vendredi, décembre 27, 2024
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Le dalaï lama évoque par vidéotransmission "la censure immorale" en Chine

Le dalaï lama évoque par vidéotransmission
Une chaise vide mais une parole forte et pleine d’humour: le dalaï lama, invité d’honneur de son aîné et grand ami, l’archevêque Desmond Tutu, a discuté samedi par vidéo avec l’Afrique du Sud, évoquant notamment la « censure immorale » en Chine. Empêché de venir par les autorités de Pretoria, qui ne lui ont pas délivré à temps son visa, le dalaï lama a quand même franchi virtuellement les 23.000 kilomètres séparant sa résidence en exil de Dharamsala en Inde de la ville du Cap.
Et visiblement inspiré par la bonne humeur légendaire de Desmond Tutu, membre comme lui du petit club des prix Nobel de la paix, Tutu depuis 1984 et lui-même depuis 1989, le dalaï lama s’est moqué des autorités chinoises qui voient en lui « un démon », mimant avec ses mains une paire de cornes au-dessus de sa tête.
« Certains responsables chinois me décrivent comme un démon et éprouvent naturellement une certaine crainte du démon. Au début, ça me blessait. Maintenant, j’ai envie de rire et je vous le dis immédiatement oui, j’ai des cornes », a-t-il plaisanté, en joignant le geste à la parole.
Le dalaï lama aurait dû être présent à l’Université du Cap oriental (UWC) dans le cadre des festivités prévues pour les 80 ans de Tutu. Mais le gouvernement du président Jacob Zuma est accusé d’avoir cédé, comme en 2009, aux pressions de la Chine, partenaire diplomatique et économique important.
L’absence du dalaï lama, qui a pris date samedi pour les 90 ans de Tutu, a déclenché une avalanche de critiques en Afrique du Sud et la sainte colère de l’archevêque. Toujours aussi combatif, ce dernier a menacé le gouvernement sud-africain des foudres de l’opinion, disant qu’il était « pire que l’apartheid ».
Dans sa conférence, le dalaï lama a estimé que « la Chine avait clairement le potentiel pour jouer un rôle constructif sur la planète ».
« Le respect, la confiance du reste du monde est vraiment nécessaire. Pour cette raison, la transparence est tout à fait essentielle », a-t-il ajouté.
Il a déploré « l’hypocrisie » devenue un élément du « système communiste totalitaire »: « je dit souvent à Tutu que les 1,3 milliard de Chinois devraient avoir le droit de savoir, de juger ce qui est vrai ou faux, c’est pourquoi, la censure est immorale ».
Décrivant le siècle passé comme un siècle de violence, il a insisté sur les valeurs de l’amour et de la compassion. « Ce siècle (qui a commencé) doit être celui du dialogue », a-t-il plaidé.
Dans le livre portrait paru cette semaine sur Desmond Tutu, le dalaï lama souligne ses liens avec l’archevêque sud-africain, de quatre ans son aîné et qu’il appelle « son frère aîné spirituel ».
En direct depuis Dharamsala, il lui a chaleureusement souhaité « longue vie ».
« Je me réjouis d’avance de fêter tes 90 ans. N’oublie pas de m’inviter. Comme ça, on pourra tester ton gouvernement! », a-t-il lancé.
Dans le livre, il raconte aussi comment lors des rencontres entre Nobel de la paix, Tutu et lui passent leur temps à se taquiner.
« Je pense que les Chinois vont essayer de dire que l’archevêque Tutu est l’instrument des forces occidentales anti-chinoises », ironise-t-il dans l’ouvrage, ajoutant que si Pékin peut « facilement » balayer les déclarations européennes sur son propre compte, en décrétant qu’elles sont « l’expression des forces occidentales impérialistes et anti-chinoises », « il est difficile de le dire quand c’est lui (Tutu) qui parle d’une voix forte ».
La « conférence internationale pour la paix Desmond Tutu » doit avoir lieu chaque année « pour tenter d’identifier activement » des personnalités méritantes et « propager et perpétuer les valeurs » de ce héros du combat contre l’apartheid, selon le centre qui porte son nom.

DIASPORAS-NEWS — AFP

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