Un vol de câbles sur des voies ferrées est probablement à l’origine d’une collision entre deux trains de banlieue de Pretoria, qui a fait plus de 200 blessés jeudi matin, dont de nombreux enfants qui partaient à l’école.
Quelques heures après l’accident, survenu à l’heure de pointe peu après 07h00 (05h00 GMT), les autorités sud-africaines ont fait état d’un bilan de 19 blessés graves, dont deux dans un état critique, et de plus de 200 blessés légers.
Un train circulant en direction de Pretoria a percuté par l’arrière un convoi à l’arrêt en gare.
« La plupart des victimes sont des adultes, mais il y avait pas mal d’enfants. Nous avons compté au moins cinquante enfants » parmi les blessés, a indiqué à l’AFP Johan Pieterse, un responsable des services d’urgence.
« Les deux trains étaient pleins de gens qui partaient au travail, et il y avait beaucoup d’enfants qui allaient à l’école parmi eux. La plupart des enfants ont été transportés vers l’hôpital pour observation », a-t-il poursuivi.
Le conducteur du deuxième train était resté prisonnier de la carcasse de sa locomotive et les secours ont dû découper les taules pour l’évacuer.
La cause première du drame, selon Mosenngwa Mofi, Pdg de Prasa Rail, la société qui gère les trains de passagers en Afrique du Sud, est un vol de 25 mètres de câble découvert jeudi matin, qui a obligé les contrôleurs à passer en mode manuel, c’est à dire à signaler eux-mêmes aux conducteurs de trains si la voie est libre ou non.
Interrogé sur une possible erreur humaine, M. Mofi a répondu: « Ce qui a pu provoquer directement l’accident fait encore l’objet d’une enquête (…) mais le vol de câble est à la racine de l’accident ».
« Le problème des vols de câbles est un vrai cauchemar, nous y sommes confrontés quotidiennement, et cela a un impact direct sur notre capacité à gérer le réseau efficacement », a déploré M. Mofi, affirmant que 2.000 vols étaient enregistrés chaque année en moyenne.
Comme du bétail
Il a par ailleurs évoqué la possibilité que l’accident ait un lien avec une grève en cours des personnels de la société. « Pendant la grève, il y a eu de graves actes de sabotage, dont un câble sectionné la semaine dernière. Il pourrait y avoir un lien entre la grève et l’accident ».
Le ministre des Transports Ben Martins a été plus catégorique encore: « Nous sommes en discussion avec le ministère de la Justice et la police. La question du vol de câble était jusqu’à présent traitée comme un vol de cuivre. Mais ce matin (…) les conséquences auraient pu être fatales pour de nombreux Sud-Africains. Il est temps de requalifier le vol de câble en tentative d’homicide ou en meurtre », a-t-il dit à la presse.
Le réseau câblé « est tellement étendu et a été posé il y a des années. Nous cherchons des techniques qui nous permettent de remplacer le cuivre par d’autres technologies », a ajouté le ministre.
Pretoria et Johannesburg, distantes d’une soixantaine de kilomètres, sont desservies par un réseau très ancien et souvent vétuste de trains de banlieue, bondés aux heures de pointe le matin et le soir.
La ligne sur laquelle l’accident s’est produit transporte 20.000 passagers par jour, et le réseau Johannesburg-Pretoria plus d’un million.
Début décembre, le gouvernement a annoncé un vaste plan de renouvellement des trains de banlieue, signant notamment un contrat de 4,5 milliards de dollars avec le groupe français Alstom. Le nouveau matériel devrait entrer en circulation à partir de 2015.
« La majorité de nos banlieusards voyagent toujours comme du bétail dans nos trains », avait lancé le directeur général de Prasa, lors de l’annonce de la signature du contrat.
Plus de 90% des trains de banlieue sud-africains ont plus de cinquante ans, les plus récents datant de 1986. Leur état de déliquescence est tel qu’ils tombent souvent en panne entre deux gares, il faudrait remplacer une bonne partie des voies et le système de signalisation est obsolète.
AFP