Charles Graner, 42 ans, a été libéré de la prison militaire de Fort Leavenworth, au Kansas (centre des Etats-Unis), après avoir purgé 6,5 des dix années d’emprionnement auxquelles il avait été condamné en janvier 2005, a indiqué la porte-parole de l’armée Rebecca Steed. Il est placé sous contrôle judiciaire jusqu’au 25 décembre 2014.
Alors caporal de réserve, Charles Graner était le meneur d’un groupe de six gardiens accusés en 2004 d’avoir commis des abus sur les détenus de la prison d’Abou Ghraïb, près de Bagdad. Les photos à l’origine du scandale avaient déclenché une vague de protestations internationales.
Charles Graner avait écopé de la peine de prison la plus lourde. Sa compagne de l’époque, Lynndie England, devenue le symbole du scandale d’Abou Ghraïb, avait, elle, été condamnée à trois ans de prison.
A Bagdad, l’annonce de la libération de Charles Graner a suscité des réactions d’indignation chez des habitants interrogés par l’AFP.
"Pourquoi l’ont-ils relâché ? Le criminel devrait être puni" quelle que soit sa nationalité, a réagi Reem Hadi.
"C’est une décision injuste", a également estimé Wael Safah Jassem, un gérant de boutique de 23 ans. "Toute personne ayant commis de tels crimes ne devrait pas être libérée" aussi facilement, a-t-il dit.
Anwar Hamoud, un employé du gouvernement de 41 ans, s’est montré encore plus direct: "Le criminel qui a été libéré (…) devrait être amené devant une cour irakienne pour être jugé", a-t-il dit. Et d’ajouter: "Il devrait être exécuté pour son crime à Abou Ghraïb".
Beaucoup d’Irakiens estiment en outre que les soldats américains en Irak, qui bénéficient de l’impunité vis-à-vis du droit irakien depuis l’invasion américaine de 2003, devraient se voir retirer ce privilège à l’avenir, s’il est décidé qu’un contingent limité reste dans le pays au-delà de la date-butoir de fin 2011. Les responsables américains insistent au contraire pour que cette immunité soit maintenue.
Les dirigeants irakiens ont accepté cette semaine d’ouvrir des négociations avec Washington sur un éventuel maintien de troupes américaines afin de former l’armée irakienne, alors que l’accord de sécurité signé en novembre 2008 prévoit leur départ à la fin de l’année.
Aucune décision n’a encore été prise, ni sur le principe, ni sur les conditions dans lesquelles la présence américaine pourrait être organisée.
Diasporas-News — AFP