Les attaques meurtrières ont suscité les condamnations unanimes, y compris celles du pape Benoît XVI et de la Ligue arabe, cette dernière appelant le pouvoir de Damas, pour la première fois depuis le début du mouvement de contestation le 15 mars, à "cesser immédiatement les violences.
Dimanche, l’armée a une nouvelle fois choisi l’option sécuritaire pour mater la contestation, en envoyant les chars à l’assaut de Deir Ezzor tuant 42 civils, puis de Houlé dans la province de Homs (centre) où au moins dix civils ont été tués, selon le chef de la Ligue syrienne des droits de l’Homme.
"Des milliers de personnes ont fui Deir Ezzor depuis le matin vers Hassaké" plus au nord, a ajouté Abdel Karim Rihaou.
A Houlé, environ 25 chars et transports de troupes sont entrés dans la ville dimanche matin et ont procédé à des opérations militaires, selon M. Rihaoui.
La télévision publique a pour sa part démenti l’entrée de chars à Deir Ezzor, situé à 430 km au nord-est de Damas. "Aucun char n’y est entré, mais des divisions de l’armée ont levé des barrages érigés par les groupes terroristes, aux entrées de cette ville", a-t-elle affirmé.
Elle a montré par ailleurs "une grande quantité d’armes et de munitions" saisies selon elle dans un camion intercepté à la frontière libanaise, dans le gouvernorat de Homs.
Cette ville, la troisième de Syrie, située à 160 km au nord de Damas, a été à la pointe de la révolte antigouvernementale. L’armée y a été dépêchée il y a deux mois pour tenter de faire taire les manifestants.
Les militants, qui manifestent habituellement à la sortie de la prière musulmane du vendredi, ont promis de faire de "chaque jour un vendredi" pendant le ramadan, organisant des défilés nocturnes après la prière quotidienne des Tarawih.
Samedi soir, ils sont descendus dans les rues de Lattaquié (est), Deir Ezzor, Homs, Al-Rastan (centre), Saraqeb (nord-ouest), et Deraa (sud) où est née la révolte contre le régime du président Assad.
Dans plusieurs quartiers de Damas, les forces de sécurité ont tiré à balles réelles pour disperser les manifestations, tandis que deux personnes ont succombé dimanche à leurs blessures après avoir été touchées par des tirs des forces de sécurité lors de manifestations massives samedi soir à Idleb (nord-ouest), ont indiqué des militants.
Les appels se sont multipliés ces derniers jours pour que le régime mette un terme au bain de sang mais le président syrien semblait y rester sourd.
Dimanche, il a justifié son action lors d’un entretien avec le ministre libanais des Affaires étrangères Adnane Mansour, selon l’agence officielle Sana.
"Agir face aux hors-la-loi qui coupent les routes, ferment les villes et terrorisent la population est une obligation pour l’Etat qui doit défendre la sécurité et protéger la vie des citoyens", a-t-il déclaré.
Il a d’autre part assuré que la Syrie "avançait sur la voie des réformes", au lendemain de la promesse par le ministre des Affaires étrangères Walid Mouallem de la tenue d’élections législatives "libres et transparentes" avant la fin de l’année.
La veille, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon avait exhorté M. Assad à mettre fin à la répression meurtrière au cours d’un entretien téléphonique, le premier depuis avril.
Il s’est toutefois gardé de demander le départ du dirigeant syrien comme l’exigent les manifestants syriens depuis près de cinq mois.
A Castelgandolfo, près de Rome, le pape Benoît XVI a lancé des appels pressants lors de l’Angelus aux autorités syriennes pour "répondre aux aspirations légitimes" de la population, se disant "vivement préoccupé" par "les épisodes dramatiques et croissants de violence en Syrie".
De leur côté, Washington, Paris et Berlin envisageaient samedi de nouvelles mesures contre Damas, tandis que les monarchies du Golfe ont réclamé la fin de l’"effusion de sang".
Ankara, "à bout de patience", va pour sa part envoyer son chef de la diplomatie Ahmet Davutoglu mardi en Syrie pour transmettre "avec détermination" au régime de Damas les "messages" de la Turquie "face à la violence de la répression", selon le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan.
Selon l’OSDH, au moins 2.059 personnes, dont 391 militaires et agents de sécurité, ont trouvé la mort en Syrie depuis le 15 mars.
Diasporas-News — AFP