Les groupes miniers étrangers qui envisagent de s’implanter en Erythrée risquent d’être mêlés à des pratiques de travail forcé, met en garde Human Rights Watch (HRW) dans un communiqué publié mardi.
« Les groupes miniers travaillant en Erythrée risquent d’être impliqués dans les pratiques, répandues, de travail forcé du gouvernement, » avertit HRW.
L’Erythrée, l’un des pays les plus fermés de la planète, est riche en ressources minières, notamment en or, argent, cuivre et zinc. Le régime d’Asmara a notamment mis en place un service militaire obligatoire qui se transforme parfois en travail forcé.
HRW accuse nommément l’entreprise canadienne Nevsun, la première entreprise étrangère à exploiter une mine en Erythrée, de ne pas avoir pris suffisamment de précautions pour s’assurer que ses employés n’en soient pas victimes.
Nevsun travaille en Erythrée avec une compagnie locale, Segen, que HRW accuse elle-même d’abus répétés. Nevsun assure pour sa part avoir revu sa procédure d’embauche, qui garantit désormais, dit-elle, que tous ses employés sont volontaires.
La mine d’or exploitée par l’entreprise canadienne a ouvert en 2011 et a produit pour 614 millions de dollars (460 M EUR) la première année de son exploitation, toujours selon HRW.
« Si les compagnies minières se mettent à travailler en Erythrée, il faut qu’elle soient absolument en mesure de garantir des conditions de travail humaines, » souligne Chris Albin-Lackey, chercheur pour l’organisation de défense des droits de l’Homme basée aux Etats-Unis.
Plusieurs autres groupes miniers, australiens et chinois notamment, ont des visées sur le marché érythréen, pourtant traditionnellement fermé aux investissements étrangers et qui donne lieu à peu de commerce extérieur.
Selon l’ONU, des milliers d’Erythréens fuient tous les mois le pays et l’enrôlement forcé dans l’armée. Ils se réfugient dans des pays voisins d’Afrique de l’Est et du Moyen Orient, souvent illégalement.
Le gouvernement érythréen n’était pas joignable dans l’immédiat pour commenter la mise en garde de HRW.
AFP