se sont pas déplacés lors du premier tour. Ce sont des gens qui sont dégoutés de la vie politique. Ils ont espéré un changement (le Sopi) qui n’est jamais arrivé depuis une décennie de wadisme. La majorité silencieuse doit se mobiliser. Mais les sénégalais sont sceptiques face à des statistiques éloquentes : 47% de la population active est au chômage et ils sont plus de 54% à vivre sous le seuil de pauvreté. Faut-il encore choisir entre le Gorgui Wade, qui n’ira pas au bout de son mandat ou se coltiner un autre libéral Macky Sall qui fut, rappelons-le un de ses premiers ministres ?
Les violences pré-électorales ont fait craindre le pire pour cette journée du 26 février, jour de premier tour des élections présidentielles. Tous les observateurs, les candidats également, louent la maturité et la sagesse démocratique de ce peuple. Aucun incident majeur n’a été déploré tout au long de la journée. Cela contrastait avec les semaines précédentes. Depuis l’annonce par la Cour Constitutionnelle de la validité de la 3ème candidature d’Abdoulaye Wade pour la magistrature suprême et du recalage de celle du chanteur Youssou N’Dour, les manifestations ont débuté comme de coutume à la place de l’Obélisque avant de se propager un peu partout sur le territoire. Les affrontements avec les forces de l’ordre ont été parfois très violents. Le bilan officiel faisait état de six à quinze morts. Les sources de la Croix-Rouge, ont affirmé que ses 700 volontaires avaient porté secours à plus de 150 blessés.
Le mouvement du 23 juin dit « M23 » et le groupe de rappeur « Y en a marre » étaient à la pointe des manifestations. Au fur et à mesure que l’échéance du premier tour se rapprochait, les mots d’ordre se durcissaient malgré l’interdiction décrétée par les autorités ; ce qui faisait craindre un basculement vers une violence incontrôlée car les policiers et les gendarmes n’utilisaient plus que du gaz lacrymogène pour disperser les sympathisants du M23 et auraient fait usage d’armes à feu.
La forte mobilisation, du début du mois de février, s’est peu à peu essoufflée et n’a jamais pu atteindre la masse critique pour escompter le report des élections présidentielles. Les principaux candidats à la présidentielle qui s’étaient tous mobilisés derrière le mouvement de citoyens se sont retirés. Ils se sont rendu compte qu’il fallait se démarquer très rapidement au risque de perdre des voix au moment du vote.
Les observateurs étrangers
Les observateurs internationaux se sont surtout attachés à préparer le terrain électoral pour assurer le maximum de transparence au moment du scrutin. La récrimination de Tommaso Caprioglio, Chef adjoint de la mission d’observation de l’UE au Sénégal était-elle légitime ou pas ? Il a déploré, à la veille des élections, que « la Commission Electorale Nationale Autonome (CENA) et le ministère chargé des élections n’aient pas communiqué sur les opérations de distributions de carte d’électeurs. Dans certains départements comme celui de Mbacké, les observateurs ont constaté beaucoup de retard ».
Les derniers tours de meeting
Tous les candidats ont tant bien que mal fini par boucler leur calendrier de meetings. Ils ont pu sillonner tout le territoire avant d’assurer la der des ders à Dakar le vendredi 24 février, dernier jour légal de la propagande. C’est ce jour-là qu’a choisi Olusegun Obasanjo, l’ancien président de la République du Nigéria pour faire son apparition comme un deus ex machina sur la scène dakaroise. Il est, en fait, arrivé à Dakar en portant la casquette de Directeur de la mission des observateurs de l’UA pour les élections présidentielles sénégalaises et à proposé une « feuille de route ». Elle stipule que le président sortant ne reste que deux ans au pouvoir ; ce qui implicitement suppose la victoire d’Abdoulaye Wade ! Les réactions des leaders de M23 et des candidats à la présidentielles furent très mitigées pour ne pas dire que cette proposition a essuyé un refus poli.
Gorgui Wade (le vieux Wade en wolof) a voulu un meeting grandiose qui marquera les esprits pour qui douterait encore de sa victoire dès le premier tour. Ce fut un grand barnum avec son flot de camions sonorisés qui convergeait vers le podium et les tribunes. L’endroit choisi est très symbolique. Il s’agit du domicile du Cheikh Béthio Thioune, un grand marabout de la confrérie des Mourides, qui a apporté son soutien et donc le vote de ses affiliés au président sortant.
Les principaux adversaires du candidat Abdoulaye Wade ont organisé leurs meetings en ordre dispersé alors qu’un dernier front commun aurait eu un peu plus d’échos. Le candidat du Parti Socialiste Ousmane Tanor Dieng a rassemblé ses supporters dans un stade situé à proximité du quartier Médina. Moustapha Niasse de la coalition Benno Siggil Senegaal, endeuillé par le décès de deux de ses partisans, ne voulait pas faire trop de ramdam, se contentant d’une caravane discrète. Seul Macky2012 a rivalisé en moyens avec les Forces Alliées pour la Victoire 2012 (FAL 2012), l’écurie du président sortant. Des milliers de militants se sont réunis au stade Alassane Djigo de Pikine, une banlieue dakaroise pour scander des slogans invitants le Gorgui à rendre son tablier. Avec une finale assurée par l’artiste Doudou Ndiaye Mbengue et sa chanson intitulée « Macky amna ndam » (littéralement Macky a gagné).
Veillées d’armes avant le résultat du premier tour
Le scrutin s’est déroulé dans un pays étonnamment calme. Le seul incident majeur reste les quolibets que le candidat Abdoulaye Wade avaient reçus au moment de glisser son bulletin dans l’urne. Des centaines de personnes se sont agglutinées devant son bureau de vote pour le huer en scandant : « Wade dégage ! ». Une réponse du berger à la bergère car les sénégalais n’ont toujours pas digéré que le président sortant se représente à plus de 85 ans passés, en violant la Constitution et reniant ainsi sa parole pour réintroduire le septennat avec cette phrase : « je l’ai dit, je me dédis ».
Que ceux qui redoutaient des tripatouillages et autres bourrage d’urnes ont eu la langue fourchue. Mais lorsqu’un président sortant en était persuadé, c’est qu’il aurait mis en place un système de fraude massif. Les radios et les télévisions ont égrené les résultats de chaque bureau de vote. Les sénégalais ont retenu la leçon des élections présidentielles de l’an 2000. Ne faisant pas confiance à l’appareil administratif du gouvernement d’Abdou Diouf, la population avait mis en place un système de rapatriement de procès-verbaux en parallèle. La radio était le média le plus en pointe par la diffusion des résultats circonscription par circonscription.
Que fait la CENA ? Dès le lundi soir, les résultats de 282 collectivités locales sur 551 ont été dépouillés. Chose inhabituelle, c’est le candidat Wade qui l’annonce de son palais présidentiel. Il a ensuite rajouté que tout est encore possible, victoire ou second tour car nous sommes en tête à 32,17% contre 25,24% pour mon suivant ». Constat amer pour un candidat qui a l’habitude de fêter sa victoire dès le soir du 1er tour. Et qui doit déclarer en substance : « les PDS et ses alliés vont explorer toutes les possibilités d’entente avec d’autres forces politiques pour assurer les conditions d’une victoire finale ».
Pourtant chaque QG de campagne des différents candidats avait déjà quelques tendances et avait leurs chiffres. Le grand perdant fut sans doute le PS qui, encore une fois, ne se remettra jamais de la défaite d’Abdou Diouf en 2000. Ousmane Tanor Dieng, le candidat malheureux caressait l’espoir de figurer au second tour. Dès le soir du scrutin, il savait déjà qu
’il serait au-delà de la troisième place. Il a réussi à redresser le PS, à renouveler ses cadres. Moralité : le peuple sénégalais a définitivement tourné le dos au socialisme. Tandis qu’au QG de l’Alliance Pour la République (APR), on a du mal à cacher sa joie : Macky Sall est sûr d’affronter au second tour le président sortant.
Les jeux d’alliance
Les candidats ayant remporté plus de 10% de voix seront les arbitres du duel du second tour. Idrissa Seck fut également le grand perdant de ce premier tour. A-t-il payé pour avoir été le candidat à la présidentielle le plus en vue lors des manifestations de M23 ces dernières semaines ? Ou bien, que les électeurs se méfient-ils de cet enfant prodigue du PDS ? Dauphin désigné du président Wade avant de tomber en disgrâce en 2005, il n’a jamais démenti son retour au bercail. Mais il s’était présenté contre Abdoulaye Wade en 2007. Quel sera son mot d’ordre et sa consigne de vote, cette fois-ci ?
Le président sortant Wade a-t-il encore des cartouches pour le second tour ? « Explorer les possibilités d’entente… » tels étaient ses propos lors de sa première intervention télévisée au lendemain du 1er tour. Cela ressemble fort à un appel de pieds envers les libéraux. Mais les portes semblent fermées du côté de son ex-premier ministre Moustapha Niasse de Bennoo Siggil Senegaal (BSS) qui a définitivement déclaré « sa candidature est anticonstitutionnelle, il ne peut être question que Bennoo soutienne ou travaille directement et indirectement avec le candidat Wade… ». Côté PS, Ousmane Tanor Dieng exclut également toute discussion avec le candidat des FAL 2012.
Quant à Macky Sall, que pourrait-il offrir à celui ou ceux qui le soutiendrai(en)t : un poste de chef de gouvernement, des portefeuilles ministériels ? Il serait très difficile de remonter la pente car les instances du M23 et les autres candidats lui reprochent d’avoir fait cavalier seul alors qu’il a signé la déclaration du 2 février. Sa première visite fut au domicile d’Amadou Makhtar Mbow, l’ancien Directeur Général de l’Unesco. Ce dernier fut à l’origine du mouvement Front Siggil Senegaal (Sénégal debout en wolof) qui a organisé les Assises Nationales de 2008 et 2009. Au sortir de sa visite de courtoisie, Macky Sall s’est fendue d’une déclaration sans équivoque : « je réitère mes engagements en faveur des conclusions des Assises Nationales ».
La meilleure réserve de voix se trouve parmi les 40% d’électeurs qui ne se sont pas déplacés lors du premier tour. Ce sont des gens qui sont dégoutés de la vie politique. Ils ont espéré un changement (le Sopi) qui n’est jamais arrivé depuis une décennie de wadisme. La majorité silencieuse doit se mobiliser. Mais les sénégalais sont sceptiques face à des statistiques éloquentes : 47% de la population active est au chômage et ils sont plus de 54% à vivre sous le seuil de pauvreté. Faut-il encore choisir entre le Gorgui Wade, qui n’ira pas au bout de son mandat ou se coltiner un autre libéral Macky Sall qui fut, rappelons-le un de ses premiers ministres ?
Lamine THIAM