
Au terme de ce deuxième voyage en Afrique en six ans et demi de pontificat (Cameroun et Angola en 2009), Benoît XVI a déclaré avoir « une estime et une affection particulières » pour ce continent, « une terre d’espérance » selon lui.
Dans la matinée, il a célébré deux heures durant une messe devant plus de 50.000 personnes au « stade de l’amitié » de Cotonou, tandis que 30.000 autres ont suivi la célébration sur des écrans géants, selon les chiffres du Vatican.
A son arrivée en papamobile, le pontife, 84 ans, a fait un tour de piste sous les vivats et été acclamé quand il a pris dans ses bras un très jeune enfant.
Peu avant, à chaque apparition du soleil entre les nuages, la foule applaudissait, lançant des « Jésus! », « Merci Seigneur ». « Je vois le Christ à l’intérieur même du soleil! », s’était enthousiasmée Francine Bodjrenou, fidèle de 43 ans.

Dans son homélie, il a invité les Africains à ne pas idolâtrer le pouvoir et l’argent. Il a prôné la générosité envers « ceux qui sont mis de côté » et s’est adressé à « toutes les personnes qui souffrent, aux malades, à ceux qui sont touchés par le sida et par d’autres maladies, à tous les oubliés de la société ».
Lors de la prière de l’Angélus, il a confié une mission aux croyants d’Afrique: « alors que tant de familles sont séparées, exilées, endeuillées par des conflits sans fin, soyez les artisans de la réconciliation et de l’espérance ».

Le pape a signé samedi à Ouidah (40 km à l’ouest de Cotonou), coeur du vaudou et haut lieu du catholicisme béninois, l' »exhortation apostolique » issue de cette réunion.
Il a remis dimanche cette feuille de route pour l’Eglise catholique africaine pour les prochaines décennies à des évêques venus de tout le continent.
Il demande dans ce texte de 135 pages aux catholiques de se positionner fermement sur la réconciliation, la défense de la famille et la bonne gouvernance.
Sur la question sensible du sida, sur laquelle il était attendu, il se limite à y affirmer que le problème exige « une réponse médicale et pharmaceutique » mais est « avant tout éthique ».

Le continent connaît la plus forte croissance du nombre de catholiques mais les églises évangéliques y sont en plein essor et font concurrence à l’Eglise catholique de Rome.
La messe, qui a fait entendre aussi les principales langues du Bénin (fongbé, mina, bariba), s’est achevée dans une ambiance de fête au son d’une chorale.
Une bonne soeur esquissait quelques pas de danse, tout sourire, tandis que de nombreux fidèles ont quitté le stade en dansant.
Samedi au palais présidentiel, Benoît XVI avait dénoncé la corruption, mis en garde contre la « revanche », « parfois violente », des peuples et appelé les responsables africains à ne pas priver leurs populations de « l’espérance ».
Le pape semblait avoir bien résisté à la chaleur humide et paraissait revigoré par l’accueil chaleureux qui lui a été réservé.