jeudi, décembre 26, 2024
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Au Sahel, la lutte contre le terrorisme "sera longue"

Au Sahel, la lutte contre le terrorisme
Pour éradiquer la menace terroriste au Sahel, les Européens doivent s’investir sur le long terme et engager une « stratégie globale » mêlant l’action militaire à la reconstruction d’un Etat de droit et au développement politique et social des populations, prévient Gilles de Kerchove, le coordinateur européen de la lutte contre le terrorisme.
« La fin des opérations militaires ne sera pas la fin de l’histoire. Loin de là, car la tâche est immense », estime M. de Kerchove dans un entretien à l’AFP. « C’est le type de défi que peut relever l’Union européenne, qui peut mobiliser d’importants moyens à la fois dans la sécurité et dans le développement ».
Le « Monsieur anti-terrorisme » de Bruxelles depuis 2007 souligne que les 27 pays membres de l’UE ont désormais « saisi l’importance » de ce dossier. « Il y a trois quatre ans, le Mali était une préoccupation de la France et de l’Espagne, pour des raisons historiques et géographiques. Le Pakistan inquiétait davantage le Royaume-Uni, l’ancienne puissance coloniale, que les autres pays européens. Il a fallu du temps pour que les 27 acceptent que ce qui se passait au Sahel était important pour la sécurité du continent tout entier », explique-t-il.
M. de Kerchove, qui est également universitaire belge, se déclare « extrêmement surpris » que « certains affirment que l’Europe ne fait rien sur ce dossier ». « Sur les plans humanitaire, du développement, de la prévention anti-terroriste, la machine bruxelloise est bien présente » au Sahel.
« L’UE crée un cadre et mobilise l’argent, mais dépend des ressources mises à disposition par les Etats membres. Lorsqu’on a besoin d’un policier, d’un juge ou d’un expert, il faut espérer que l’Espagne, les Pays-Bas ou n’importe quel autre pays le mette à disposition. Ce n’est pas toujours évident », surtout dans un contexte de restrictions budgétaires tous azimuts, explique-t-il.
« Entre 500 et 1.000 » jihadistes

Au Sahel, la lutte contre le terrorisme
L’accélération de la crise malienne, provoquée par l’intervention de l’armée française, oblige les Européens à « amplifier » les programmes en cours, en particulier pour « renforcer la dimension sécuritaire civile ». « Il faut une police, une gendarmerie et une justice mieux armées contre le terrorisme ».
La professionnalisation des personnels sera menée à bien par le Collège sahélien de sécurité, créé en 2012 pour que des experts européens forment des policiers et magistrats locaux. « Il est essentiel de favoriser la coopération au niveau régional, non seulement entre le Mali, le Niger et la Mauritanie, mais aussi avec les pays voisins comme le Nigeria et le Sénégal », précise le haut fonctionnaire européen.
« A l’origine, le mouvement Aqmi était composé de cadres algériens. Il recrute aujourd’hui de plus en plus localement. Pour sa part, le Mujao comprend de nombreux Mauritaniens, ainsi que des Nigériens et des Sénégalais », souligne-t-il. Il faut ainsi être très attentifs à « ce qui se passe dans les camps de réfugiés en Mauritanie, qui sont devenus des pépinières potentielles de radicaux. Car les jeunes qui y sont n’ont rien à faire ».
La situation est également « préoccupante » dans le nord du Nigeria, où est actif le mouvement extrémiste Boko Haram et où le réservoir potentiel de radicaux est « colossal », selon lui.
Les services de renseignement évaluent « entre 500 et 1.000 environ » le nombre de djihadistes présents au Sahel. « On estime qu’un tiers d’entre eux sont réellement motivés idéologiquement et prêts à mourir », le reste étant composé de personnes ayant « rejoint les groupes pour d’autres raisons, financières ou locales », indique M. de Kerchove. Les opérations militaires en cours visent à « amener ces deux tiers à revenir à leurs activités antérieures » afin d’isoler le « noyau » de djihadistes les plus déterminés, précise-t-il.
Pour le coordinateur anti-terroriste, il est par ailleurs essentiel « d’accompagner les actions militaires » d’opérations civiles afin d’assurer la sécurité dans les grandes villes du nord du Mali comme Gao et Tombouctou, occupées par les groupes radicaux. « Il faut que la population puisse tout de suite voir la différence dans sa vie quotidienne (…) Ce n’est pas facile à organiser mais l’UE est dotée des moyens adéquats », affirme M. de Kerchove. 

AFP 

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