Deux organisations américaines au moins, le National Democratic Institute (NDI) et l’International Republican Institute (IRI), figurent parmi elles, selon des sources judiciaires et des militants. Proches respectivement du parti démocrate et du parti républicain américains, le NDI et l’IRI ont pour objectif affiché de promouvoir la démocratie et renforcer la société civile.
Les Etats-Unis se sont dits « profondément inquiets » des perquisitions égyptiennes.
« Nous demandons au gouvernement égyptien de mettre fin immédiatement au harcèlement des équipes d’ONG (et) de rendre tous les biens saisis », a déclaré la porte-parole du département d’Etat, Victoria Nuland.
L’IRI s’est dite « consternée », estimant « ironique que même à l’époque de Moubarak (le président égyptien renversé en février, ndlr) l’IRI n’ait jamais été soumise à de tels actes ».
Le NDI, qui a dit mener une mission d’observation des élections égyptiennes, a indiqué que la police avait saisi « des équipements et des documents », sans fournir « aucun mandat ou explication ».
« Réprimer sévèrement des organisations dont le but est de soutenir le processus démocratique pendant la transition historique en Egypte envoie un signal alarmant », a jugé dans un communiqué le président de l’organisation Kenneth Wollack.
Les perquisitions ont aussi visé, entre autres, le Centre arabe pour l’indépendance de la justice, une organisation égyptienne, a déclaré son directeur Nasser Amine.
Ces perquisitions répondent à une demande « des juges d’instruction chargés de l’affaire des financements étrangers illicites d’organisations non-gouvernementales », selon le communiqué officiel.
Ces associations sont accusées de ne pas avoir obtenu les autorisations nécessaires pour exercer leur activité et recevoir des financements étrangers, soumis à des strictes conditions de la part des autorités. Aucune arrestation n’a toutefois été rapportée.
Les autorités égyptiennes avaient annoncé en août dernier l’ouverture d’une enquête sur le financement illégal présumé d’ONG égyptiennes par des fonds d’origine étrangère.
Des sources judiciaires avaient indiqué à l’époque que l’enquête se concentrait sur des fonds d’origine américaine.
Proches alliés de l’Egypte depuis des décennies, les Etats-Unis ont haussé à plusieurs reprises le ton face aux autorités militaires à qui Hosni Moubarak a transmis le pouvoir sous la pression de la rue.
Washington, ainsi que d’autres pays occidentaux, a déploré en plusieurs occasions la répression violente de manifestations ou le maintien d’une législation répressive héritée de l’ancien régime.
Le Réseau arabe pour l’information sur les droits de l’Homme, basé au Caire, a dénoncé une campagne destinée à « intimider les défenseurs des droits » de la personne. « Le régime de Moubarak lui-même n’avait pas osé se livrer à de telles pratiques », poursuit cette association dans un communiqué.
L’opposant Mohamed ElBaradei, candidat potentiel à la présidentielle, a déclaré sur le réseau twitter que « les organisations de défense des droits sont les gardiennes de la liberté qui émerge, et les efforts pour les étouffer vont certainement tourner court ».
Ces perquisitions surviennent alors que le pays est engagé dans des élections législatives, qui ont débuté fin novembre pour plusieurs mois et se traduisent par une forte domination des islamistes.
Le centre du Caire a également connu ces dernières semaines de manifestations contre le pouvoir militaire, objet d’une répression meurtrière par l’armée.
AFP