L’armée algérienne a donné l’assaut jeudi contre le complexe gazier dans le désert du Sahara où des centaines de personnes étaient retenues par un commando jihadiste, libérant quelque 600 Algériens selon l’agence de presse algérienne, mais faisant une cinquantaine de morts dont une majorité d’otages, selon un islamiste.
Ces bilans n’ont pas été confirmées de source indépendante mais Paris, Olso et Londres ont confirmé qu’une opération était en cours.
D’autre part, selon l’agence algérienne APS, quatre otages – un Français, deux Britanniques et un Kényan- ont été libérés lors de l’opération contre les islamistes qui réclament la fin de l’intervention militaire française au Mali. Le commando islamiste détenait quelque 40 étrangers depuis plus de 24 heures.
L’APS a également annoncé la libération de 600 otages algériens.
Sept étrangers étaient toujours en vie après le raid qui a couté à la vie à 34 autres otages mais leur survie est compromise par la poursuite de l’assaut, a dit un porte-parole du groupe lié à Al-Qaida auteur du rapt, cité par l’agence mauritanienne ANI.
« Des avions de combat et des unités au sol ont entamé une tentative de prendre de force le complexe », a-t-il ajouté, menaçant de « tuer tous les otages » si les forces algériennes parviennent entrent dans le complexe gazier.
Le porte-parole des islamistes a affirmé qu’ils essayaient « de transporter une partie des otages vers un lieu plus sûr à bord de véhicules » lorsque l’armée algérienne les a bombardés, tuant 34 otages et 15 ravisseurs.
« Trois Belges, deux Américains, un Japonais et un Britannique ont survécu », a-t-il ajouté.
Devant la « situation confuse » qui évolue « d’heure en heure », le président français François Hollande a dit faire « toute confiance aux autorités algériennes » pour gérer la crise.
Plus de 24 heures après le début de la prise d’otages, le nombre exact comme la nationalité des otages restaient à préciser: il y aurait plus d’une quarantaine d’Occidentaux, dont sept Américains, deux Britanniques, des Japonais, un Irlandais, un Norvégien, et au moins 150 Algériens.
Un ou des Français sont également prisonniers, selon le président Hollande, qui a refusé de donner d’autres précisions à ce sujet. Il y aurait également des Malaisiens et des Philippins.
Une trentaine d’Algériens ont réussi à s’échapper des environs du complexe, a annoncé jeudi la préfecture d’Illizi. D’autres Algériens avaient été libérés mercredi par petits groupes.
Quinze étrangers, dont un couple de Français, ont réussi à faire de même, selon la chaîne privée algérienne Ennahar.
Le site d’In Amenas, exploité par le groupe britannique BP, le norvégien Statoil et l’algérien Sonatrach est situé à 1.300 kilomètres au sud-est d’Alger, près de la frontière libyenne.
BP a annoncé jeudi qu’il était en train d’évacuer d’Algérie « un groupe de travailleurs non-essentiels » d’Algérie.
« Mister Marlboro »
Alger a exclu toute négociation avec les ravisseurs, qui ont assuré réagir « à la croisade menée par les forces françaises au Mali ». Un Britannique et un Algérien ont été tués mercredi dans l’attaque du site.
Les ravisseurs se présentent comme les « Signataires par le sang », nom de la katiba (unité combattante) de l’Algérien Mokhtar Belmokhtar, surnommé « le Borgne », ou encore « Mister Marlboro » pour ses supposés trafics de cigarettes, récemment destitué par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Les assaillants ont dit être venus du Mali, situé à plus de 1.200 km de là, mais le ministre algérien de l’Intérieur a affirmé qu’ils étaient venus de la région et sembleraient vouloir « sortir du pays avec des otages, ce qui ne saurait être accepté par les autorités algériennes ».
Une opération aussi complexe a de toute évidence été montée de longue date, bien avant l’intervention française au Mali, même si elle est présentée comme la première action de représailles à cet engagement, selon des experts.
Au Mali, Paris a annoncé renforcer son dispositif avec 1.400 militaires et des hélicoptères de combat.
Un nouvel accrochage a opposé dans la nuit des soldats français et maliens à des islamistes armés près de Konna (centre). La prise de la ville le 10 janvier par les jihadistes avait provoqué les premières frappes aériennes françaises, préludes à un engagement au sol.
Barbes rasées
Par ailleurs, plusieurs quartiers de Diabali (ouest), où des combats auraient opposé mercredi des membres des forces spéciales françaises à des islamistes, restaient encore aux mains des jihadistes, selon une source sécuritaire malienne.
Diabali – 400 km au nord de Bamako – a été prise lundi par les islamistes, qui y seraient dirigés par l’Algérien Abou Zeid, un des chefs d’Aqmi.
La localité a été bombardée par l’aviation française, mais les islamistes ne l’ont pas totalement quittée.
« Ils ont rasé leur barbe. Ils se déguisent, tentent de se fondre dans la population », a témoigné le capitaine malien Cheickné Konaté.
A Bamako, l’arrivée d’un premier contingent nigérian de la force d’intervention ouest-africaine au Mali, la Misma, est attendue jeudi. Quelque 2.000 soldats de la Misma doivent être déployés d’ici le 26 janvier à Bamako.
Un premier contingent de 200 hommes des forces spéciales tchadiennes, sur les 2.000 hommes promis par N’Djamena, est arrivé mercredi soir à Niamey, où ils devaient être rejoints par des militaires burkinabè et nigériens.
Une réunion des donateurs destinée à soutenir le déploiement de la Misma se tiendra le 29 janvier à Addis Abeba, après un sommet de l’Union africaine.
AFP