"C’est une chose d’obtenir l’indépendance, mais c’en est une autre d’aller de l’avant ensemble pour mettre en place un pays qui fonctionne", a ainsi confié dimanche à l’AFP Julius Moilinga, un député du Sud-Soudan, à Juba, la capitale.
Le Sud, dont le territoire occupe presque un quart de la superficie de l’ancien Soudan, et dont la majorité des plus de 8,5 millions d’habitants est chrétienne, s’est séparé du Nord musulman après un demi-siècle de guerre -entrecoupée par une période d’accalmie de quelques années- entre les rebelles sudistes et Khartoum.
L’indépendance a été proclamée samedi par le chef du Parlement sud-soudanais, James Wanni Igga, pendant une cérémonie à Juba, devant des dizaines de milliers de sudistes en liesse et un parterre de dirigeants étrangers, dont le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon.
La communauté internationale, Etats-Unis, Chine, Russie, Union européenne et ses Etats membres en tête, qui a rapidement reconnu ce nouveau pays africain ravagé par des combats ayant fait des millions de morts, l’a aussitôt assuré de son soutien.
La province d’Abyei est en outre revendiquée à la fois par le Nord et le Sud-Soudan. Les troupes de Khartoum ont occupé Abyei le 21 mai et plus de 100.000 personnes ont depuis fui vers le Sud.
"Je m’engage devant vous aujourd’hui à ce que nous trouvions une paix juste et durable pour tous", a à ce sujet martelé M. Kiir.
Le président du Soudan, Omar el-Béchir, également présent samedi à Juba, et dont le pays avait reconnu dès vendredi l’indépendance du Sud-Soudan, a à cet égard appelé à la paix et à des relations fraternelles entre le Sud et le Nord : "Il est de notre responsabilité commune de bâtir (une relation de) confiance" qui permettra de régler les "questions en suspens", a-t-il dit, faisant allusion en particulier au partage des richesses pétrolières et au statut de provinces frontalières contestées.
De nombreux pays ont d’ores et déjà promis un soutien pour favoriser le décollage économique, et le président de la Russie Dmitri Medvedev a évoqué l’"intérêt" du "monde russe des affaires" pour les ressources naturelles de ce nouvel Etat.
Aujourd’hui, le budget du Sud-Soudan dépend à 98% du pétrole, dont la production devrait diminuer dans les décennies à venir, avertissent les experts.
Le Sud-Soudan a dès lors l’ambition de notamment devenir une destination de référence pour amateurs de safaris, avec sa riche faune et ses régions sauvages, bien que les violences embrasant régulièrement la région ne permettent pas d’envisager à court terme une grande industrie touristique.
Diasporas-News — AFP